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Indicateurs du marché du travail 2024
La publication «Indicateurs du marché du travail» fournit des repères parmi la vaste gamme des données sur l’emploi. L’information y est structurée de manière à procurer une vue d’ensemble du marché suisse du travail et des statistiques qui s’y rapportent. Parmi les domaines traités figurent l’emploi, le temps de travail, le chômage, les postes vacants, les aspects dynamiques du marché du travail, ainsi que la structure et les tendances des salaires.
Celle-ci se compose de trois sous-publications. Le présent document commente les résultats des indicateurs du marché du travail pour la période 2018–2023 et les perspectives pour l’année 2024. Les documents «Définitions» et «Sources statistiques», publiés en complément, offrent respectivement un aperçu global des définitions utilisées dans les statistiques du marché du travail et les aspects méthodologiques des différentes sources de données.
Abréviation dans les graphiques
AELE Association européenne de libre-échange
BIT Bureau international du travail
CHOM-BIT Statistique du chômage au sens du BIT
CMT Comptes globaux du marché du travail
ESPA Enquête suisse sur la population active
EUROSTAT Office statistique de l’Union européenne
EAS Enquête sur les accords salariaux
ESS Enquête suisse sur la structure des salaires
ISS Indice suisse des salaires
PIB Produit intérieur brut
SECO Secrétariat d’État à l’économie
SPAO Statistique de la population active occupée
STATEM Statistique de l’emploi
SVOLTA Statistique du volume du travail
UE Union Européenne
2018–2023: principales évolutions sur le marché suisse du travail
Le marché du travail suisse avait connu une baisse du chômage entre 2021 et 2022. La situation a toutefois changé en 2023. Du quatrième trimestre 2022 au quatrième trimestre 2023, le nombre de personnes au chômage au sens du BIT (Bureau international du travail) ainsi que le nombre de personnes inscrites auprès d’un office régional de placement (ORP; chômage selon le SECO) ont augmenté tandis que le nombre de places vacantes a diminué. Néanmoins, en comparaison avec le quatrième trimestre 2018, le taux de chômage au sens du BIT de même que le taux de personnes inscrites au chômage étaient inférieurs. Durant la même période, le nombre de personnes actives occupées en Suisse a augmenté.
Croissance économique modérée
Avant la pandémie de COVID-19, la croissance du produit intérieur brut (PIB) suisse était de 1,7% entre le quatrième trimestre 2018 et le quatrième trimestre 2019. Il a ensuite fluctué de manière importante au cours de l’année 2020 avec des pics à –6,6% et +6,9%. Au quatrième trimestre 2020, l’évolution annuelle était négative (–1,2% par rapport à 2019). L’activité économique suisse est ensuite repartie à la hausse de sorte qu’entre le quatrième trimestre 2020 et le quatrième trimestre 2021 le PIB affichait une croissance de 5,3%. En 2022 et 2023, l’activité économique a continué de croître, mais avec une intensité plus faible (respectivement +1,2% et +0,7% de croissance annuelle).
Hausse du nombre d’emplois
Selon la statistique de la population active occupée (SPAO), qui repose sur l’enquête suisse sur la population active (ESPA), le nombre d’actifs occupés a augmenté de 5,0% entre le quatrième trimestre 2018 et le quatrième trimestre 2023, passant de 5,1 millions à 5,4 millions de personnes. La statistique de l’emploi (STATEM), qui est basée sur une enquête auprès des entreprises des secteurs secondaire et tertiaire, faisait parallèlement état d’une hausse du nombre d’emplois de 8,1%, passant de 5,1 millions à 5,5 millions. Tant la SPAO que la STATEM ont été impactées par la pandémie de COVID-19 avec un recul de 0,3% pour la première tandis que la seconde est restée inchangée entre les quatrième trimestres 2019 et 2020. Toutes les deux ont ensuite retrouvé une évolution annuelle positive à partir de 2021 (+1,6% et +2,4% entre le quatrième trimestre 2020 et le quatrième trimestre 2021). Entre le quatrième trimestre 2022 et le quatrième trimestre 2023, le nombre d'actifs occupés a crû de 1,9%, le nombre d'emploi de 1,7%.

