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Indicateurs du marché du travail 2023

La publication «Indicateurs du marché du travail» fournit des repères parmi la vaste gamme des données sur l’emploi. L’information y est structurée de manière à procurer une vue d’ensemble du marché suisse du travail et des statistiques qui s’y rapportent. Parmi les domaines traités figurent l'emploi, le temps de travail, le chômage, les postes vacants, les aspects dynamiques du marché du travail, ainsi que la structure et les tendances des salaires.

Celle-ci se compose de trois sous-publications. Le présent document commente les résultats des indicateurs du marché du travail pour la période 2017–2022 et les perspectives pour l'année 2023. Les documents «Définitions» et «Sources statistiques», publiés en complément, offrent respectivement un aperçu global des définitions utilisées dans les statistiques du marché du travail et les aspects méthodologiques des différentes sources de données.

Abréviation dans les graphiques

AELE Association européenne de libre-échange

BIT Bureau international du travail

CHOM-BIT Statistique du chômage au sens du BIT

CMT Comptes globaux du marché du travail

ESPA Enquête suisse sur la population active

EUROSTAT Office statistique de l’Union européenne

EAS Enquête sur les accords salariaux

ESS Enquête suisse sur la structure des salaires

ISS Indice suisse des salaires

PIB Produit intérieur brut

SECO Secrétariat d’État à l’économie

SPAO Statistique de la population active occupée

STATEM Statistique de l’emploi

SVOLTA Statistique du volume du travail

UE Union Européenne

2017–2022: principales évolutions sur le ­marché suisse du travail

Depuis la seconde moitié de 2021, la situation sur le marché du travail suisse s’est rétablie. L’année 2022 s’inscrit dans cette continuité. Du quatrième trimestre 2021 au quatrième trimestre 2022, le nombre de chômeurs au sens du BIT (Bureau international du travail) ainsi que le nombre de personnes au chômage partiel ont diminué tandis que le nombre de places vacantes a augmenté. En cinq ans, du quatrième trimestre 2017 au quatrième trimestre 2022, le nombre de personnes actives occupées en Suisse a augmenté. Durant la même période, le taux de chômage au sens du BIT de même que le taux de personnes inscrites au chômage (auprès d’un office régional de placement, ORP) ont diminué, malgré une fluctuation plus forte durant la crise.

Reprise de la croissance économique

Avant la pandémie de COVID-19, la croissance de l’activité économique suisse est restée relativement stable (+0,5% en moyenne par trimestre entre le quatrième trimestre 2017 et le quatrième trimestre 2019). En 2020, la pandémie a provoqué un ralentissement, de sorte que le PIB a reculé de 7,1% entre le premier et le deuxième trimestre avant de se rétablir au suivant (+7,3%). L’évolution est ensuite restée relativement stable jusqu’au premier trimestre 2021 (+0,3% et –0,1%). Les deuxième et troisième trimestres 2021 ont, quant à eux, connu une augmentation de l’activité économique supérieure à la moyenne avec respectivement +2,0% et +1,7% par rapport au trimestre précédent. Le PIB a retrouvé son niveau d’avant la crise durant le deuxième trimestre 2021. En 2022, l’activité économique a continué de croître, mais dans des proportions plus faibles (+0,8% de croissance annuelle).

Emploi: reprise après la pandémie

Selon la statistique de la population active occupée (SPAO), qui repose sur l’enquête suisse sur la population active (ESPA), le nombre d’actifs occupés a augmenté de 3,8% entre le quatrième trimestre 2017 et le quatrième trimestre 2022, passant de 5,050 millions à 5,242 millions de personnes. La statistique de l’emploi (STATEM), qui est basée sur une enquête auprès des entreprises des secteurs secondaire et tertiaire, faisait parallèlement état d’une hausse du nombre d’emplois de 7,9%, passant de 5,0 millions à 5,4 millions. Une première période de croissance a été enregistrée entre le quatrième trimestre 2017 et le quatrième trimestre 2019 tant dans le nombre de personnes actives occupées (+1,8%) que dans le nombre d’emplois (+3,1%). En 2020, année marquée par la pandémie de COVID-19, la SPAO faisait état d’une diminution de 0,3%, tandis que la STATEM est restée inchangée. Tous les deux ont ensuite retrouvé une évolution annuelle positive à la fin de l’année 2021 (+0,3% et +2,4%). Entre le quatrième trimestre 2021 et le quatrième trimestre 2022, leur nombre a crû de 0,8% et de 2,3%.


