La présentation du profil des étudiants des hautes écoles permet de connaître la structure et les caractéristiques de cette population particulière. Elle constitue un point de départ pour comprendre les analyses thématiques conduites dans les chapitres suivants.
Premièrement, ce chapitre présente le système des hautes écoles en Suisse. Deuxièmement, la population étudiante est décrite à partir de caractéristiques démographiques telles que l’âge, le sexe, les relations de couple et la parentalité. Troisièmement, ce chapitre propose des analyses sur l’origine sociale et l’environnement familial des étudiants et, quatrièmement, sur leurs statuts migratoires. Les graphiques et tableaux de ce chapitre ont été construits à partir de deux sources différentes de données: le Système d’information universitaire suisse (SIUS) et l’enquête sur la situation sociale et économique des étudiantes et des étudiants (SSEE).
Le présent rapport repose sur les données de l’enquête 2020 sur la situation sociale et économique des étudiantes et des étudiants (SSEE). Cette enquête considère les étudiants qui étaient, au semestre d’automne 2019/2020, immatriculés dans une haute école suisse (HEU, HES et HEP) pour suivre des études menant à un bachelor ou à un master ou pour suivre une autre formation (formation d’enseignant au secondaire II, prestations complémentaires entre le bachelor et le master et licence (ancien diplôme)). Les personnes effectuant un doctorat ou suivant des cours de formation continue ne sont pas prises en compte.
Les résultats du présent rapport représentent la situation des étudiants au semestre de printemps 2020 avant la pandémie de COVID-19 Voir à ce sujet l’explication dans l’annexe de ce rapport (chap. A1). .
1.1 Les étudiants dans les hautes écoles en Suisse
En Suisse, le système des hautes écoles comprend les universités cantonales, les écoles polytechniques fédérales, les hautes écoles spécialisées et les hautes écoles pédagogiques Consulter la description détaillée de la situation des hautes écoles dans OFS (2013): Personnes en formation. Neuchâtel: OFS. Page 38 ss. . Pour l’année académique 2019/2020, 216 780 personnes sont inscrites dans les hautes écoles suisses afin de préparer un bachelor, un master ou une autre formation (formation d’enseignant au secondaire II, prestations complémentaires entre le bachelor et le master et licence [ancien diplôme]). La majorité d’entre elles (57%, 123 077 personnes) étudie dans les hautes écoles universitaires (HEU), dont font partie les universités cantonales, les deux écoles polytechniques fédérales et la formation universitaire à distance. 33% (72 429) sont inscrites dans une haute école spécialisée (HES) et 10% (21 274) étudient dans une haute école pédagogique (HEP).
La plupart des universités cantonales proposent une offre diversifiée du point de vue des domaines de formation Pour une répartition des étudiants dans les hautes écoles universitaires selon le groupe de domaines d’études et le niveau d’études, voir OFS (2013): Personnes en formation. Neuchâtel: OFS. Pages 47–58. . Les universités de Saint-Gall (UNISG), de Lucerne (UNILU) et l’Università della Svizzera italiana (USI) font toutefois exception, dans la mesure où la palette des formations offertes est plus limitée. Dans les écoles polytechniques de Lausanne (EPFL) et de Zürich (ETHZ), la formation est axée sur les Sciences naturelles et exactes ainsi que sur les Sciences techniques.
S’agissant des HES, les formations offertes sont davantage tournées vers la pratique, en comparaison avec celles dispensées en HEU. La plupart des HES proposent également un large éventail de domaines de formations Pour une répartition des étudiants dans les hautes écoles spécialisées selon le domaine d’études et le niveau d’études, voir OFS (2013): Personnes en formation. Neuchâtel: OFS. Pages 47–58. , à l’exception de l’une d’entre elles: l’HES Kalaidos (KAL), principalement spécialisée dans le domaine de l’Économie et des services. Également tournée vers la pratique et l’apprentissage d’un métier, la formation des enseignants est dispensée dans les HEP. Toutefois, la formation des enseignants est incluse dans la typologie des domaines d’études HES / HEP Voir la nomenclature des (groupes) de domaines d’études en annexe. À propos des HEP, voir OFS (2013): Personnes en formation. Neuchâtel: OFS. Page 38 et 54. .
