2 Flux migratoires et indicateurs ­démographiques

La migration est le mouvement d’une personne ayant pour effet de transférer son domicile principal d’un lieu d’origine à un lieu de destination. Ces mouvements peuvent aussi bien concerner la population suisse que la population étrangère. Dans la migration internationale, seuls les changements de résidence impliquant le passage d’une frontière internationale sont pris en compte.

La première partie de ce chapitre présente différents indicateurs liés aux flux migratoires. Ces derniers contribuent au changement en termes de taille et de composition de la population étrangère, de celle née à l’étranger et de celle issue de la migration.

La deuxième partie de ce chapitre présente différents indicateurs démographiques relatifs à l’acquisition de la nationalité, à la nuptialité et à la fécondité. La naturalisation est une étape importante du processus d’intégration et un prérequis pour certaines formes de participation au sein de la société. Ainsi, elle mène à l’octroi de tous les droits civiques et notamment ceux politiques. Elle dépend d’un côté des conditions définies par la société d’accueil et, de l’autre côté, de la volonté des étrangers à faire ce pas. La nuptialité et la fécondité renseignent sur le comportement reproductif et les pratiques relatives à la vie familiale des différentes populations présentes en Suisse.

2.1 Immigration

Du point de vue de la Suisse, l’immigration correspond à une migration de l’étranger vers la Suisse. Elle concerne aussi bien les citoyens suisses qu’étrangers, bien qu’il s’agisse dans les deux cas en majorité de personnes nées à l’étranger. En 2021, 166 900 personnes ont immigré en Suisse. Depuis 2012, ces chiffres ont légèrement fluctué. Deux augmentations peuvent être observées en 2013 et 2016, où le nombre d’immigrations a dépassé la barre des 190 000, suivies d’une diminution jusqu’en 2020, puis d’une légère augmentation en 2021 (cf. graphique G11).

Dans les années cumulées de 2012 à 2021, les immigrations sont majoritairement masculines (environ 53%), quelle que soit la nationalité des immigrés. Parmi les personnes de nationalité suisse, plus des deux tiers des immigrations concernent des personnes en âge de travailler (20–39 ans et 40–64 ans), respectivement 39% et 28%. Concernant les étrangers, les personnes en âge de travailler représentent une part encore plus importante, à savoir les quatre cinquièmes des immigrations (59% et 21%).  

Immigration

Taux brut d’immigration

Dans les années cumulées de 2012 à 2021, 14% des immigrations concernent des personnes de nationalité suisse, 84% des personnes de nationalité étrangère. Parmi ces dernières, 66% proviennent d’un pays membre de l’UE-27/AELE, 10% d’un autre pays européen et 24% d’autres pays du monde. Si l’on s’intéresse de plus près aux nationalités des personnes étrangères qui ont immigré en Suisse pendant cette même période, on observe que les immigrations concernent en premier lieu des personnes de nationalité allemande, soit 15% en moyenne (cf. graphique G12). Les Italiens, les Français et les Portugais suivent de près avec des pourcentages équivalents (respectivement 11%, 9% et 8%). Les autres nationalités étrangères ne dépassent pas les 5%.

Lorsque l’on s’intéresse aux pays de provenance des immigrés de nationalité étrangère Le pays de provenance est le pays où la personne a séjourné de manière permanente juste avant son arrivée en Suisse. , les pays les plus représentés se recoupent largement avec leur nationalité. 

Données actuelles pour Graphique G12

Entre 2012 et 2021, le pays de provenance le plus fréquent parmi les immigrations de citoyens suisses est la France (16%), suivie par l’Allemagne (8%), les États-Unis (7%) et l’Italie (5%). Le reste des pays de provenance présentent des taux inférieurs à 5%. Dans près d’une immigration sur 10, le pays de provenance des personnes de nationalité suisse qui immigrent en Suisse n’est pas indiqué (cf. graphique G13). Ce chiffre a cependant légèrement diminué au cours de la période d’observation (–5,6 points de pourcentage).