Diminution du chômage

Considéré sur cinq ans, le taux de chômage au sens du BIT a diminué passant de 4,5% à 4,1% au quatrième trimestre 2022, et le taux de chômeurs inscrits (dans un office régional de placement ORP) a connu une baisse plus marquée, passant de 3,2% à 2,1%. La différence relativement importante entre ces deux taux s’explique par le fait que le premier tient également compte des personnes en recherche d’emploi qui ne sont pas inscrites dans un ORP.

Concernant le chômage partiel, quelques 1660 personnes travaillaient selon un horaire réduit à la fin de l’année 2017 contre 3160 en 2022. Ce chiffre a néanmoins varié de manière importante entre les mois de mars 2020 et décembre 2022: après un pic de 1,4 million de personnes au mois d’avril 2020, le chômage partiel touchait encore 388 000 personnes à la fin de l’année 2020 et 65 000 personnes en décembre 2021.

Hausse du nombre de places vacantes

Selon la STATEM, le nombre de places vacantes disponibles au quatrième trimestre 2022 était de 96,1% supérieur à celui enregistré cinq années plus tôt. Celui-ci avait diminué en 2020 (–15 200 entre le quatrième trimestre 2019 et le quatrième trimestre 2020), mais il s’est ensuite redressé fortement à partir du premier trimestre 2021, pour atteindre une croissance annuelle de 54,7%. Entre le quatrième trimestre 2021 et le quatrième trimestre 2022, on observait toujours une évolution annuelle positive (+18 700 places, +18,1%).

40,7% des établissements (pondérés selon le nombre d’em­plois) ont indiqué des difficultés de recrutement de main d’œuvre qualifiée au quatrième trimestre 2022 (+4,7 points de pourcentage par rapport au quatrième trimestre 2021). Cette forte croissance est à remettre dans son contexte: le marché du travail en Suisse a été fortement impacté par la pandémie en 2020, réduisant la demande de travail. Depuis le premier trimestre 2021, la tendance s’est inversée. La comparaison sur ces cinq dernières années révèle également que les entreprises n’ont jamais eu autant de peine à trouver le personnel adéquat que durant le quatrième trimestre 2022 (+10,6 points de pourcentage entre le quatrième trimestre 2017 et le quatrième trimestre 2022).

Croissance des salaires nominaux et baisse des salaires réels

En 2022, les salaires nominaux ont affiché une hausse moyenne de 0,9% par rapport à l’année précédente. En termes réels, avec l’inflation exceptionnelle à 2,8% en 2022, le pouvoir d’achat des salaires dans l’ensemble de l’économie a diminué de 1,9% après avoir connu une augmentation de 1,5% en 2020 et une baisse de 0,8% en 2021. Le pouvoir d’achat des salaires a baissé pour la seizième fois depuis la création de l’indice suisse des salaires en 1942. Sur les cinq dernières années, de 2018 à 2022, le rythme annuel moyen de progression des salaires réels, pour l’ensemble des personnes salariées, a été de –0,2%. Sur cette période, les salaires des hommes ont baissé de 0,3% tandis que les salaires des femmes ont diminué de 0,1%. La progression plus soutenue de l’indice des salaires des femmes s’inscrit dans une tendance de long terme. Les salaires des femmes se sont rapprochés de ceux des hommes (écart de 23,7% en 1994 vs. 10,8% en 2020 sur la médiane des salaires), mais l’inégalité salariale entre hommes et femmes persiste.


2017–2022: la situation des hommes et des femmes sur le marché du travail

Entre 2017 et 2022, la proportion des femmes participant au marché du travail a légèrement augmenté. En 2022, les femmes restent cependant nettement plus nombreuses que les hommes à exercer une activité professionnelle à temps partiel (57,7% contre 19,3%). Considéré sur une période de cinq ans, le taux de chômage BIT a reculé tant chez les hommes (–0,3 point de pourcentage, pour atteindre 3,9%) que chez les femmes (–0,5 point de pourcentage, pour atteindre 4,4%). Une comparaison des salaires médians dans l’économie totale en équivalents plein temps révèle que l’écart salarial entre les femmes et les hommes s’élève à 10,8% en 2020, et que seule une partie de cette différence s’explique par des critères objectifs.

Le temps partiel progresse chez les hommes

Le temps partiel est nettement plus répandu chez les femmes que chez les hommes. Au quatrième trimestre 2022, 57,7% des femmes actives occupées travaillaient à temps partiel (autrement dit à un taux d’occupation inférieur à 90%), soit 0,6 point de pourcentage de moins qu’au quatrième trimestre 2017. Chez les hommes, ce taux a progressé de 1,3 point depuis fin 2017 pour se situer à 19,3%. La distribution inégale du temps partiel est une des raisons qui expliquent que la part des femmes au volume total des heures effectives de travail n’ait été que de 39,2% en 2022. Au quatrième trimestre 2022, on dénombrait 491 000 hommes travaillant à temps partiel contre 1,3 million de femmes.