Pour l’année académique 2019 / 2020, 62% des étudiants des HEU sont inscrits en bachelor, 37% en master et seulement 2% préparent une autre formation. Cette répartition s’explique notamment par le fait que les cursus de master sont en général plus courts que les cursus de bachelor. Par ailleurs, les étudiants sont plus nombreux à préparer un bachelor qu’un master, car, d’une part, ils ne poursuivent pas toujours leurs études en master Voir à ce sujet OFS (2015): Transitions et parcours dans le degré tertiaire. Neuchâtel: OFS. Page 30 ss. . Ils peuvent par exemple opter pour un autre type de hautes écoles (HES ou HEP) ou entrer sur le marché du travail après avoir obtenu leur diplôme. D’autre part, certains cursus de master existent depuis moins longtemps que les cursus de bachelor. Les admissions dans ces cursus sont dès lors moins nombreuses, ce qui se répercute sur le nombre actuel d’étudiants en master.
En HES, 86% des étudiants préparent un bachelor et 14% un master. La proportion d’étudiants qui préparent un bachelor est encore plus importante en HES qu’en HEU. Cette différence s’explique d’abord parce que le bachelor correspond au niveau standard de formation en HES. Ensuite, les étudiants dotés d’un bachelor en HES sont, en raison du caractère professionnalisant de leur formation, mieux adaptés au marché du travail que leurs collègues des HEU. En effet, les premiers sont moins nombreux à être au chômage et trouvent plus rapidement un emploi en adéquation avec leur qualification un an après l’obtention du bachelor Pour des résultats actuels sur l’insertion sur le marché du travail des diplômés de niveau bachelor, voir les tableaux détaillés sur www.statistique.ch → Trouver des statistiques → 15 Éducation et science → Intégration sur le marché du travail → Tertiaire – Hautes écoles . . Ensuite, le nombre de domaines d’études HES pour lesquels il existe un cursus de master reste restreint, malgré le développement de l’offre de formation en HES. Enfin, les admissions en master sont limitées en HES, à la différence des HEU.
En HEP, 64% des étudiants préparent un bachelor, 25% un master et 11% une autre formation. Dans le domaine de la formation des enseignants, le niveau d’études dépend largement de la branche choisie par les étudiants, dans le sens où, en général, l’enseignement au degré préscolaire ou primaire requiert un bachelor, au degré secondaire I un bachelor ou un master et au degré secondaire II une autre formation (diplôme d’enseignement).

1.2 Âge et sexe
Depuis l’introduction du système de Bologne L’objectif premier de la réforme de Bologne est de promouvoir la mobilité et de renforcer la compétitivité du système européen d’éducation et de formation. Les éléments constitutifs du processus de Bologne sont le système en trois cycles (bachelor, master et doctorat), le système de crédits ECTS, la coopération en matière d’évaluation de la qualité et l’introduction de cadres nationaux de qualification. Voir www.sbfi.admin.ch → Hautes écoles → Les hautes écoles → Processus de Bologne . , l‘âge des étudiants est resté remarquablement stable dans le temps, passant en moyenne de 25,8 ans à 25,9 ans entre 2004 / 2005 et 2019 / 2020. S’il l’on compare l’âge moyen des étudiants selon le type de hautes écoles, on constate que les inscrits en HEP sont les plus âgés (29,3 ans). Viennent ensuite ceux des HES (26,2 ans) puis des HEU (25,0 ans). Ces différences ne sont pas dues à une durée d’études plus longue, mais à un âge plus élevé au début des études. En effet, les étudiants en HES sont plus souvent que la moyenne déjà titulaires d’une formation professionnelle au moment de commencer les études, tandis que les étudiants des HEP disposent plus souvent d’un titre d’une haute école Voir OFS (2017): Conditions d’études et de vie dans les hautes écoles suisses. Neuchâtel: OFS. Pages 15–17. . De plus, les étudiants des HES/HEP sont nombreux à accomplir des études en cours d’emploi, un mode d’études suivi tendanciellement par des étudiants qui ont une expérience professionnelle préalable et, dès lors, un âge plus élevé Sur les études en cours d’emploi et à temps partiel, voir OFS (2020): Les étudiant-e-s à temps partiel dans les hautes écoles suisses. Neuchâtel: OFS. .