Pour les personnes de nationalité étrangère, l’Allemagne est le pays de provenance le plus fréquemment mentionné (13%), suivie par l’Italie (9%), la France (8%) et le Portugal (5%). Les autres pays ne dépassent pas les 5%. La part des pays de provenance pour lesquels nous n’avons pas d’indication est encore plus importante (moyenne de 21% entre 2012 et 2021, mais diminution de 3,9 points de pourcentage pendant la même période).

2.1.1 Taux brut d’immigration Nombre d’immigrations pour 1000 personnes de la population résidante permanente moyenne.

Depuis 2012, le taux brut d’immigration des personnes de nationalité suisse a légèrement diminué. Il a connu une première augmentation entre 2013 et 2014, suivie d’une diminution jusqu’en 2019 et d’une nouvelle légère augmentation en 2020. Il a à nouveau diminué en 2021 (cf. graphique G11). On compte donc 3,4 immigrations de personnes de nationalité suisse pour 1000 personnes de la population résidante permanente moyenne La population moyenne correspond à la moyenne arithmétique des effectifs de la population résidante permanente au 1er janvier et au 31 décembre d’une année civile. en 2021.

Concernant le taux brut d’immigration des personnes de nationalité étrangère, les valeurs sont plus élevées. Néanmoins, on observe également une diminution de 17,5 points de pour mille depuis 2012. En 2021, il y a eu 64,4 immigrations de personnes de nationalité étrangère pour 1000 personnes de la population résidante permanente moyenne.

Données actuelles pour Graphique G13

2.2 Émigration

Du point de vue de la Suisse, une émigration est une migration de la Suisse vers l’étranger. Comme mentionné précédemment, l’émigration concerne aussi bien les citoyens suisses qu’étrangers.  

Émigration

Taux brut d’émigration

Les émigrations ont augmenté depuis 2012. Alors qu’on comptait 103 900 émigrations en 2012, ce chiffre a augmenté jusqu’à 130 200 en 2018, puis a diminué jusqu’à 109 400 en 2020. Il a de nouveau légèrement augmenté jusqu’à 116 800 en 2021 (cf. graphique G14). Entre 2012 et 2021, quelle que soit la nationalité des personnes qui émigrent, il s’agit plus fréquemment d’hommes que de femmes (52% d’hommes pour les Suisses et 56% pour les étrangers). Comme pour les immigrations, près des quatre cinquièmes des émigrations concernent des personnes en âge de travailler: 43% des émigrés suisses et 51% des émigrés étrangers ont entre 20 et 39 ans, respectivement 30% et 29% ont entre 40 et 64 ans.

Dans les années cumulées de 2012 à 2021, la plupart des personnes qui ont quitté la Suisse sont de nationalité étrangère (75% contre 25% pour les Suisses) (cf. graphique G15). Parmi les personnes de nationalité étrangère, 66% sont des ressortissants d’un pays membre de l’UE-27/AELE, 10% d’un autre pays d’Europe et 24% d’un autre pays du monde. Si l’on s’intéresse de plus près aux nationalités des personnes étrangères qui ont émigré de Suisse pendant la même période, on observe que les émigrations concernent principalement des personnes de nationalité allemande (17% en moyenne). Les Portugais, les Italiens et les Français suivent de près avec des pourcentages aux alentours des 9%. Le reste des nationalités étrangères ne dépassent pas les 5%. 

Données actuelles pour Graphique G15

Le pays de destination le plus fréquent parmi les émigrations des personnes de nationalité suisse de 2012 à 2021 est la France (16%), suivie par l’Allemagne (9%), les États-Unis (6%) et le Royaume-Uni (5%). Les autres pays de destination présentent des taux inférieurs à 5%. On remarque également que dans plus d’une émigration sur 10 le pays de destination n’est pas indiqué (cf. graphique G16). Cette proportion a cependant diminué au cours de la période d’observation (–4,6 points de pourcentage).