Baisse du chômage
Considéré sur cinq ans, tant le taux de chômage au sens du BIT que le taux de chômeurs inscrits (dans un office régional de placement ORP) ont diminué, passant respectivement de 4,6% à 4,0% et de 2,4% à 2,1% entre les quatrièmes trimestres 2018 et 2023. La différence relativement importante entre ces deux taux s’explique par le fait que le premier tient également compte des personnes en recherche d’emploi qui ne sont pas inscrites dans un ORP.
Concernant le chômage partiel, quelques 1473 personnes travaillaient selon un horaire réduit à la fin de l’année 2018 contre 4896 en 2023. Après la forte croissance engendrée par la pandémie qui allait jusqu’à atteindre 1,3 millions de personnes au mois d’avril 2020, le nombre de personnes au chômage partiel n’a ensuite cessé de diminuer pour retomber à 2848 en avril 2023.
Diminution du nombre de places vacantes
Selon la STATEM, le nombre de places vacantes disponibles au quatrième trimestre 2023 était de 46,0% supérieur à celui enregistré cinq années plus tôt. Celui-ci avait varié de manière marquée durant la pandémie (–18,6% au quatrième trimestre 2020 par rapport au trimestre correspondant de l’année précédente, puis +54,7% une année plus tard). Il a ensuite continué de croître mais dans des proportions plus faibles (+18,1% entre le quatrième trimestre 2021 et le quatrième trimestre 2022). En 2023, le nombre de place vacantes a toutefois reculé: il y en avait 122 000 fin 2022 contre 111 000 fin 2023.

40,0% des établissements (pondérés selon le nombre d’emplois) ont indiqué des difficultés de recrutement de main d’œuvre qualifiée au quatrième trimestre 2023 (–0,7 point de pourcentage par rapport au quatrième trimestre 2022). Depuis le premier trimestre 2022, cette part est restée relativement stable (38,6%), mais elle se situait à un niveau plus élevé que celui observé durant la pandémie COVID (28,0% au quatrième trimestre 2020). Avec la reprise économique, le nombre d’entreprises déclarant rencontrer des difficultés a augmenté: elles étaient 36,0% fin 2021 contre 40,7% fin 2022. La comparaison sur ces cinq dernières années révèle également que les entreprises ont davantage de peine à trouver le personnel adéquat (+6,7 points de pourcentage entre le quatrième trimestre 2018 et le quatrième trimestre 2023).
Croissance des salaires nominaux et baisse des salaires réels
En 2023, les salaires nominaux ont affiché une hausse moyenne de 1,7% par rapport à l’année précédente. En termes réels, avec le maintien d’un niveau d’inflation élevé en 2023 à 2,1%, le pouvoir d’achat des salaires dans l’ensemble de l’économie a diminué de 0,4%. Après avoir connu une augmentation de 1,5% en 2020, le pouvoir d’achat des salaires a diminué successivement de 0,8% en 2021 et de 1,9% en 2022. C’est la dix-septième fois depuis la création de l’indice suisse des salaires en 1942 que le pouvoir d’achat des salaires baisse. Sur les cinq dernières années, de 2019 à 2023, le rythme annuel moyen de progression des salaires réels, pour l’ensemble des personnes salariées, a été de –0,2%. Sur cette période, les salaires des hommes ont baissé de 0,3% tandis que les salaires des femmes n’ont pas évolué. La progression plus soutenue de l’indice des salaires des femmes s’inscrit dans une tendance de long terme. Les salaires des femmes se sont rapprochés de ceux des hommes (écart de 23,7% en 1994 vs. 9,5% en 2022 sur la médiane des salaires), mais l’inégalité salariale entre hommes et femmes persiste.

2018–2023: la situation des hommes et des femmes sur le marché du travail
Entre 2018 et 2023, la proportion des femmes participant au marché du travail a légèrement augmenté. Les femmes restent cependant nettement plus nombreuses que les hommes à exercer une activité professionnelle à temps partiel (2023: 58,4% contre 20,6%). Considéré sur une période de cinq ans, le taux de chômage BIT a reculé tant chez les hommes (–0,3 point de pourcentage, pour atteindre 3,8%) que chez les femmes (–0,9 point de pourcentage, pour atteindre 4,2%). Une comparaison des salaires médians dans l’économie totale en équivalents plein temps révèle que l’écart salarial entre les femmes et les hommes s’élève à 9,5% en 2022, et que seule une partie de cette différence s’explique par des critères objectifs.
Le temps partiel progresse chez les hommes
Le temps partiel est nettement plus répandu chez les femmes que chez les hommes. Au quatrième trimestre 2023, 58,4% des femmes actives occupées travaillaient à temps partiel (autrement dit à un taux d’occupation inférieur à 90%), soit 1,0 point de pourcentage de moins qu’au quatrième trimestre 2018. Chez les hommes, ce taux a progressé de 3,1 points depuis fin 2018 pour se situer à 20,6%. La distribution inégale du temps partiel est une des raisons qui expliquent que la part des femmes au volume total des heures effectives de travail n’ait été que de 39,5% en 2023. Au quatrième trimestre 2023, on dénombrait 536 000 hommes travaillant à temps partiel contre 1,3 million de femmes.
Les femmes travaillent plus souvent dans le secteur des services que les hommes
Pour les deux sexes, le nombre de personnes actives occupées a suivi une évolution comparable dans les secteurs secondaire et tertiaire entre le quatrième trimestre 2018 et le quatrième trimestre 2023. Le nombre de femmes et d’hommes actifs occupés dans le secteur secondaire a augmenté de respectivement 2,4% et 1,2%. La croissance dans le secteur tertiaire est plus importante avec respectivement 7,3% et 6,1%. Proportionnellement, les femmes travaillaient bien plus fréquemment que les hommes dans le secteur des services au quatrième trimestre 2023 (88,4% de toutes les femmes actives occupées contre 68,5% pour les hommes). Seulement 10,3% des femmes travaillaient dans l’industrie et 1,4% dans l’agriculture. Pour les hommes, les taux correspondants étaient de 28,4% et 3,1%.