L’âge des étudiants des HEU varie selon les groupes de domaines d’études. Les domaines Sciences techniques, Médecine et pharmacie et Sciences exactes et naturelles rassemblent les étudiants les plus jeunes: plus de trois quarts des étudiants sont âgés de 25 ans ou moins. À l’inverse, la proportion des étudiants âgés de 25 ans ou moins est nettement moins élevée dans les domaines suivants: Interdisciplinaire et autres (57%) et Sciences humaines et sociales (58%). Les étudiants en Sciences économiques et en Droit différent peu de la moyenne HEU du point de vue de la structure par âge.
Dans les HES/HEP, l’âge des étudiants varie encore davantage selon les domaines d’études. La part des étudiants âgés de 25 ans ou moins oscille ainsi entre 65% en Santé et 34% en Psychologie appliquée.
En comparaison européenne, la part des étudiants âgés de plus de 25 ans est élevée en Suisse: seules l’Islande, la Finlande, la Norvège et l’Autriche ont une population étudiante plus âgée. Dans la plupart des autres pays d’Europe, cette proportion est basse voire très basse (14% pour la France par exemple) German Centre for Higher Education Research and Science Studies (2021): Social and Economic Conditions of Student Life in Europe. Eurostudent VII 2018–2021. Bielefeld: WBV. Page 40. www.eurostudent.eu → results → comparative and national reports .
Depuis 15 ans, la proportion de femmes dans les hautes écoles a augmenté, passant de 49% à 53%. Cela est dû à une augmentation de la part des étudiantes dans les HES, qui est passée de 38% à 48% entre 2004/2005 et 2019/2020. Avec 53%, les femmes sont désormais majoritaires au sein des hautes écoles. Toutefois, la répartition genrée varie très fortement selon les (groupes de) domaines d’études.
Dans les HEU, les étudiantes sont surreprésentées en Sciences humaines et sociales, en Médecine et pharmacie et en Droit et sont sous-représentées en Sciences techniques, en Sciences économiques, en Sciences exactes et naturelles et, mais dans une moindre mesure, dans le domaine Interdisciplinaire et autres. Dans les HES/HEP, la variation de la part des femmes est plus importante, et la surreprésentation respectivement la sous-représentation est encore considérable, avec par exemple 83% d’étudiantes en Santé et 12% en Technique et IT Pour plus de détails sur la répartition genrée dans les domaines d’études, voir OFS (2017): Conditions d’études et de vie dans les hautes écoles suisses. Neuchâtel: OFS. Pages 13–14. Pour l’évolution de la part des femmes, voir www.statistique.ch → Trouver des statistiques → 15 Éducation et science → Personnes en formation → Degré tertiaire – Hautes écoles .

1.3 Étudiants en couple et parentalité
L’analyse des relations de couple et de la parentalité permet de mesurer la part des étudiants investis dans une relation amoureuse stable et/ou sur le plan familial parallèlement aux études.
Pour mesurer la proportion d’étudiants en couple, la question suivante leur a été posée: «Avez-vous une relation amoureuse stable?» Les possibilités de réponse étaient «Non», «Oui, sans être marié-e ou partenarié-e» et «Oui, je suis marié-e ou partenarié-e». Les étudiants ayant choisi la 2e ou la 3e réponse sont considérés comme étant en couple.
Les étudiants ont été comparés à la population résidante permanente à partir des résultats de l’Enquête Familles et générations (EFG) 2018. La structure d’âge des deux populations varie cependant. La mise en couple étant liée à l’âge, il est nécessaire de contrôler les effets de ce dernier en limitant l’analyse aux personnes âgées de 18 à 35 ans.