Les femmes travaillent plus souvent dans le secteur des ­services que les hommes

Pour les deux sexes, le nombre de personnes actives occupées a suivi une évolution comparable dans les secteurs secondaire et tertiaire entre le quatrième trimestre 2017 et le quatrième trimestre 2022. Le nombre de femmes et d’hommes occupés dans le secteur secondaire a augmenté de respectivement 1,9% et 0,7%. La croissance dans le secteur tertiaire est plus importante avec respectivement +5,5% et +5,4%. Proportionnellement, les femmes travaillaient bien plus fréquemment que les hommes dans le secteur des services au quatrième trimestre 2022 (88,0% de toutes les femmes actives occupées contre 68,4% pour les hommes). Seulement 10,3% des femmes travaillaient dans l’industrie et 1,7% dans l’agriculture. Parmi les hommes actifs occupés, 28,6% travaillaient dans l’industrie et 3,0% dans l’agriculture.


Léger accroissement de la part des femmes au sein de la population active

Entre le quatrième trimestre 2017 et le quatrième trimestre 2022, le nombre de personnes actives (les actifs occupés et les chômeurs selon le BIT, correspondent ensemble à l’offre de travail) a progressé de 0,8% chez les hommes (pour atteindre 2,642 millions) et de 2,5% chez les femmes (pour atteindre 2,328 millions). En cinq ans, la part de ces dernières dans la population active a ainsi légèrement augmenté (+0,4 point, pour atteindre 46,8%). Tant le nombre de femmes que d’hommes actifs occupés a progressé (+4,3% et +3,4%).


Baisse du taux de chômage pour les deux sexes

Entre le quatrième trimestre 2017 et le quatrième trimestre 2022, le taux de chômage au sens du BIT a reculé tant chez les femmes (de 4,9% à 4,4%) que chez les hommes (de 4,3% à 3,9%). Alors que les femmes ont été davantage impactées par la pandémie ­COVID-19 (+1,2 point de pourcentage entre le quatrième trimestre 2019 et le quatrième trimestre 2020 pour atteindre 5,4% contre +0,8 point pour atteindre 4,5% chez les hommes), l’écart s’est ensuite dissipé au quatrième trimestre 2021 (–0,9 point chez les femmes contre –0,1 point chez les hommes) pour atteindre respectivement 4,5% et 4,4%.


Les inégalités salariales entre les femmes et les hommes diminuent progressivement

En 2020, le salaire mensuel médian des femmes dans l’économie totale se montait à 6211 francs et celui des hommes à 6963 francs. La différence salariale a diminué depuis 2014, passant de 12,5% à 12,0% en 2016, à 11,5% en 2018 et à 10,8% en 2020. Dans le secteur privé, les femmes ont gagné en 2020 13,8% de moins que les hommes alors que dans le secteur public cette différence globale était de 10,5%.

Selon une analyse mandatée par l’Office fédéral de la statistique, 52,2% de la différence salariale (moyenne arithmétique) en 2020 dans l’économie totale peut s’expliquer par des facteurs objectifs comme le niveau hiérarchique, l’ancienneté ou la formation. 47,8% de l’écart salarial reste inexpliqué.


2017–2022: main-d’œuvre suisse et ­main-d’œuvre étrangère

Depuis 2001, la Suisse connaît une forte immigration de main-d’œuvre étrangère. De 2017 à 2022, le nombre de personnes actives de nationalité étrangère a fortement augmenté, tandis que celui des personnes actives de nationalité suisse n’a augmenté que faiblement. Sans les naturalisations, la différence serait encore plus marquée. Sur l’ensemble de la période sous revue, le taux de chômage au sens du BIT des étrangers était deux à trois fois plus élevé que celui des Suisses. Les salaires de ces derniers sont globalement plus élevés que ceux des travailleurs étrangers, sauf dans les postes à niveau de responsabilité élevé.


L’immigration de main-d’œuvre étrangère reste importante

Entre le quatrième trimestre 2017 et le quatrième trimestre 2022, le nombre de personnes actives de nationalité étrangère (étrangers actifs occupés et étrangers chômeurs au sens du BIT confondus) a progressé nettement plus que celui des personnes actives de nationalité suisse (+9,7%, pour atteindre 1,8 million de personnes contre +0,4% pour atteindre 3,6 millions de personnes). La progression du nombre de travailleurs étrangers est le résultat d’une forte immigration: sur l’ensemble de la période 2017 à 2021 (cumul sur cinq ans), les immigrations de main-d’œuvre étrangère ont dépassé de 191 000 personnes les émigrations. Les migrations d’actifs de nationalité suisse présentaient par contre un solde négatif de 19 000 personnes. Les naturalisations jouent un rôle sur la structure de la population active: de 2017 à 2021, quelques 121 000 personnes actives étrangères ont acquis la nationalité suisse. Sans ces naturalisations, l’effectif de la population active étrangère aurait augmenté de 17,0% entre 2017 et 2022, alors que celui de la population active suisse aurait enregistré un recul (–3,0%). Au quatrième trimestre 2022, la part des étrangers au sein de la population active représentait 33,7% contre 31,7% cinq ans plus tôt.


