5 La recherche en Suisse en comparaison internationale

Les comparaisons internationales font partie des outils essentiels pour positionner un pays par rapport à ses principaux partenaires économiques. Ce chapitre a pour objectif de comparer la Suisse, tant sur le plan des dépenses intra-muros que sur le personnel de R-D, au niveau international.

5.1 Dépenses de R-D en comparaison

Intensité de R-D en comparaison internationale

Comme indiqué précédemment dans le chapitre 2, l’intensité de R-D est le principal indicateur permettant de comparer l’importance des activités de recherche entre différents pays tout en prenant en compte la taille de leur économie. Pour rappel, ce ratio consiste à diviser la somme des dépenses intérieures brutes de R-D (DIRD) d’un pays par son produit intérieur brut (PIB). Cet indicateur est couramment utilisé dans les classements internationaux comme l’une des dimensions mesurant la propension d’une économie à innover. À titre d’exemple, les Nations unies utilisent cet indicateur dans la réalisation de l’objectif de développement durable (ODD) numéro 9 relatif à l’innovation.

Avec un ratio de 3,4% la Suisse fait partie des pays ayant une intensité de R-D très forte (voir graphique G7). Elle se place au 4e rang mondial, derrière Israël (5,6%), la Corée du sud (4,9%) et les États-Unis (3,5%), mais devant la Suède et le Japon (3,3%).

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On parle d’intensification de la recherche dans une économie lorsque les dépenses de R-D croissent plus rapidement que l’économie d’un pays mesurée par l’évolution du PIB. Le tableau T11 permet de visualiser l’évolution de l’intensité de R-D des pays de l’OCDE.

Dépenses intérieures brutes de R-D,
comparaison international, en 2008 et en 2021

En % du PIB et évolution en point de pourcentage

T11

2008 2021 Évolution
Israël 4,3 5,6 +1,3
Corée du Sud 3,0 4,9 +1,9
États-Unis 2,7 3,5 +0,7
Suisse 2,7 3,4 +0,7
Suède 3,5 3,3 –0,1
Japon 3,3 3,3 +0,0
Belgique 1,9 3,2 +1,3
Autriche 2,6 3,2 +0,6
Allemagne 2,6 3,1 +0,5
Finlande 3,5 3,0 –0,5
Danemark 2,8 2,8 +0,04
Total OCDE 2,3 2,7 +0,4
Pays-Bas 1,6 2,3 +0,6
France 2,1 2,2 +0,2
UE1 1,8 2,1 +0,4
Norvège 1,5 1,9 +0,4

1 composition de l’UE au 1.2.2020

Sources: OCDE – Base de données PIST, mars 2023; OFS – RD suisse

© OFS 2023

De manière générale, la grande majorité des pays a connu une intensification de ses dépenses intra-muros de R-D entre 2008 et 2021. À titre d’exemple, le total OCDE est passé de 2,3% du PIB à 2,7%, soit une augmentation de 0,4 point sur cette même période.

Cette croissance constante de l’intensité de R-D est présente dans la quasi-totalité des pays observés. L’ensemble de ces économies sont conscientes de l’importance des investissements dans la recherche pour accroître la somme de connaissances et acquérir par ce biais des avantages compétitifs. Cette intensification de la recherche au sein des économies développées est un signe de l’intense compétitivité qui règne au sein de marchés largement globalisés.

En comparaison internationale la Suisse fait partie des pays ayant connu une très forte augmentation de son intensité de R-D. Elle a augmenté de 0,7 point, passant de 2,7% en 2008 à 3,4% en 2021.

Si on considère d’autres pays, qui, en 2021, ont une intensité de R-D proche de la Suisse, on distingue deux profils différents. D’une part, il y a la Belgique qui a la particularité d’avoir connu entre 2008 et 2021 une croissance très importante de son intensité de R-D (+1,3 point). En 2008, la Belgique n’avait qu’une intensité de 1,9%, (contre 2,7% pour la Suisse). Avec cette extra­ordinaire croissance elle est revenue quasi à hauteur de la Suisse avec un ratio de 3,2% en 2021.

D’autre part, il y a les pays qui comme la Suède, le Japon et la Finlande ont connu une évolution inverse. Le Japon, largement devant la Suisse en 2008 avec un ratio de 3,3% a stagné et a toujours le même ratio aujourd’hui. La Suède et la Finlande affichaient des ratios de 3,5% en 2008 et ont reculé respectivement à 3,3% et 3,0%.