Parmi les étudiants âgés de 18 à 35 ans, 53% indiquent être en couple, dont 4% être mariés ou en partenariat. Le fait d’être en couple varie selon le sexe: quel que soit le groupe d’âge examiné, les étudiantes sont plus souvent en couple que les étudiants. Ces écarts entre les femmes et les hommes s’observent également dans la population résidante du même âge. Ils s’expliquent par la différence d’âge au sein du couple, les femmes étant tendanciellement plus jeunes que leur partenaire OFS (2019): Enquête sur les familles et les générations 2018. Premiers résultats. Neuchâtel: OFS. Pages 7–8. .
Avec l’âge, la proportion de personnes sans partenaire diminue tant chez les étudiantes que chez les étudiants, passant de 63% chez les étudiantes âgées de 20 ans ou moins à 23% chez les 31–35 ans (pour les étudiants: respectivement de 73% à 30%). Autrement dit, plus l’âge augmente, plus la mise en couple des étudiants devient fréquente. Ces résultats sont congruents avec ceux observés pour la population résidante du même âge. On constate en revanche que le mariage ou le partenariat sont retardés parmi les étudiants. À partir de l’âge de 25 ans tant les étudiantes que les étudiants sont nettement moins souvent mariés ou en partenariat que la population du même âge.
Au total, 5,4% des étudiants ont des enfants, et cette proportion reste stable dans le temps (2005: 5,8%, 2009: 5,5%, 2013: 5,2%, 2016: 5,2). La part des étudiants ayant des enfants dépend beaucoup de l’âge: quasiment nulle chez les étudiants de 25 ans ou moins, elle est de 2,7% chez ceux âgés de 26 à 30 ans, de 19,8% chez ceux de 31 à 35 ans et de plus de la moitié (55,4%) chez ceux de plus de 35 ans.
Globalement, les étudiants ont moins souvent des enfants (4,2%) que les étudiantes (6,5%). On constate toutefois des différences selon le type de hautes écoles: dans les HEP, un cinquième environ des étudiants (20,4%) ont des enfants, contre seulement 15,5% des étudiantes En raison du petit nombre de cas, cette différence n’est pas significative. . Dans les HEU et les HES, ce sont à l’inverse les étudiantes qui ont plus souvent des enfants que les étudiants. Par ailleurs, les étudiants et les étudiantes des HEP ont plus souvent des enfants, car ils sont aussi en moyenne plus âgés (respectivement 31,4 ans et 28,4 ans). Par conséquent, ils concilient davantage que la moyenne vie familiale et études.
Parmi les étudiants ayant des enfants, 43% déclarent que leur plus jeune enfant a 3 ans ou moins, 36% qu’il a 4 à 12 ans et 21% qu’il a plus de 12 ans. Les pères aux études ont des enfants plus jeunes que les mères aux études: 57% des pères ont un enfant âgé de 3 ans ou moins, contre 35% des mères. Étant donné que les étudiantes ayant des enfants consacrent plus d’heures au travail domestique et familial que les étudiants (voir chapitre 3.2), la conciliation entre les études et l’éducation d’un enfant de 3 ans ou moins est plus difficile pour elles que pour les étudiants.
Bien que la population étudiante suisse soit âgée en comparaison internationale (voir chapitre 1.2), la part des étudiants ayant des enfants dans les hautes écoles suisse est une des plus faible d’Europe German Centre for Higher Education Research and Science Studies (2021): Social and Economic Conditions of Student Life in Europe. Eurostudent VII 2018–2021. Bielefeld: WBV. Page 42. www.eurostudent.eu → results → comparative and national reports .


1.4 Environnement familial
L’environnement familial des étudiants est analysé ici à partir de l’origine sociale, c’est-à-dire la position sociale des parents Les étudiants ont été interrogés sur leurs parents, c’est-à-dire les personnes qui les ont élevés. , et de la situation d’études des frères et sœurs.
La position sociale des parents se mesure à partir du plus haut niveau de formation et de la catégorie socioprofessionnelle. Les étudiants interrogés dans le cadre de l’enquête SSEE fournissent des informations sur la formation achevée par leurs parents, la profession que ceux-ci exercent ou exerçaient ainsi que leur situation dans la profession. Les étudiants ont en outre été interrogés sur la situation d’études de leurs frères et sœurs. Ces informations permettent de mesurer les ressources et le degré de familiarité avec les hautes écoles dont les étudiants disposent grâce à leur environnement familial.