Le chômage touche davantage les personnes étrangères

Au quatrième trimestre 2022, la population active de nationalité suisse se composait de 3,5 millions de personnes actives occupées et de 104 000 personnes au chômage au sens du BIT. Le taux de chômage s’élevait ainsi à 2,9%, ce qui représente une diminution par rapport au quatrième trimestre 2017 (3,5%). Le taux de chômage au sens du BIT de la population étrangère était plus élevé. 1,7 million de personnes de nationalité étrangère étaient actives occupées et 102 000 étaient au chômage au quatrième trimestre 2022. Le taux de chômage au sens du BIT de la population de nationalité étrangère se montait à 7,3% et était ainsi légèrement inférieur par rapport au quatrième trimestre 2017 (7,5%).

Moins de temps partiel chez les étrangers

Entre le quatrième trimestre 2017 et le quatrième trimestre 2022, la part des personnes travaillant à temps partiel a augmenté tant au sein de la main-d’œuvre suisse (+0,8 point pour atteindre 40,9%) qu’au sein de la main-d’œuvre étrangère (+0,8 point pour atteindre 27,3%). Ce mode de travail est très répandu chez les femmes, mais il l’est bien plus chez les Suissesses que chez les étrangères: au quatrième trimestre 2022, les premières étaient 61,0% à travailler à temps partiel, les secondes 47,7%. Chez les hommes, les proportions correspondantes étaient de 22,2% et de 12,5%.


Les étrangers sont plus nombreux à exercer une activité salariée

La plupart des personnes actives occupées de nationalité étrangère étaient salariées (94,2% contre 89,5% des actifs occupés suisses). Seuls 5,8% avaient le statut d’indépendants ou travaillaient dans l’entreprise familiale, soit un taux nettement inférieur à celui des personnes actives occupées de nationalité suisse (10,5%). Cet écart par rapport aux Suisses est lié à différents facteurs: à la problématique de l’intégration s’ajoute l’impossibilité pour la grande majorité des personnes étrangères de la première génération de reprendre une entreprise en mains familiales. Comparée à la population suisse, une part relativement importante de la population de nationalité étrangère est par ailleurs âgée de moins de 40 ans, alors que la proportion d’indépendants est bien plus élevée chez les 40 à 64 ans que chez les moins de 40 ans.

La part des travailleurs étrangers frontaliers augmente

La structure de la population active occupée de nationalité étrangère selon l’autorisation de résidence n’a que peu changé au cours des cinq dernières années. Si la part des frontaliers titulaires du livret G et celle de la main-d’œuvre au bénéfice d’une autorisation de séjour (livret B) ont augmenté (de respectivement 1,4 point, pour atteindre 21,8%, et 0,8 point, pour atteindre 28,2%), celle des titulaires d’une autorisation d’établissement (livret C) a diminué (de 1,8 point pour atteindre 45,4%). Le constat est le même pour les titulaires d’une autorisation de séjour de courte durée (livret L) avec un recul de 0,9 point pour atteindre 2,2%.


Salariés étrangers: disparités salariales selon les ­permis de séjour

En 2020, dans l’ensemble de l’économie, les salaires mensuels médians des personnes salariées de nationalité suisse ont été supérieurs à ceux versés à la main-d’œuvre étrangère (6988 francs contre 6029 francs). Globalement, ce différentiel salarial en faveur des salariés suisses par rapport au personnel étranger se retrouvait quelle que soit la catégorie de permis de séjour.

Aux postes à haute responsabilité, les salariés étrangers ont été en revanche mieux rémunérés que les salariés de nationalité suisse. Parmi les cadres supérieurs, les frontaliers et les frontalières ont touché 10 692 francs, les bénéficiaires d’une autorisation de séjour 12 268 francs et les salariés suisses 10 346 francs.

Cette situation était inversée lorsque l’on considère les postes de travail dépourvus de responsabilité hiérarchique. Avec 6345 francs, la rémunération des salariés de nationalité suisse a été supérieure aux salaires versés à la main-d’œuvre étrangère: 5773 francs pour les frontaliers et 5287 pour les bénéficiaires d’une autorisation de séjour.