Léger accroissement de la part des femmes au sein de la population active
Entre le quatrième trimestre 2018 et le quatrième trimestre 2023, le nombre de personnes actives (les actifs occupés et les chômeurs selon le BIT, correspondent ensemble à l’offre de travail) a progressé de 2,9% chez les hommes (pour atteindre 2,7 millions) et de 3,7% chez les femmes (pour atteindre 2,4 millions). En cinq ans, la part de ces dernières dans la population active a ainsi légèrement augmenté (+0,2 point, pour atteindre 46,8%). Tant le nombre de femmes que d’hommes actifs occupés a progressé (+5,6% et +4,5%).

Baisse du taux de chômage pour les deux sexes
Entre le quatrième trimestre 2018 et le quatrième trimestre 2023, le taux de chômage au sens du BIT a reculé tant chez les femmes (de 5,1% à 4,2%) que chez les hommes (de 4,1% à 3,8%). Alors que les femmes ont été davantage impactées par la pandémie COVID (+1,3 point de pourcentage entre le quatrième trimestre 2019 et le quatrième trimestre 2020 pour atteindre 5,4% contre +0,8 point pour atteindre 4,5% chez les hommes), l’écart s’est ensuite dissipé au quatrième trimestre 2021 (–1,1 point chez les femmes contre –0,3 point chez les hommes) pour atteindre respectivement 4,3% et 4,2%.

Les inégalités salariales entre les femmes et les hommes diminuent progressivement
En 2022, le salaire mensuel brut médian standardisé des femmes dans l’économie totale se montait à 6397 francs et celui des hommes à 7066 francs. La différence salariale a diminué depuis 2016, passant de 12,0% à 11,5% en 2018, à 10,8% en 2020 et à 9,5% en 2022. Dans le secteur privé en 2022, les femmes ont gagné 11,7% de moins que les hommes (2020: 13,8%) alors que dans le secteur public cette différence globale était de 9,8% (2020: 10,5%).
Le graphique ci-dessous (G7) illustre la répartition des femmes et des hommes dans les différentes classes de salaires. La part des femmes dans les niveaux de salaires les moins élevés (inférieurs à 6000 francs) est plus importante que celle des hommes. À l’inverse, ces derniers sont plus représentés dans les salaires les plus élevés (supérieurs à 9000 francs).
Selon une analyse mandatée par l’Office fédéral de la statistique (OFS), 52,2% de la différence salariale (moyenne arithmétique) en 2020 dans l’économie totale peut s’expliquer par des facteurs objectifs comme le niveau hiérarchique, l’ancienneté ou la formation. 47,8% de l’écart salarial reste inexpliqué.

2018–2023: main-d’œuvre suisse et main-d’œuvre étrangère
Depuis 2001, la Suisse connaît une forte immigration de main-d’œuvre étrangère. De 2018 à 2023, le nombre de personnes actives de nationalité étrangère a fortement augmenté, tandis que celui des personnes actives de nationalité suisse n’a augmenté que faiblement. Sans les naturalisations, la différence serait encore plus marquée. Sur l’ensemble de la période sous revue, le taux de chômage au sens du BIT des étrangers était environ deux à trois fois plus élevé que celui des Suisses. Les salaires de ces derniers sont globalement plus élevés que ceux des travailleurs étrangers, sauf dans les postes à niveau de responsabilité élevé.

L’immigration de main-d’œuvre étrangère reste importante
Entre le quatrième trimestre 2018 et le quatrième trimestre 2023, le nombre de personnes actives de nationalité étrangère (étrangers actifs occupés et étrangers chômeurs au sens du BIT confondus) a progressé nettement plus (+10,7% à 1,9 million) que celui des personnes actives de nationalité suisse (+1,3% à 3,6 millions). La progression du nombre de travailleurs étrangers est le résultat d’une forte immigration: sur l’ensemble de la période 2018 à 2022 (cumul sur cinq ans), les immigrations de main-d’œuvre étrangère ont dépassé de 234 000 personnes les émigrations. Les migrations d’actifs de nationalité suisse présentaient par contre un solde négatif de 19 000 personnes. Les naturalisations jouent un rôle sur la structure de la population active: de 2018 à 2022, quelques 119 000 personnes actives étrangères avaient acquis la nationalité suisse. Sans ces naturalisations, l’effectif de la population active étrangère aurait augmenté de 17,6% entre 2018 et 2023, alors que celui de la population active suisse aurait enregistré un recul (–2,1%). Au quatrième trimestre 2023, les personnes étrangères représentaient 34,4% de la population active contre 32,4% cinq ans plus tôt.