Part de la recherche fondamentale

Comme précisé dans le chapitre 2, les activités de recherche peuvent être ventilées selon trois types, à savoir la recherche fondamentale, la recherche appliquée et le développement expérimental.

Le Fonds monétaire international (FMI) mentionnait en 2021 que: «La composition des dépenses de R-D d’un pays joue un rôle crucial dans son développement économique. Si la recherche appliquée est importante pour mettre les innovations sur le marché, la recherche fondamentale élargit la base de connaissances nécessaire pour réaliser des progrès scientifiques décisifs.» Fonds monétaire international, «Why Basic Science Matters for Economic Growth», Octobre 2021 La recherche fondamentale n’est donc pas directement liée à un domaine particulier, mais peut être utilisée de manière imprévisible dans l’ensemble des domaines scientifiques. Elle permet à une économie de croitre de manière durable en apportant les connaissances scientifiques de base qui permettent des avancées technologiques et des progrès techniques.

Malgré un net recul de ses dépenses de recherche fondamentale entre 2019 et 2021 (voir chapitre 2), la Suisse demeure l’économie nationale qui investit le plus massivement dans la recherche fondamentale en proportion de son PIB (1%). En comparaison internationale, la Suisse se situe ainsi devant la Corée et l’Autriche dont les dépenses de R-D pour la recherche fondamentale représentent respectivement 0,7% et 0,6% de leur PIB (graphique G8). La ventilation des dépenses intra-muros selon le type de R-D n’étant pas disponible pour l’ensemble des pays de l’OCDE, certains pays n’ont mal­heureusement pas pu être intégrés dans le graphique G8.

Comme observé précédemment dans le chapitre 2, le secteur des hautes écoles représente, à lui tout seul, trois quarts des dépenses intra-muros de R-D dédiées à des activités de recherche fondamentale. Cette proportion est très comparable aux répartitions par type de recherche que l’on peut retrouver chez d’autres pays européens tels que l’Autriche, le Danemark ou la France.


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5.2 Le personnel de R-D en comparaison

Les ressources humaines dédiées aux activités de R-D sont la deuxième grande dimension analysée dans notre chapitre sur les comparaisons internationales. Elles sont une source importante d’information sur l’offre et la demande de spécialistes à l’intérieur d’un pays.

Part des chercheurs dans le personnel de R-D

Les chercheurs forment la part la plus importante du personnel de R-D en Suisse, comme vu dans le chapitre précédent. Cette part est en progression (2012: 47%; 2021: 57%).

En comparaison internationale, cette proportion est inférieure à celle de la plupart des pays de l’OCDE (voir graphique G9). La Suisse se situe un peu en dessous de pays comme l’Allemagne, l’Autriche ou l’Espagne, dont un peu plus de 60% du personnel de R‑D occupe la fonction de chercheur. Dans le haut du classement on trouve la Suède, la Corée du Sud ou le Portugal, avec plus de 80% de chercheurs parmi le personnel employé dans des activités de recherche.


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Part des femmes parmi les chercheurs

Les questions d’égalité des sexes dans la recherche et l’innovations sont un sujet régulièrement discuté et étudié au niveau international. La publication «She Figures» de la commission européenne pour plus de renseignements à ce sujet: She figures 2021 (europa.eu ) est d’ailleurs exclusivement dédiée à cette thématique.

Parmi les statistiques liées au genre, la part des femmes parmi l’ensemble des chercheurs est une donnée importante sur le plan international. Les chercheurs sont les spécialistes, hautement qualifiés, travaillant à la conception ou à la création de nouveaux savoirs.

En 2021, la part des femmes occupant une fonction de chercheur est de près de 38% en Suisse (voir tableau T12). Avec cette part, la Suisse reste dans la moyenne supérieure des pays de l’OCDE, mais demeure cependant loin derrière du peloton de tête des pays formé du Portugal (43%), de l’Espagne (41%) et de la Norvège (39%).

Femmes parmi les chercheurs,
comparaison internationale, en 2020

En % du total des chercheurs (en personnes physiques)

T12

2020
Portugal 42,5%
Espagne 41,5%
Norvège 38,7%
Suisse (2021) 37,5%
Danemark (2019) 35,3%
Italie 34,9%
Finlande 33,4%
Suède (2019) 33,3%
Belgique (2019) 32,6%
Autriche (2019) 30,4%
Allemagne (2019) 28,1%
Corée du sud 21,4%
Japon 17,5%

Sources: OCDE – Base de données PIST, mars 2023; OFS – RD suisse

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