1.4.1 Origine sociale
La majorité des étudiants des hautes écoles est issue de familles au sein desquelles un ou deux parents ont achevé une formation en haute école (47%). 27% des étudiants ont des parents qui disposent d’une formation professionnelle de degré secondaire II, 12% d’une formation professionnelle supérieure et 6% d’une formation générale de degré secondaire II. Les étudiants dont les parents ne disposent pas de formation post-obligatoire sont peu nombreux (7%). La part des étudiants dont les parents sont titulaires d’un diplôme d’une haute école n’a cessé d’augmenter, passant de 36% en 2005 à 47% en 2020. Cette évolution reflète pour partie l’élévation du niveau de formation de la population résidante, à l’œuvre depuis 25 ans Pour plus d’informations, voir le tableau détaillé sur: www.statistique.ch → Trouver des statistiques → 03 Travail et rémunération → Activité professionnelle et temps de travail → Personnes actives → Niveau de formation . Toutefois, avec 47%, le niveau haute école est fortement surreprésenté parmi les parents des étudiants, comparé aux parents dans la population résidante âgée de 20 à 35 ans (23%) Voir www.statistique.ch → Trouver des statistiques → 15 Éducation et science → Indicateurs de la formation → Par thèmes → Accès et participation → Hautes écoles: origine sociale .
Le plus haut niveau de formation des parents varie toutefois très fortement selon le type de hautes écoles. Par rapport à la moyenne (47%), le niveau haute école est surreprésenté en HEU (+9 points de pourcentage), tandis qu’il est sous-représenté en HES (– 11 points de pourcentage) et en HEP (– 14 points de pourcentage). À l’inverse, la formation professionnelle de degré secondaire II est sous-représentée en HEU (– 5 points de pourcentage) et surreprésentée en HES (+6 points de pourcentage) et en HEP (+14 points de pourcentage). Ces différences selon le type de hautes écoles s’expliquent, en amont, par l’effet de l’origine sociale sur les orientations scolaires à la fin de l’école obligatoire vers la maturité gymnasiale, professionnelle ou spécialisée OFS (2016): Analyses longitudinales dans le domaine de la formation. La transition à la fin de l’école obligatoire. Neuchâtel: OFS. .
Exemples de catégories socioprofessionnelles (CSP2021)
Code, intitulé, exemple (profession, situation dans la profession, nombre d’employés pour les indépendants, niveau de formation)
1 Dirigeants (ex. entrepreneur-e, activité indépendante, 20 employés ou plus)
2 Professions libérales et assimilées (ex. médecin, activité indépendante, moins de 20 employés)
3 Autres indépendants (ex. agriculteur / trice, activité indépendante, moins de 20 employés; hôtelier / ère, activité indépendante, moins de 20 employés)
4 Professions intellectuelles et d’encadrement (ex. architecte, salarié-e avec ou sans fonction dirigeante, haute école; ingénieur-e du bâtiment, salarié-e avec fonction dirigeante, école professionnelle supérieure; professeur-e de l’enseignement secondaire, salarié-e avec ou sans fonction dirigeante, haute école)
5 Profession intermédiaires (ex. ingénieur-e du bâtiment, salarié-e sans fonction dirigeante, école professionnelle supérieure; instituteur / rice, salarié-e sans fonction dirigeante, école de culture générale; infirmier / ère, salarié-e avec ou sans fonction dirigeante, école professionnelle supérieure)
6 Non-manuels qualifiés (ex. comptable, salarié-e sans fonction dirigeante, apprentissage; employé-e de bureau, salarié-e sans fonction dirigeante, apprentissage)
7 Manuels qualifiés (ex. conducteur / trice de camion, salarié-e sans fonction dirigeante, apprentissage; mécanicien / ne, salarié-e sans fonction dirigeante, apprentissage)
8 Travailleurs non qualifiés (ex. maçon / ne, salarié-e sans fonction dirigeante, école obligatoire; nettoyeur / se de locaux et de bâtiment, salarié-e sans fonction dirigeante, école obligatoire)