2017–2022: les conditions de travail en Suisse

Les conditions de travail en Suisse ont changé entre 2017 et 2022. Le temps de travail effectif a diminué. Au cours de la même période, on a observé une progression des horaires de travail flexibles, du nombre de contrats à durée déterminée ainsi que du travail à domicile.

La durée annuelle effective du travail diminue

Entre 2017 et 2022, la durée annuelle effective du travail par emploi a poursuivi sa diminution pour s’établir à 1432 heures, soit une baisse de 1,9% sur cinq ans. Après une diminution plus marquée entre 2019 et 2020 en raison de la pandémie de COVID-19 (–3,0%), le nombre d’heures effectivement travaillées par emploi est resté stable entre 2021 et 2022 (–0,1%).

Sur cinq ans, la durée annuelle effective du travail a baissé chez les hommes (–3,0%), tandis qu’elle est restée inchangée chez les femmes. La baisse a été plus élevée chez les indépendants (–11,2%) que chez les salariés (–1,2%).

En considérant uniquement les salariés occupés à plein temps, la durée hebdomadaire effective du travail a diminué entre 2017 et 2022 (–72 minutes pour s’établir à 40,0 heures). À noter que le nombre d’heures est en augmentation depuis 2020: +3,1% entre 2020 et 2021 et +1,5% entre 2021 et 2022. Cette croissance fait suite à la diminution enregistrée entre 2019 et 2020 (–7,2%).


Les horaires de travail flexibles augmentent

En 2022, 47,2% des salariés travaillaient selon un horaire flexible (contre 44,0% en 2017). Les hommes bénéficiaient d’un tel horaire plus souvent que les femmes (51,8% contre 42,2%), mais la part des femmes dans ce domaine a progressé plus fortement depuis 2017 (+4,0 points de pourcentage) que celle des hommes (+2,6 points).

Les jeunes actifs occupés changent d’emploi plus souvent

Entre 2017 et 2022, la mobilité professionnelle s’est légèrement accrue en Suisse. Au total, 12,8% des personnes actives occupées ont changé d’emploi en 2022 (contre 12,1% en 2017), dont 3,9% sont restés au sein de la même entreprise tandis que les 8,9% restants ont rejoint une autre entreprise.

Le taux de changement d’emploi différait légèrement entre les femmes et les hommes (13,8% contre 11,9%). La mobilité professionnelle diminue cependant nettement avec l’âge: si environ un cinquième des 15 à 24 ans (21,4%) et des 25 à 39 ans (19,5%) ont changé d’emploi en 2022, la part correspondante n’atteignait plus que 5,1% chez les 55 à 64 ans.


Les jeunes salariés ont plus souvent un contrat de durée limitée

Au quatrième trimestre 2022, 8,8% des salariés avaient un contrat de travail de durée limitée, contre 8,4% en 2017. Cette part était plus élevée chez les femmes (9,0%) que chez les hommes (8,6%). Ce type de contrat était le plus répandu chez les salariés de 15 à 24 ans (25,1%, sans les apprentis). À l’inverse, les personnes entre 40 et 54 ans étaient celles avec la part la plus faible (4,5%).


Le taux de sous-emploi est plus important chez les femmes

Au quatrième trimestre 2022, environ 228 000 personnes travaillant à temps partiel déclaraient vouloir augmenter leur taux d’occupation à court terme. Cela représentait 4,6% de la population active. Les femmes sont plus souvent en sous-emploi que les hommes (6,8% contre 2,6%). C’est aussi le cas des travailleurs étrangers (5,5% contre 4,2% pour la population active de nationalité suisse). Parmi les personnes en sous-emploi, 25,0% recherchent un emploi à temps plein, tandis que les 75,0% restant souhaitent augmenter leur temps partiel.


Travail sur appel plus fréquent chez les salariés jeunes et de plus de 65 ans

En 2022, 16,7% des personnes actives occupées travaillaient régulièrement le soir, soit entre 19 heures et minuit, et 5,6% de nuit, soit entre minuit et 6 heures du matin. Le travail du soir concernait plus souvent les femmes (17,6%) que les hommes (15,9%), alors que le travail de nuit était plus répandu chez les hommes (6,1%) que chez les femmes (5,0%).

En 2022, 26,5% des personnes actives occupées ont travaillé régulièrement le samedi. Les femmes travaillaient plus souvent le samedi que les hommes (29,5% contre 23,9%). On observe de grandes différences selon l’âge: les personnes actives occupées de 15 à 24 ans et de 65 ans ou plus étaient les catégories d’âge les plus concernées par le travail le samedi (respectivement 32,7% et 32,6%). Le travail le dimanche concernait 15,8% de la population active occupée en 2022.