Le chômage touche davantage les personnes étrangères
Au quatrième trimestre 2023, la population active de nationalité suisse se composait de 3,5 millions de personnes actives occupées et de 110 000 personnes au chômage BIT. Le taux de chômage s’élevait à 3,0%, en baisse par rapport au quatrième trimestre 2018 (3,5%). La population étrangère était davantage touchée par le chômage: 1,8 million de personnes étaient actives occupées et 94 000 étaient au chômage. Le taux de chômage au sens du BIT se montait à 6,5%, également en baisse par rapport au quatrième trimestre 2018 (7,5%).
Moins de temps partiel chez les étrangers
Entre le quatrième trimestre 2018 et le quatrième trimestre 2023, la part des personnes travaillant à temps partiel a augmenté tant parmi la population active occupée suisse (+1,8 point de pourcentage à 42,2%) qu’au sein de la main-d’œuvre étrangère (+0,8 point à 27,9%). Ce mode de travail est très répandu chez les femmes, mais il l’est bien plus chez les Suissesses que chez les étrangères: au quatrième trimestre 2023, les premières étaient 62,0% à travailler à temps partiel, les secondes 47,8%. Chez les hommes, les proportions correspondantes étaient de 23,8% et de 13,2%.

Les étrangers sont plus nombreux à exercer une activité salariée
Les personnes actives occupées de nationalité étrangère étaient plus souvent salariées que les personnes actives occupées de nationalité suisse (94,5% contre 89,4%). Seules 5,5% avaient le statut d’indépendants ou travaillaient dans l’entreprise familiale, soit une part nettement inférieur à celle des personnes de nationalité suisse (10,6%). Cet écart est lié à différents facteurs: à la problématique de l’intégration s’ajoute l’impossibilité pour la grande majorité des personnes étrangères de la première génération de reprendre une entreprise en mains familiales. Comparée à la population suisse, une part relativement importante de la population de nationalité étrangère est par ailleurs âgée de moins de 40 ans, alors que la proportion d’indépendants est bien plus élevée chez les 40 à 64 ans que chez les moins de 40 ans.
La part des travailleurs étrangers avec un permis de séjour augmente
La structure de la population active occupée de nationalité étrangère selon l’autorisation de résidence a évolué de manière différente au cours des cinq dernières années. Si la part de la main-d’œuvre au bénéfice d’une autorisation de séjour (livret B ou L, en Suisse depuis 12 mois ou plus) ainsi que celle des personnes frontalières (livret G) ont augmenté (de respectivement 1,8 point de pourcentage à 29,6%, et 1,5 point à 21,6%), celle des titulaires d’une autorisation d’établissement (livret C) a diminué (–3,4 points à 43,8%), tout comme celle des titulaires d’une autorisation de séjour de courte durée (livret L, depuis moins de 12 mois en Suisse; –0,6 point à 2,3%).

Salariés étrangers: disparités salariales selon les permis de séjour
En 2022, dans l’ensemble de l’économie, les salaires mensuels médians des personnes salariées de nationalité suisse ont été supérieurs à ceux versés à la main-d’œuvre étrangère (7164 francs contre 6089 francs). Globalement, ce différentiel salarial en faveur des salariés suisses par rapport au personnel étranger se retrouvait quelle que soit la catégorie de permis de séjour.
Aux postes à haute responsabilité, les salariés étrangers ont été en revanche mieux rémunérés que les salariés de nationalité suisse. Parmi les cadres supérieurs, les personnes frontalières ont touché 10 707 francs, les titulaires d’une autorisation de séjour 12 791 francs et les salariés suisses 10 476 francs.
Cette situation était inversée lorsque l’on considère les postes de travail dépourvus de responsabilité hiérarchique. Avec 6496 francs, la rémunération des salariés de nationalité suisse a été supérieure aux salaires versés à la main-d’œuvre étrangère: 5859 francs pour les frontaliers et 5300 pour les titulaires d’une autorisation de séjour.
2018–2023: les conditions de travail en Suisse
Les conditions de travail en Suisse ont changé entre 2018 et 2023. Le temps de travail effectif a diminué. Au cours de la même période, on a observé une progression des horaires de travail flexibles, du nombre de contrats à durée déterminée ainsi que du travail à domicile.
La durée annuelle effective du travail diminue
Entre 2018 et 2023, la durée annuelle effective du travail par emploi a légèrement diminué pour s’établir à 1427 heures, soit une baisse de 1,6% sur cinq ans (1450 heures).
Sur cinq ans, la durée annuelle effective du travail a baissé chez les hommes (–2,9%), tandis qu’elle a augmenté chez les femmes (+0,6%). La baisse a été plus élevée chez les indépendants (–9,8%) que chez les salariés (–0,9%).
En considérant uniquement les salariés occupés à plein temps, la durée hebdomadaire effective du travail a diminué entre 2018 et 2023 (–48 minutes pour s’établir à 40,2 heures). À noter que le nombre d’heures est en augmentation depuis 2020: +4,2% entre 2020 et 2021, +1,8% entre 2021 et 2022 et +0,5% entre 2022 et 2023. Cette croissance fait suite à la diminution enregistrée entre 2019 et 2020 (–7,8%).