Pour les émigrés de nationalité étrangère, l’Allemagne est le pays de destination le plus représenté (15%), suivie par la France (8%), le Portugal (8%), l’Italie (7%) et les États-Unis (5%). Les autres pays ne dépassent pas les 5%. La part des pays de destination pour lesquels nous n’avons pas d’indication est proche de celle des Suisses (11% en moyenne pour toute la période entre 2012 et 2021, mais diminution de 3,9 points de pourcentage au cours de cette période).

  

Données actuelles pour Graphique G16

2.2.1 Taux brut d’émigration Nombre d’émigrations pour 1000 personnes de la population résidante permanente moyenne.

Depuis 2012, le taux brut d’émigration des personnes de nationalité suisse est resté stable autour de 5‰ (cf. graphique G14). En 2021, on peut compter 4,4 émigrations de Suisses pour 1000 personnes de la population résidante permanente moyenne.

Le taux brut d’émigration des étrangers a, quant à lui, diminué de 0,5 point de pour mille depuis 2012. En d’autres termes, pour 1000 personnes de la population résidante permanente moyenne en 2021, 39,5 émigrations de personnes de nationalité étrangère se sont produites.

2.3 Solde migratoire

Le solde migratoire correspond à la différence entre le nombre de personnes qui sont entrées dans une zone géographique donnée – dans notre cas, la Suisse – et le nombre de celles qui en sont sorties au cours d’une période donnée. En d’autres termes, il s’agit de la différence entre les immigrations et les émigrations.

Depuis 2012, le solde migratoire des personnes de nationalité suisse est négatif, alors que celui des étrangers est positif. Les Suisses ont donc été plus nombreux à quitter la Suisse qu’à y entrer. Inversement, le solde positif des étrangers signifie que, sur la période d’observation, on enregistre en Suisse plus d’immigrations que d’émigrations de personnes de nationalité étrangère. Depuis 2012, le solde migratoire total et celui des étrangers a diminué, alors que celui des Suisses a augmenté.

Données actuelles pour Graphique G17

Les écarts entre le nombre d’immigrations et d’émigrations sont les plus élevés parmi les personnes âgées de 20 à 39 ans (–3 277 chez les Suisses et +50 933 chez les étrangers). Le solde migratoire négatif chez les Suisses indique que les personnes de 20 à 39 ans sont plus nombreuses à quitter le pays qu’à y entrer. C’est l’inverse pour les personnes de nationalité étrangère. Le solde migratoire des citoyens des divers pays membres de l’UE-27/AELE est positif pour toutes les nationalités. Les Italiens et les Allemands présentent les soldes les plus élevés (moyenne annuelle de respectivement +10 022 et +8664 sur la période 2012–2021). Les Croates et les citoyens de pays de l’AELE présentent les soldes les plus bas (moyenne de +160 et +45 sur la même période d’observation). Depuis 2017, les Portugais présentent chaque année un solde migratoire négatif (–858 en 2017, –2176 en 2018, –2673 en 2019, –2530 en 2020 et –2608 en 2021). Dans les années cumulées de 2012 à 2021, le solde migratoire moyen des personnes avec une nationalité du continent asiatique (+8706) est supérieur à celui des personnes avec une nationalité du continent africain (+4709), américain (+3323) ou océanien (+94).

2.4 Taux de migration de retour

Le taux de migration de retour correspond au nombre d’émigrations pour 1000 immigrations dans la même année civile. Ce taux représente ainsi le rapport entre le nombre d’immigrations et d’émigrations: plus le taux de migration de retour est élevé, plus le nombre d’émigrations dépasse celui des immigrations au cours de l’année civile concernée.

De 2012 à 2021, le taux de migration de retour a plus augmenté pour les étrangers que pour les Suisses (cf. graphique G18). Une diminution du taux de migration de retour des étrangers peut être observée entre 2012 et 2013, suivie d’une augmentation jusqu’en 2018 et d’une nouvelle diminution jusqu’en 2020. Une augmentation peut à nouveau être observée en 2021. Le taux de migration de retour des Suisses a diminué entre 2012 et 2014, suivie d’une augmentation entre 2015 et 2017. À partir de 2018, on remarque à nouveau une diminution, surtout en 2020. Le taux de migration de retour des Suisses a à nouveau augmenté en 2021.