8,3% des salariés (sans les apprentis) travaillaient sur appel en 2022. Le travail sur appel était plus répandu chez les femmes (9,6%) que chez les hommes (7,0%). Si l’on considère les différents groupes d’âge, les salariés de 65 ans ou plus sont le plus souvent concernés par ce modèle de travail (27,7%); viennent ensuite les 15 à 24 ans (15,5%).


Une personne sur neuf travaille principalement à domicile en 2022

En 2022, 11,8% des personnes actives occupées travaillaient principalement depuis leur domicile Il faut distinguer le «travail à domicile» du «télétravail à domicile». Le premier terme qualifie toute activité professionnelle réalisée à domicile, alors que le second s’emploie spécifiquement lorsqu’Internet est utilisé pour échanger des informations avec l’employeur ou les clients. En d’autres termes, le «télétravail à domicile» est une forme de «travail à domicile». . Les femmes et les hommes recourent à cette forme de travail dans des proportions similaires (12,1% et 11,5%).

Hausse du nombre de personnes salariées assujetties aux conventions collectives de travail (CCT) et contrats type de travail (CTT)

Au 1er mars 2018, 581 CCT comptant un peu plus de 2,1 millions de personnes salariées assujetties ont été recensées. 566 CCT étaient des CCT avec des dispositions normatives (1,9 million de personnes assujetties) et 15 CCT sans dispositions normatives (200 000 personnes assujetties).

Concernant les CTT en Suisse édictées par le Conseil fédéral ou les cantons, 103 CTT étaient en vigueur au 1er mars 2018. Cela correspond à 77 CTT ordinaires et 26 CTT prévoyant des salaires minimaux impératifs au sein d’une branche économique ou d’une profession dont les salaires usuels font l’objet d’une sous-enchère abusive et répétée.

Dans le cadre des principales Conventions Collectives de Travail (CCT), c’est-à-dire celles qui comptent au moins 1500 personnes assujetties, les partenaires sociaux ont convenu pour 2022 d’une hausse nominale des salaires effectifs de 0,8% en moyenne (2021: 0,4%; 2020: 0,9%; 2019: 1,1%; 2018: 0,9%). Les CCT assurent une augmentation salariale souvent plus élevée de celle observée pour l’ensemble des personnes salariées.

Pour l’année 2022, 9 cas de grève ont été recensés et ont impliqué un total de 16 700 travailleurs. Cela correspond à 25 200 journées de travail non effectuées.


Situation du marché du travail au premier ­trimestre 2023 et perspectives à court terme

Le nombre des personnes actives occupées a augmenté au premier trimestre 2023 par rapport au même trimestre de l’année précédente. Le taux de chômage, tant au sens du BIT que du SECO, a reculé. Les prévisions d’évolution de l’emploi étaient par ailleurs optimistes à la fin du premier trimestre 2023: l’économie totale offrait 7000 places vacantes de plus qu’au premier trimestre 2022 (+5,9%). L’indicateur des prévisions d’évolution de l’emploi indique lui aussi une hausse de l’emploi à court terme, mais légèrement inférieur par rapport au premier trimestre 2022 (–1,0%, passant de 1,08 à 1,07 Une valeur supérieure à 1,00 indique qu’une majorité d’entreprises prévoient d’augmenter leurs effectifs dans les trois prochains mois, tandis qu’une valeur inférieure à ce seuil indique l’inverse. Une valeur de 1,00 signifie qu’aucun changement n’est attendu. ), où la valeur était la plus élevée depuis l’introduction de l’indicateur en 2004.

Hausse du nombre de personnes actives occupées et ­d’emplois

Le nombre des actifs occupés a progressé de 108 000 ou de 2,1% entre les premiers trimestres 2022 et 2023. Ce nombre a augmenté tant chez les hommes (+2,3%, atteignant 2,8 millions) que chez les femmes (+1,9%, atteignant 2,4 millions). Par ailleurs, la croissance est plus faible pour les personnes actives occupées de nationalité suisse (+0,6% atteignant 3,5 millions) que pour celles de nationalité étrangère (+5,2%, atteignant 1,8 million). Chez ces dernières, le nombre d’actifs occupés s’est principalement accru chez les titulaires d’une autorisation de séjour de courte durée L (+16,0%, atteignant 39 000 personnes), chez les titulaires d’une autorisation de séjour C (+9,2%, atteignant 506 000 personnes) ainsi que chez les frontaliers (+6,2%, atteignant 384 000 personnes).