Les horaires de travail flexibles augmentent
En 2023, 47,6% des salariés travaillaient selon un horaire flexible (contre 45,0% en 2018). Les hommes bénéficiaient d’un tel horaire plus souvent que les femmes (51,8% contre 43,2%), mais la part des femmes dans ce domaine a progressé plus fortement depuis 2018 (+3,6 points de pourcentage) que celle des hommes (+1,8 point).
Les jeunes actifs occupés changent d’emploi plus souvent
Entre 2018 et 2023, la mobilité professionnelle s’est légèrement accrue en Suisse. Au total, 14,7% des personnes actives occupées ont changé d’emploi en 2023 (contre 12,7% en 2018), dont 4,3% sont restés au sein de la même entreprise tandis que les 10,4% restants ont rejoint une autre entreprise.
Le taux de changement d’emploi différait légèrement entre les femmes et les hommes (15,5% contre 13,9%). La mobilité professionnelle diminue cependant nettement avec l’âge: si environ un cinquième des 15 à 24 ans (23,8%) et des 25 à 39 ans (21,1%) ont changé d’emploi en 2023, la part correspondante n’atteignait plus que 5,8% chez les 55 à 64 ans.

Les jeunes salariés ont plus souvent un contrat de durée limitée
Au quatrième trimestre 2023, 8,8% des salariés (sans les apprentis) avaient un contrat de travail de durée limitée, contre 7,7% en 2018. Cette part était plus élevée chez les femmes (9,8%) que chez les hommes (7,9%). Ce type de contrat était le plus répandu chez les salariés de 15 à 24 ans (25,3%). À l’inverse, les personnes entre 55 et 64 ans étaient celles avec la part la plus faible (4,8%), juste avant celles entre 40 et 54 ans (4,9%).

Le taux de sous-emploi est plus important chez les femmes
Au quatrième trimestre 2023, environ 257 000 personnes travaillant à temps partiel déclaraient vouloir augmenter leur taux d’occupation à court terme. Cela représentait 5,0% de la population active. Les femmes étaient plus souvent en sous-emploi que les hommes (7,4% contre 3,0%). C’est aussi le cas des travailleurs étrangers (6,2% contre 4,6% pour la population active de nationalité suisse). Parmi les personnes en sous-emploi, 50,7% recherchaient un emploi à temps plein, tandis que les 49,3% restant souhaitaient augmenter leur temps partiel.

Travail sur appel plus fréquent chez les salariés jeunes et de plus de 64 ans
En 2023, 16,4% des personnes actives occupées travaillaient régulièrement le soir, soit entre 19 heures et minuit, et 5,6% de nuit, soit entre minuit et 6 heures du matin. Le travail du soir concernait plus souvent les femmes (17,2%) que les hommes (15,7%), alors que le travail de nuit était plus répandu chez les hommes (6,1%) que chez les femmes (5,0%).
En 2023, 26,5% des personnes actives occupées ont travaillé régulièrement le samedi. Les femmes travaillaient plus souvent le samedi que les hommes (29,6% contre 23,8%). On observe de grandes différences selon l’âge: les personnes actives occupées de 15 à 24 ans et de 65 ans ou plus étaient les catégories d’âge les plus concernées par le travail le samedi (respectivement 35,1% et 33,9%). Le travail le dimanche concernait 15,8% de la population active occupée en 2023 (14,5% chez les hommes et 17,4% chez les femmes).
8,3% des salariés (sans les apprentis) travaillaient sur appel en 2023. Le travail sur appel était plus répandu chez les femmes (9,9%) que chez les hommes (6,7%). Si l’on considère les différents groupes d’âge, les salariés de 65 ans ou plus étaient le plus souvent concernés par ce modèle de travail (25,4%); viennent ensuite les 15 à 24 ans (16,1%).