Le taux de migration de retour de la population de nationalité suisse est cependant en moyenne près de trois fois plus élevé que celui de la population étrangère (en 2021, 1297 émigra­tions pour 1000 immigrations pour les Suisses, contre 614 pour les étrangers). Ainsi, le nombre d’émigrations est supérieur au nombre d’immigrations chez les Suisses, alors que c’est le contraire chez les étrangers.

   

Données actuelles pour Graphique G18

Données longitudinales

Afin de mesurer le taux de retour des migrants, ainsi que leur durée de résidence en Suisse, il est intéressant de recourir à des données longitudinales. Les données transversales (utilisées dans la présente publication) nous permettent de calculer le nombre d’émigrations pour 1000 immigrations, sachant que les personnes qui entrent en Suisse ne sont pas forcément les mêmes que celles qui la quittent. Les données longitudinales permettent au contraire de suivre une cohorte de personnes arrivées en Suisse durant une même année et d’observer leurs mouvements migratoires successifs.

La statistique démographique longitudinale (DVS) (www.statistique.ch → Trouver des statistiques → Population Migration et intégration → Migration internationale → Trajectoires migratoires ) repose sur les données démographiques de la statistique de la population et des ménages (STATPOP). Elle se réfère à la population résidante permanente et la population résidante non permanente recensée au moins une fois dans la STATPOP depuis le 31 décembre 2010. La DVS fournit des données individuelles qui permettent d’établir des indicateurs longitudinaux dans le domaine démo­graphique et de les mettre à jour année après année. Le premier module de cette statistique est consacré aux trajectoires migratoires. Il permet des analyses de cohortes comme par exemple le calcul de taux de retour des personnes ayant émigré en 2011 selon leur lieu de naissance et leur nationalité. On voit ainsi que, 10 ans plus tard (en 2021), les Suisses nés en Suisse présentent le taux de retour le plus élevé (55%), alors que celui des étrangers nés à l’étrangers est le plus bas (17%).

2.5 Acquisition de la nationalité suisse

Acquisition de la nationalité suisse

(cf. www.fedlex.admin.ch/eli/cc/2016/404/fr )

On parle d’acquisition de la nationalité suisse lorsqu’une personne de nationalité étrangère obtient le passeport suisse. Cette personne est dès lors prise en compte dans les statistiques de la population de nationalité suisse. Il existe cinq modes d’acquisition de la nationalité suisse:

1. Naturalisation ordinaire: pour les étrangers résidants n’ayant ni parent, ni conjoint de nationalité suisse.

2. Naturalisation facilitée: pour les étrangers résidants qui ont un conjoint ou un parent suisse et pour les étrangers de 3e génération.

3. Réintégration: pour les étrangers résidants qui ont perdu leur nationalité suisse.

4. Constatation de la nationalité suisse: personnes qui ont été saisies en tant qu’étrangères dans le registre de l’état civil, alors qu’elles possédaient la nationalité suisse.

5. Adoption d’un enfant mineur: enfant mineur étranger adopté par des Suisses.

La naturalisation diminue la proportion de personnes étrangères tout en augmentant celle des personnes de nationalité suisse. Elle n’a cependant aucun effet sur la taille de la population née à l’étranger. En ce qui concerne la population issue de la migration, elle a seulement un impact sur les personnes nées en Suisse dont les deux parents sont nés en Suisse. Suite à une naturalisation, ces dernières passent de la population issue de la migration Dans la typologie de la population selon le statut migratoire adaptée pour la mesure de l’intégration à celle non issue de la migration.

La naturalisation ouvre la voie à une participation politique active beaucoup plus vaste, notamment concernant le droit de vote et l’éligibilité. Elle seule assure une égalité juridique formelle avec les citoyens suisses (de naissance) dans les formes directes et indirectes de participation aux décisions démocratiques. Le nombre de naturalisations est d’une part tributaire de la volonté des étrangers à accéder à la citoyenneté. D’autre part, il dépend des critères et pratiques du pays d’accueil qui peuvent limiter ou favoriser la naturalisation. Ceux-ci peuvent à leur tour avoir un impact sur la disposition des étrangers à demander la nationalité. Dans le cas de la Suisse, la naturalisation n’est jamais automatique. De nombreuses conditions doivent être remplies avant de pouvoir prétendre à la naturalisation et la procédure est souvent longue et coûteuse.