Entre les premiers trimestres 2022 et 2023, le nombre d’emplois dans les secteurs secondaire et tertiaire a aussi progressé (+2,2%) Les évolutions différentes du nombre des actifs occupés (statistique de la population active occupée, SPAO) et du nombre des emplois (statistique de l’emploi, STATEM) peuvent, entre autres, résulter des différences quant à l’univers de base (ménages pour la première et entreprises pour la seconde), à l’unité statistique (personnes pour la première et emplois pour la seconde) et quant à la période de référence (moyenne trimestrielle pour la première et fin du trimestre pour la seconde). Lorsque la conjoncture se détériore, la SPAO tend à donner souvent une image plus positive que la STATEM, ou plus négative lorsque la conjoncture s’améliore. . L’évolution du nombre d’emplois diffère selon les branches économiques. Le recul le plus net a été enregistré dans la fabrication d’équipement électriques (–2,9%) ainsi que dans les activités de poste et de courrier (–2,4%). À l’inverse, l’emploi a notamment progressé dans les transports par eau et les transports aériens (+8,3%) ainsi que dans l’hébergement et la restauration (+6,8%).

Diminution du nombre de personnes au chômage

Au premier trimestre 2023, 216 000 personnes étaient au chômage en Suisse selon la définition du Bureau international du Travail (BIT). Ces chômeurs au sens du BIT représentaient 4,1% de la population active, contre 4,4% au premier trimestre 2022. Le taux de chômage selon le SECO se situait à 2,0% fin mars 2023, soit un niveau inférieur de 0,4 point de pourcentage à celui de fin mars 2022. Ce taux représentait en chiffres absolus quelques 93 000 personnes enregistrées au premier trimestre 2023 comme chômeurs dans un office régional de placement et une diminution de près de 17 000 personnes par rapport à 12 mois auparavant.

Hausse du nombre de places vacantes

Au premier trimestre 2023, 127 000 places vacantes ont été recensées dans les secteurs secondaire et tertiaire, soit 7000 de plus que le même trimestre de l’année précédente (+5,9%). Ce nombre a augmenté tant dans le secteur secondaire (+14,8%) que dans le secteur tertiaire (+3,2%). La part des établissements ayant eu des difficultés à recruter du personnel qualifié a aussi progressé (+2,3 points pour atteindre 41,0%) par rapport au premier trimestre 2022.

Emploi: prévisions optimistes à la fin du premier ­trimestre 2023

L’indicateur des prévisions d’évolution de l’emploi, qui représente l’intention des établissements des secteurs secondaire et tertiaire quant à leur volonté d’embaucher du personnel dans les trois mois suivants, indique que la majorité des entreprises souhaitent maintenir ou augmenter leurs effectifs durant le deuxième trimestre 2023. Toutefois, un léger recul a été observé par rapport au premier trimestre 2022 (–1,0%). Cette légère baisse a été observée aussi bien dans le secteur secondaire (–1,4%), que dans le secteur tertiaire (–0,8%). Les branches dans lesquelles les prévisions ont le plus diminuées sont les activités informatiques et services d’informations (–6,2%), l’information et la communication (–4,0%) et l’administration publique (–3,4%). À l’inverse, les prévisions ont augmenté dans les activités de services administratifs et de soutien (+1,1%), dans la santé humaine et l’action sociale ainsi que dans le transport et l’entreposage (tous deux +0,9%). L’indicateur reste cependant supérieur au seuil de 1 dans toutes les divisions économiques, indiquant que la majorité des entreprises s’attendent à maintenir ou accroître leurs effectifs.


Le marché suisse du travail en comparaison internationale

Le marché suisse du travail est performant en comparaison internationale. Le taux d’activité et la participation des femmes à la vie active figurent tous deux parmi les plus élevés d’Europe. La participation à la vie active des femmes relativement élevée s’explique par la fréquence du travail à temps partiel: la part des personnes actives occupées à temps partiel est nettement plus grande en Suisse que dans la plupart des autres pays européens. Les salaires en Suisse, convertis en euros, sont plus élevés que dans les pays de l’Union européenne (UE). Si l’on convertit les salaires en standards de pouvoir d’achat pour tenir compte des écarts entre les niveaux de prix, les différences s’estompent.

Taux d’activité élevé en Suisse

Au quatrième trimestre 2022, le taux d’activité de la population de 15 ans ou plus se situait à 67,5% en Suisse, soit l’un des taux les plus élevés d’Europe. Seuls l’Islande et les Pays-Bas atteignaient un taux d’activité plus élevé (74,1% et 68,3%), tandis que les pays voisins de la Suisse affichaient des taux nettement plus faibles (Allemagne: 61,9%; Autriche: 61,5%; France: 56,2%, ­Italie: 49,4%). L’Italie possède le taux d’activité le plus bas d’Europe, juste derrière la Roumanie (51,7%), la Grèce (51,9%) et la Croatie (52,5%). La moyenne de l’UE se situe à 57,8%.