Une personne sur dix travaillait principalement depuis son domicile en 2023
En 2023, 9,4% des personnes actives occupées travaillaient principalement depuis leur domicile Il faut distinguer le «travail à domicile» du «télétravail à domicile». Le premier terme qualifie toute activité professionnelle réalisée à domicile, alors que le second s’emploie spécifiquement lorsqu’Internet est utilisé pour échanger des informations avec l’employeur ou les clients. En d’autres termes, le «télétravail à domicile» est une forme de «travail à domicile». . Les femmes et les hommes recouraient à cette forme de travail dans des proportions similaires (10,1% et 8,9%). Selon la classe d’âge, ce sont surtout les personnes de 65 ans et plus qui recouraient au travail à domicile (27,0%). Viennent ensuite les personnes âgées entre 55 et 64 ans (9,5%) et celles entre 40 et 54 ans (9,1%).
Hausse du nombre de personnes salariées assujetties aux conventions collectives de travail (CCT) et contrats type de travail (CTT)
Au 1er mars 2021, 575 CCT comptant plus de 2,1 millions de personnes salariées assujetties ont été recensées. 562 CCT étaient des CCT avec des dispositions normatives (2 millions de personnes assujetties) et 13 CCT sans dispositions normatives (190 000 personnes assujetties).
Concernant les CTT en Suisse édictées par le Conseil fédéral ou les cantons, 114 CTT étaient en vigueur au 1er mars 2021. Cela correspond à 68 CTT ordinaires et 46 CTT prévoyant des salaires minimaux impératifs au sein d’une branche économique ou d’une profession dont les salaires usuels font l’objet d’une sous-enchère abusive et répétée.
Dans le cadre des principales Conventions Collectives de Travail (CCT), c’est-à-dire celles qui comptent au moins 1500 personnes assujetties, les partenaires sociaux ont convenu pour 2023 d’une hausse nominale des salaires effectifs de 2,5% en moyenne (2022: 0,8%; 2020: 0,9%; 2019: 1,1%; 2018: 0,9%). Les CCT assurent une augmentation salariale souvent plus élevée de celle observée pour l’ensemble des personnes salariées.
Pour l’année 2023, 5 cas de grève ont été recensés et ont impliqué un total de 4827 travailleurs. Cela correspond à 3487 journées de travail non effectuées.

Situation du marché du travail au premier trimestre 2024 et perspectives à court terme
Le nombre des personnes actives occupées a augmenté au premier trimestre 2024 par rapport au même trimestre de l’année précédente. Le taux de chômage, tant au sens du BIT que du SECO, a légèrement augmenté. Les prévisions d’évolution de l’emploi étaient par ailleurs mitigées à la fin du premier trimestre 2024: l’économie totale offrait 12 300 places vacantes de moins qu’au premier trimestre 2023 (–9,7%), tandis que l’indicateur des prévisions d’évolution de l’emploi indiquait une hausse de l’emploi à court terme mais légèrement inférieur par rapport au premier trimestre 2023 (–1,9%, passant de 1,07 à 1,05 Une valeur supérieure à 1,00 indique qu’une majorité d’entreprises prévoient d’augmenter leurs effectifs dans les trois prochains mois, tandis qu’une valeur inférieure à ce seuil indique l’inverse. Une valeur de 1,00 signifie qu’aucun changement n’est attendu. ).
Hausse du nombre de personnes actives occupées et d’emplois
Le nombre des actifs occupés a progressé de 61 000 ou de 1,2% entre les premiers trimestres 2023 et 2024. Ce nombre a augmenté tant chez les hommes (+0,6%, atteignant 2,9 millions) que chez les femmes (+1,8%, atteignant 2,4 millions). Par ailleurs, la croissance est plus faible pour les personnes actives occupées de nationalité suisse (+0,2% atteignant 3,5 millions) que pour celles de nationalité étrangère (+3,1%, atteignant 1,8 million). Chez ces dernières, le nombre d’actifs occupés s’est principalement accru chez les titulaires d’une autorisation de séjour de courte durée (livret L, depuis moins de 12 mois en Suisse; +7,0%, atteignant 42 000 personnes), chez les titulaires d’une autorisation de séjour (livret B ou L, en Suisse depuis 12 mois ou plus; +5,9%, atteignant 537 000 personnes) ainsi que chez les frontaliers (+4,0%, atteignant 396 000 personnes).