En 2021, près de 37 000 personnes ont acquis la nationalité suisse. 52% des personnes ayant acquis la nationalité suisse sont des femmes, 48% des hommes. 37% des acquisitions de la nationalité concerne des personnes nées en Suisse, 63% des personnes nées à l’étranger. Parmi ces dernières, la majorité des acquisitions est observée chez les personnes résidant en Suisse depuis 10 à 14 ans (38%) et 15 à 19 ans (23%). Ces durées correspondent à la durée de résidence minimale de 12 ans qui était exigée jusqu’au 1er janvier 2018 pour déposer une demande de naturalisation. Sur l’ensemble des personnes ayant acquis la nationalité suisse, la majorité ont entre 25 et 39 ans (20%) et entre 40 et 54 ans (30%). 82% des acquisitions de la nationalité suisse sont des naturalisations ordinaires et 18% des naturalisations facilitées.

Si l’on s’intéresse à la nationalité que possédaient les personnes avant d’adopter la nationalité suisse Pour les pays qui acceptent la double nationalité, la nationalité antérieure n’est pas forcément perdue en cas d’obtention de la nationalité suisse (voir chapitre 2.6.1). , on remarque que plus de la moitié d’entre elles avait un passeport d’un pays membre de l’UE-27/AELE (59%). Les ressortissants d‘autres pays d’Europe et d‘autres pays du monde représentent respectivement 24% et 17% des personnes ayant acquis la nationalité suisse en 2021. En 2021, les nationalités allemande, italienne, française, kosovare et portugaise font partie du top 5 des nationalités antérieures les plus représentées (respectivement 21%, 11%, 9%, 7% et 6%). Néanmoins, ce classement varie en fonction du lieu de naissance des personnes qui ont acquis la nationalité suisse. La nationalité antérieure la plus représentée parmi les personnes nées en Suisse est la nationalité italienne (16%), suivie de l’allemande (14%). Les nationalités kosovare (10%), portugaise (7%) et turque (7%) arrivent en 3e, 4e et 5e positions. Parmi les personnes nées à l’étranger, la nationalité allemande est la nationalité antérieure la plus fréquente (26%), suivie de la française (10%), de l’italienne (8%), de la kosovare (5%) et de la portugaise (5%).

2.5.1 Taux brut de naturalisation

Taux brut de naturalisation

Le taux brut de naturalisation indique le rapport entre le nombre d’acquisitions de la nationalité suisse enregistrées durant une année civile et l’effectif des titulaires d’une autorisation de séjour ou d’établissement au début de la même année civile, qui correspond plus ou moins à la population éligible pour une naturalisation. Il se calcule en divisant le nombre de personnes obtenant la naturalisation dans l’année X par l’effectif des titulaires d’une autorisation de séjour ou d’établissement au 1er janvier de l’année considérée. Toutefois, cet indicateur ne dit rien sur le nombre de demandes de naturalisation refusées.

En 2021, le taux brut de naturalisation est de 1,8% (cf. graphique G19). Le taux est près de trois fois plus élevé parmi les personnes nées en Suisse que parmi celles nées à l’étranger (3,5% contre 1,3%).

Le taux de naturalisation est pratiquement identique chez les femmes et les hommes (environ 2%). La classe d’âge 15–19 ans est la classe d’âge avec le taux de naturalisation le plus élevé (4,5% contre en moyenne 1,5% pour les autres classes d’âge). En raison de leur âge, ces jeunes remplissent tout juste les condi­tions de durée de résidence minimale exigée pour déposer une demande de naturalisation. Les ressortissants d’autres pays d’Europe et d’autres pays du monde présentent un taux de naturalisation légèrement supérieur à celui des personnes provenant d’un pays membre de l’UE-27/AELE (respectivement environ 2% contre 1,6%).