Parallèlement au plus haut niveau de formation des parents, les catégories socioprofessionnelles permettent de décrire l’origine sociale des étudiants. Ces catégories sont construites à partir d’une combinaison de trois variables portant sur les parents des étudiants: la profession exercée, la situation dans la profession et le plus haut niveau de formation Les catégories socioprofessionnelles sont habituellement attribuées aux actifs uniquement. Pour l’enquête SSEE, elles ont toutefois été attribuées à l’ensemble des parents pour lesquels nous disposons d’informations valides, qu’ils soient actifs au moment de l’enquête ou non. Pour plus d’informations sur la construction de cette nomenclature, voir la documentation sur www.statistique.ch → Bases statistiques et enquêtes → Nomenclatures → Catégories socioprofessionnelles 2021 . . Afin de mesurer le milieu social d’origine des étudiants, nous utilisons la plus haute catégorie socioprofessionnelle des parents, plutôt que celle du père et celle de la mère Dans les cas où le père et la mère ne sont pas classés dans la même catégorie socioprofessionnelle (69% des cas), nous retenons la catégorie la plus élevée. .



Au total, les étudiants proviennent majoritairement de familles au sein desquelles au moins l’un des deux parents exerce une profession intellectuelle et d’encadrement (33%). Les milieux sociaux d’origine varient toutefois selon le type de hautes écoles et selon le domaine d’études.
S’agissant des groupes de domaines d’études HEU, le domaine des Sciences techniques se distingue de la moyenne des HEU, car la part des étudiants dont les parents exercent une profession intellectuelle et d’encadrement y est surreprésentée (+ 6 points de pourcentage). On observe la situation inverse pour les étudiants du domaine Interdisciplinaires et autre (– 5 points de pourcentage).
Du côté des HES et HEP, le domaine Musique, arts de la scène et autres arts rassemble des étudiants avec un profil plus privilégié sous l’angle de l’origine sociale, car les parts des étudiants dont les parents exercent respectivement une profession libérale ou une profession intellectuelle et d’encadrement y sont surreprésentées (respectivement + 7 points de pourcentage et + 13 points de pourcentage). À l’inverse, la catégorie profession intellectuelle et d’encadrement est sous-représentée dans les domaines Linguistique appliquée et Psychologie appliquée (– 6 points de pourcentage pour les deux domaines). Par ailleurs, on constate que les étudiants ayant au moins un parent qui exerce un métier de la catégorie Autres indépendants sont surreprésentés dans les domaines Sport et surtout Agriculture et économie forestière (respectivement + 8 points de pourcentage et + 17 points de pourcentage). Cette catégorie Autres indépendants rassemble majoritairement des agriculteurs, et l’on voit ainsi apparaître une transmission familiale des parents vers les étudiants pour le domaine Agriculture et économie forestière.
1.4.2 Frères et sœurs
Il a été demandé aux étudiants s’ils avaient des frères et sœurs et, si oui, si ceux-ci étudiaient dans la même haute école qu’eux, étudiaient dans une autre haute école, n’avaient pas étudié dans une haute école ou n’étaient pas en âge d’étudier.
Parmi l’ensemble des étudiants, 76% ont au moins un frère ou une sœur en âge d’étudier. 14% ont au moins un frère ou une sœur, mais qui est/sont trop jeune(s) pour étudier. 10% n’ont pas de frères et sœurs. La part des étudiants ayant des frères et sœurs trop jeunes pour étudier diminue nettement avec l’âge, passant de 35% pour les étudiants âgés de 20 ans ou moins à 1% pour ceux âgés de plus de 30 ans. La proportion d’étudiants sans frères et sœurs ne dépend en revanche pas de l’âge et s’élève à environ 10%.