Forte participation des femmes à la vie active en Suisse et dans les pays nordiques

La participation des femmes à la vie active varie fortement d’un pays à l’autre. En Italie, deux cinquièmes des femmes de 15 ans et plus (41,2%) sont actives, tandis que les pays du Nord de l’Europe affichent des taux supérieurs à 60% (Islande: 70,6%; Pays-Bas: 64,0%; Suède: 62,8%; Norvège: 61,8%;), tout comme l’Estonie (60,8%) et Chypre (60,4%). En moyenne européenne, une femme sur deux est active (52,2%). Comparée aux pays européens, la Suisse arrive en quatrième position avec un taux de 62,3%; dans les pays voisins, la participation des femmes à la vie active est nettement plus basse (Allemagne: 56,8%; Autriche: 56,4%; France: 52,5%). En Suisse, la participation des femmes à la vie active est favorisée par une offre importante d’emplois à temps partiel. Dans notre pays, 39,7% des personnes actives occupées travaillent à temps partiel (femmes: 60,8%). Seuls les Pays-Bas affichent une proportion plus élevée (43,7%; femmes: 63,9%). La part des personnes actives occupées à temps partiel est particulièrement faible en Bulgarie (1,9%; femmes: 2,2%), en Slovaquie (3,4%; femmes: 4,6%) et en Roumanie (3,7%; femmes: 3,1%).

La participation des hommes à la vie active est plus élevée que celle des femmes dans tous les pays considérés. Elle atteint sa valeur la plus élevée en Islande (77,3%), qui est suivie par la Suisse (72,8%). Elle est nettement plus basse dans les pays voisins de la Suisse (Allemagne: 67,2%; Autriche: 66,8%; France: 60,1%; Italie: 58,1%) et se monte à 63,8% en moyenne européenne.

Taux de chômage relativement faible en Suisse

Entre le quatrième trimestre 2021 et le quatrième trimestre 2022, le taux de chômage au sens du BIT a diminué de 0,3 point en Suisse pour atteindre 4,1%. Le taux moyen de l’UE a également diminué de 0,3 point au cours de la période correspondante pour atteindre 6,1%. Par rapport aux Etats membres de l’UE, la Suisse fait partie des pays ayant un faible taux de chômage au sens du BIT. Ce taux est plus élevé en Italie (7,9%), en France (7,3%) ainsi qu’en Autriche (4,8%), mais il est plus faible en Allemagne (3,0%). Les taux les plus bas sont mesurés en Tchéquie (2,2%), à Malte et en Pologne (2,9%). À l’inverse, la Grèce et l’Espagne sont les pays d’Europe où le taux de chômage au sens du BIT est le plus élevé, avec respectivement 11,9% et 12,9%.


Les salaires en comparaison internationale

La comparaison des salaires annuels bruts moyens dans l’industrie et les services marchands met en évidence l’écart salarial existant parmi les pays de l’UE. Des différences marquées sont à observer non seulement entre les pays de l’UE-15 et les nouveaux pays membres entrés dans l’UE depuis 2004, mais également à l’intérieur des deux groupes de pays.

Dans l’UE-15, on observe toujours un décalage entre les pays du Nord et ceux du Sud: en 2018 les salaires annuels bruts les plus élevés sont enregistrés au Luxembourg (64 932 euros), les plus bas au Portugal (18 111 euros). L’écart salarial augmente encore si l’on considère les nouveaux pays membres: en 2018 la Lituanie (11 959 euros), la Roumanie (11 874 euros) et la Bulgarie (8147 euros) viennent clore le classement des salaires annuels bruts moyens en euros. Avec un salaire annuel brut moyen de 79 442 euros, niveau influencé en partie par la force du franc, la Suisse figure en première position devant le Luxembourg.

Afin de comparer des salaires qui traduisent de manière réelle leur pouvoir d’achat, les salaires exprimés en monnaie nationale doivent être convertis dans une devise commune artificielle appelée «standard de pouvoir d’achat» (SPA). La prise en compte des différences de niveaux de prix entre les pays nous amène à reconsidérer l’ampleur de l’écart salarial observé entre les pays. En effet, exprimés en euros, les salaires payés en Suisse sont presque dix fois plus élevés que ceux payés en Bulgarie (+875%) alors que la différence est près de quatre fois moindre (+225%) une fois les salaires convertis en SPA. Si l’on considère les pays voisins, exprimés en euros, les salaires annuels payés en Suisse sont 71% plus élevés que ceux versés en Autriche, 77% plus élevés qu’en Allemagne, 109% plus élevés qu’en France et 128% plus élevés qu’en Italie. L’écart se réduit si la comparaison des salaires bruts moyens est faite sur la base de leur niveau en SPA. Les écarts ne sont plus que de +23% avec l’Autriche, +21% avec l’Allemagne, +52% avec la France et +51% avec l’Italie.