Pour la majorité des cantons, les taux bruts de naturalisation se situent entre 1% et 2%. Les cantons de Zurich, de Bâle-Ville et de Genève présentent les taux de naturalisation les plus élevés (environ 2%). De l’autre côté de l’échelle, Obwald, Soleure et Appenzell Rhodes-Extérieures affichent les taux les plus bas (environ 1%).

Données actuelles pour Graphique G19

2.6 Double nationalité

Double nationalité

Généralement, le terme de double nationalité désigne le fait de posséder au moins deux nationalités différentes. Dans les analyses ci-dessous, sont uniquement considérées les per-sonnes qui ont une nationalité étrangère en plus de la nationalité suisse. Dans la statistique publique, ces personnes sont comptées dans la population suisse. Elles peuvent être suisses de naissance (nées d’un parent suisse et d’un parent étranger) ou par acquisition.

Les personnes de 15 ans ou plus ayant la double nationalité représentent 19% de la population résidante permanente en 2020 (1 028 300 personnes). Dans la population ayant la double nationalité, 65% ont obtenu la nationalité suisse par naturalisation, alors que 35% l’avaient déjà à la naissance.  

Version actuelle du Graphique G20

Données actuelles pour Graphique G20

Les femmes sont un peu plus nombreuses à posséder la double nationalité que les hommes (55% contre 46%). La double nationalité est particulièrement répandue chez les personnes âgées de 20–39 ans et celles âgées de 40–64 ans (respectivement 33% et 45%). Seuls 9% des 15–19 ans possèdent une double nationalité, ce qui témoigne du fait que l’acquisition de la nationalité à la naissance est moins fréquente que celle par naturalisation. Les 65 ans ou plus sont également moins nombreux à avoir une nationalité étrangère en plus de la nationalité suisse (moins de 15%). Ceci peut en partie s’expliquer par le fait que la Suisse ne reconnait la double nationalité que depuis 1992. Les personnes nées en Suisse et à l’étranger présentent des proportions de doubles nationaux quasi identiques (respectivement 49% et 51%).

2.6.1 Deuxième nationalité

La nationalité étrangère la plus représentée dans la population ayant la double nationalité est l’italienne (24%), suivie de la française (11%) et de l’allemande (9%).  

Version actuelle du Graphique G21

Données actuelles pour Graphique G21

2.6.2 Mode d’acquisition de la nationalité suisse

Parmi les dix groupes de doubles nationaux les plus représentés, la part des personnes ayant obtenu la nationalité suisse par naturalisation est presque toujours plus importante que celle l’ayant obtenue à la naissance. Ceci est particulièrement vrai pour les personnes ayant comme deuxième nationalité la macédonienne, la serbe ou la kosovare. Au sein de ces groupes, plus de 90% des personnes ont acquis la nationalité suisse par naturalisation. Le pourcentage d’individus ayant obtenu la nationalité suisse par naturalisation ou à la naissance est plus proche chez les individus qui ont une deuxième nationalité italienne (56% contre 44%), française (42% contre 58%) ou britannique (55% contre 45%). Seuls les doubles nationaux franco-suisses obtiennent plus souvent la nationalité suisse à la naissance que par naturalisation (58% et 42% respectivement).

Version actuelle du Graphique G22

2.6.3 Répartition cantonale

La population ayant la double nationalité ne se répartit pas de manière homogène entre les cantons. Au niveau suisse, 19% de la population résidante permanente de 15 ans ou plus a une deuxième nationalité (en plus de la nationalité suisse). Ce taux dépasse 20% dans les cantons de Zurich, de Bâle-Ville, du Tessin, de Vaud, de Neuchâtel et de Genève, canton où il atteint la valeur la plus élevée (47%). Les cantons avec la plus faible proportion de doubles nationaux sont les cantons d’Uri, de Schwyz, d’Obwald, de Nidwald et d’Appenzell Rhodes-Intérieures où les valeurs ne dépassent pas les 10%.  