Entre les premiers trimestres 2023 et 2024, le nombre d’emplois dans les secteurs secondaire et tertiaire a aussi progressé (+1,8%) Les évolutions différentes du nombre des actifs occupés (statistique de la population active occupée, SPAO) et du nombre des emplois (statistique de l’emploi, STATEM) peuvent, entre autres, résulter des différences quant à l’univers de base (ménages pour la première et entreprises pour la seconde), à l’unité statistique (personnes pour la première et emplois pour la seconde) et quant à la période de référence (moyenne trimestrielle pour la première et fin du trimestre pour la seconde). Lorsque la conjoncture se détériore, la SPAO tend à donner souvent une image plus positive que la STATEM, ou plus négative lorsque la conjoncture s’améliore. . L’évolution du nombre d’emplois diffère selon les branches économiques. Le recul le plus net a été enregistré dans les «industries du textile et de l’habillement» (–3,9%) ainsi que dans les «activités de poste et de courrier» (–3,7%). À l’inverse, l’emploi a notamment progressé dans les «transports par eau, transports aériens» (+11,3%) ainsi que dans les «activités immobilières» (+7,0%).
Augmentation du nombre de personnes au chômage
Au premier trimestre 2024, 216 000 personnes étaient au chômage en Suisse selon la définition du Bureau international du Travail (BIT). Ces chômeurs au sens du BIT représentaient 4,3% de la population active, contre 4,2% au premier trimestre 2023. Le taux de chômage selon le SECO se situait à 2,4% fin mars 2024, soit un niveau supérieur de 0,4 point de pourcentage à celui de fin mars 2023. Ce taux représentait en chiffres absolus quelques 109 000 personnes enregistrées au premier trimestre 2024 comme chômeurs dans un office régional de placement et une augmentation de près de 16 000 personnes par rapport à 12 mois auparavant.
Baisse du nombre de places vacantes
Au premier trimestre 2024, 114 000 places vacantes ont été recensées dans les secteurs secondaire et tertiaire, soit 12 000 de moins que le même trimestre de l’année précédente (–9,7%). Ce nombre a reculé tant dans le secteur secondaire (–18,1%) que dans le secteur tertiaire (–6,9%). La part des établissements ayant eu des difficultés à recruter du personnel qualifié a lui aussi diminué (–1,5 point pour atteindre 39,4%) par rapport au premier trimestre 2023.
Emploi: prévisions optimistes à la fin du premier trimestre 2024
L’indicateur des prévisions d’évolution de l’emploi, qui représente l’intention des établissements des secteurs secondaire et tertiaire quant à leur volonté d’embaucher du personnel dans les trois mois suivants, indiquait que la majorité des entreprises souhaitaient maintenir ou augmenter leurs effectifs durant le deuxième trimestre 2024. Toutefois, un léger recul a été observé par rapport au premier trimestre 2023 (de 1,07 à 1,05). Cette légère baisse a été observée aussi bien dans le secteur secondaire (de 1,09 à 1,06), que dans le secteur tertiaire (de 1,06 à 1,05). Les branches dans lesquelles les prévisions ont le plus diminuées sont la «fabrication de produits électroniques et d’horlogerie» (de 1,17 à 1,04), la «fabrication de machines et équipements» (de 1,17 à 1,08) et la «fabrication de produits métalliques» (de 1,11 à 1,06). À l’inverse, les prévisions ont augmenté dans l’«administration publique» (de 1,03 à 1,05), dans les «activités informatiques et services d’information» (de 1,11 à 1,12) ainsi que dans les «activités financières et d’assurance» (de 1,06 à 1,07). Hormis dans l’enseignement, l’indicateur était supérieur au seuil de 1,0 dans toutes les divisions économiques, indiquant que la majorité des entreprises s’attendent à maintenir ou accroître leurs effectifs.

Le marché suisse du travail en comparaison internationale
Le marché suisse du travail est performant en comparaison internationale. Le taux d’activité et la participation des femmes à la vie active figurent tous deux parmi les plus élevés d’Europe. La participation à la vie active des femmes relativement élevée s’explique par la fréquence du travail à temps partiel: la part des personnes actives occupées à temps partiel est nettement plus grande en Suisse que dans la plupart des autres pays européens. Les salaires en Suisse, convertis en euros, sont plus élevés que dans les pays de l’Union européenne (UE). Si l’on convertit les salaires en standards de pouvoir d’achat pour tenir compte des écarts entre les niveaux de prix, les différences s’estompent.
Taux d’activité élevé en Suisse
Au quatrième trimestre 2023, le taux d’activité de la population de 15 ans ou plus se situait à 67,9% en Suisse, soit l’un des taux les plus élevés d’Europe. Seuls l’Islande et les Pays-Bas atteignaient un taux d’activité plus élevé (74,3% et 68,6%), tandis que les pays voisins de la Suisse affichaient des taux nettement plus faibles (Allemagne: 61,8%; Autriche: 61,6%; France: 56,4%; Italie: 50,3%). L’Italie possédait le taux d’activité le plus bas d’Europe, juste derrière la Roumanie (51,5%), la Grèce (51,7%) et la Croatie (52,8%). La moyenne de l’UE se situait à 58,1%.