Version actuelle du Graphique G23

Données actuelles pour Graphique G23

2.7 Famille et reproduction

2.7.1 Mariages mixtes

Mariages mixtes

Généralement, un mariage mixte est une union entre deux personnes ayant une nationalité différente. Pour les besoins de la présente analyse, les unions entre une personne de nationalité suisse et une personne d’une nationalité étrangère sont considérées comme des mariages mixtes. Les mariages entre personnes ayant deux nationalités étrangères différentes ne sont pas comptés comme mixtes dans ces analyses. Une personne ayant une nationalité étrangère en plus de la nationalité suisse (double national) est considérée comme Suisse dans la statistique publique.

Le nombre de mariages mixtes montre ainsi dans quelle mesure les migrants et leurs descendants se marient avec des personnes de la population de nationalité suisse.

Entre 2017 et 2019, 10% des personnes mariées vivaient dans un mariage mixte. Environ 6% des Suisses nés en Suisse étaient mariés avec une personne de nationalité étrangère. Parmi les Suisses nés à l’étranger, le taux était plus de deux fois plus élevé (13%). Il y avait moins d’écart entre les personnes de nationalité suisse et étrangère nées à l’étranger (13% contre 19%) qu’entre les Suisses et étrangers nés en Suisse (6% contre 18%).

  

Version actuelle du Graphique G24

Données actuelles pour Graphique G24

Parmi les personnes nées en Suisse, les ressortissants de l’UE-28/AELE Il s’agit ici du regroupement «UE-28», car ces analyses portent sur les années 2017 à 2019 qui précèdent la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (Brexit) le 31 janvier 2020. vivent bien plus souvent dans un mariage mixte (23%) que les Suisses, les personnes provenant des autres pays d’Europe et des autres pays du monde (entre 6% et 12%).

Au sein des personnes nées à l’étranger, les ressortissants des autres pays du monde sont plus nombreux à vivre dans un mariage mixte (24%) que ceux des autres pays d’Europe (22%), des pays membres de l’UE-28/AELE (15%) et les Suisses (15%).

2.7.2 Taux de fécondité par âge

Taux de fécondité par âge

Le taux de fécondité par âge des femmes correspond au nombre de naissances vivantes durant une année civile chez les femmes d’un âge donné divisé par la population féminine permanente moyenne du même âge de la même année civile.

Les taux de fécondité par âge des femmes sont comparés afin d’observer les convergences respectivement les divergences de comportement. Il permet de connaître le contexte démographique et les différents défis que rencontrent les groupes de population dans l’organisation de la vie familiale. Ainsi, par exemple, dans le contexte politique et social actuel de la Suisse, une mère ayant des enfants jeune rencontrera plus d’obstacles dans sa formation et dans la construction d’une carrière professionnelle.

En 2021, le taux de fécondité des mères de moins de 30 ans est plus élevé parmi celles nées à l’étranger que parmi celles nées en Suisse (cf. graphique G25). Entre 15 et 19 ans, par exemple, il est plus de trois fois plus élevé pour les étrangères (environ 3‰ contre moins de 1‰). Entre 30 et 44 ans, la tendance s’inverse, mais seulement pour les Suissesses. Les femmes étrangères nées à l’étranger de 35 à 44 ans présentent toujours des taux de fécondité plus élevés que les femmes étrangères nées en Suisse du même âge. 

Données actuelles pour Graphique G25

2.7.3 Indicateur conjoncturel de fécondité

Indicateur conjoncturel de fécondité

L’indicateur conjoncturel de fécondité (ICF) renvoie au nombre moyen d’enfants que mettrait au monde une femme si elle se comportait conformément à la fécondité par âge observée au cours d’une année donnée. L’ICF correspond à la somme des taux de fécondité de tous les âges définis comme féconds (15–49 ans).

En 2021, les ICF des mères suisses et étrangères nées en Suisse sont proches (respectivement 1,43 et 1,51, cf. graphique G26). Parmi les femmes nées à l’étranger en revanche, il y a plus de différences et les indicateurs sont plus élevés: les Suissesses ont un ICF de 1,43 et les étrangères de 1,82.

Données actuelles pour Graphique G26