Forte participation des femmes à la vie active en Suisse et dans les pays nordiques
La participation des femmes à la vie active varie fortement d’un pays à l’autre. En Roumanie (41,7%) et en Italie (41,2%), deux cinquièmes des femmes de 15 ans et plus étaient actives au quatrième trimestre 2023, tandis que les pays du Nord de l’Europe affichaient des taux supérieurs à 60% (Islande: 69,7%; Pays-Bas: 64,1%; Suède: 63,4%; Norvège: 61,9%; Estonie: 61,8%; Danemark: 60,5%; Irlande: 60,4%), tout comme Chypre (60,9%). En moyenne européenne, une femme sur deux était active (52,6%). Comparée aux pays européens, la Suisse arrivait en quatrième position avec un taux de 62,9%; dans les pays voisins, la participation des femmes à la vie active était nettement plus basse (Allemagne: 56,8%; Autriche: 56,4%; France: 52,9%). En Suisse, la participation des femmes à la vie active est favorisée par une offre importante d’emplois à temps partiel. Dans notre pays, 40,5% des personnes actives occupées travaillaient à temps partiel (femmes: 61,2%). Seuls les Pays-Bas affichaient une proportion plus élevée (43,8%; femmes: 64,1%). La part des personnes actives occupées à temps partiel était particulièrement faible en Bulgarie (1,7%; femmes: 2,0%), en Roumanie (3,7%; femmes: 3,3%), en Slovaquie (4,4%; femmes: 6,6%) et en Croatie (4,7%; femmes: 5,3%).
La participation des hommes à la vie active était plus élevée que celle des femmes dans tous les pays considérés. Elle atteint sa valeur la plus élevée en Islande (78,6%), qui était suivie par Malte (73,9%), les Pays-Bas (73,2%) et la Suisse (73,1%). Elle était nettement plus basse dans les pays voisins de la Suisse (Allemagne et Autriche: 67,0%; France: 60,2%; Italie: 59,0%) et se monte à 64,0% en moyenne européenne.
Taux de chômage relativement faible en Suisse
Tant au quatrième trimestre 2022 qu’au quatrième trimestre 2023, le taux de chômage au sens du BIT s’élevait à 4,0% en Suisse. Le taux moyen de l’UE a diminué de 0,1 point au cours de la période correspondante pour atteindre 6,0%. Par rapport aux Etats membres de l’UE, la Suisse faisait partie des pays ayant un faible taux de chômage au sens du BIT. Ce taux était plus élevé en France (7,7%), en Italie (7,5%) ainsi qu’en Autriche (5,0%), mais il était plus faible en Allemagne (3,1%). Les taux les plus bas étaient mesurés en Tchéquie (2,6%) et à Malte (2,9%). À l’inverse, la Grèce et l’Espagne étaient les pays d’Europe où le taux de chômage au sens du BIT était le plus élevé, avec respectivement 10,5% et 11,8%.

Les salaires en comparaison internationale
La comparaison des salaires annuels bruts moyens dans l’industrie et les services marchands met en évidence l’écart salarial existant parmi les pays de l’UE. Des différences marquées sont à observer non seulement entre les pays de l’UE-15 et les nouveaux pays membres entrés dans l’UE depuis 2004, mais également à l’intérieur des deux groupes de pays.
Dans l’UE-15, on observait toujours un décalage entre les pays du Nord et ceux du Sud: en 2018 les salaires annuels bruts les plus élevés étaient enregistrés au Luxembourg (64 932 euros), les plus bas au Portugal (18 111 euros). L’écart salarial augmentait encore si l’on considère les nouveaux pays membres: en 2018 la Lituanie (11 959 euros), la Roumanie (11 874 euros) et la Bulgarie (8147 euros) venaient clore le classement des salaires annuels bruts moyens en euros. Avec un salaire annuel brut moyen de 79 442 euros, niveau influencé en partie par la force du franc, la Suisse figurait en première position devant le Luxembourg.
Afin de comparer des salaires qui traduisent de manière réelle leur pouvoir d’achat, les salaires exprimés en monnaie nationale doivent être convertis dans une devise commune artificielle appelée «standard de pouvoir d’achat» (SPA). La prise en compte des différences de niveaux de prix entre les pays nous amène à reconsidérer l’ampleur de l’écart salarial observé entre les pays. En effet, exprimés en euros, les salaires payés en Suisse étaient presque neuf fois plus élevés que ceux payés en Bulgarie (+875%) alors que la différence était près de quatre fois moindre (+225%) une fois les salaires convertis en SPA. Si l’on considère les pays voisins, exprimés en euros, les salaires annuels payés en Suisse étaient 71% plus élevés que ceux versés en Autriche, 77% plus élevés qu’en Allemagne, 109% plus élevés qu’en France et 128% plus élevés qu’en Italie. L’écart se réduit si la comparaison des salaires bruts moyens est faite sur la base de leur niveau en SPA. Les écarts n’était plus que de +23% avec l’Autriche, +21% avec l’Allemagne, +52% avec la France et +51% avec l’Italie.