Considérons maintenant uniquement les étudiants ayant des frères et sœurs en âge d’étudier. 18% ont au moins un frère ou une sœur qui étudient ou ont étudié dans la même haute école qu’eux et 54% dans une autre haute école. 28% n’ont pas de frères et sœurs ayant étudié dans une haute école. Le fait d’avoir au moins un frère ou une sœur qui étudie dans la même haute école ou dans une autre haute école est nettement lié au plus haut niveau de formation des parents. Plus le niveau de formation des parents est élevé, plus la chance d’avoir au moins un frère ou une sœur qui étudient dans une haute école, sinon dans la même haute école, est grande: 84% des étudiants dont les parents sont titulaires d’une formation en haute école ont au moins un frère ou une sœur qui étudie dans une haute école contre 55% pour les étudiants dont les parents disposent d’une formation professionnelle de degré secondaire II.
La combinaison des indicateurs «Plus haut niveau de formation des parents» et «Lieu d’études des frères et sœurs» permet de construire une typologie de la familiarité des étudiants avec le monde des hautes écoles via l’environnement familial. Cette familiarité constitue un avantage, dans le sens où les étudiants bénéficient potentiellement d’informations sur le fonctionnement des hautes écoles, de conseils quant aux comportements et attitudes à adopter dans les études, de soutien et de compréhension de la part de leurs parents et/ou de leurs frères et sœurs. Il ressort de l’analyse que 72% des étudiants ont soit un parent soit un frère ou une sœur avec une expérience dans une haute école. Les plus familiers avec les hautes écoles, les Insiders (30% des étudiants, voir figure T1.1), profitent à la fois de l’expérience de leurs parents et de leurs frères et sœurs. Les étudiants disposant d’un degré moyen de familiarité avec les hautes écoles peuvent être soutenus soit par leurs parents (Initiés par les parents, 17%) soit par leurs frères et sœurs (Initiés par les frères et sœurs, 25%). À l’inverse, 28% des étudiants ne peuvent pas du tout s’appuyer sur leur environnement familial, car ils sont les premiers dans leur famille à étudier en haute école (Outsiders). Le groupe des Outsiders constitue une catégorie d’étudiants dont les conditions de vie et d’études seraient particulièrement intéressantes à analyser, car, en tant que pionniers, ces étudiants ont tendanciellement plus d’obstacles à surmonter pour réussir leurs études.


Typologie de la familiarité des étudiants avec les hautes écoles via l’environnement familial, en %T1.1
Plus haut niveau de formation des parents | ||
---|---|---|
Autre1 | Haute école | |
Au moins un frère/une sœur dans la même ou dans une autre haute école | Initiés par les frères/sœurs (25%) | Insiders (30%) |
Pas de frères/sœurs, frères/sœurs trop jeunes pour étudier ou n'étudiant pas dans une haute école | Outsiders (28%) | Initiés par les parents (17%) |
1 La catégorie Autre rassemble les plus hauts niveaux de formation des parents suivants: Sans formation post-obligatoire, Degré secondaire II: professionnel, Degré secondaire II: général, Formation professionnelle supérieure.
Source: OFS – SSEE 2020
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Âge et plus haut niveau de formation des parents selon le statut migratoire, en %T1.2
Non issus de la migration | 2e génération | 1re génération, scolarisés en Suisse | 1re génération, scolarisés à l'étranger | Total | ||
---|---|---|---|---|---|---|
Âge | Jusqu'à 20 ans | 5 | 9 | 8 | 13 | 7 |
21–25 ans | 59 | 62 | 52 | 46 | 57 | |
26–30 ans | 25 | 23 | 20 | 22 | 24 | |
31–35 ans | 5 | 3 | 8 | 10 | 6 | |
Plus de 35 ans | 6 | 3 | 12 | 9 | 6 | |
100 | 100 | 100 | 100 | 100 | ||
Plus haut niveau de formation des parents | Sans formation post-obligatoire | 2 | 28 | 14 | 8 | 7 |
Degré secondaire II: professionnel | 32 | 23 | 14 | 17 | 27 | |
Degré secondaire II: général | 6 | 9 | 5 | 9 | 6 | |
Formation professionnelle supérieure | 16 | 4 | 4 | 7 | 13 | |
Haute école | 45 | 36 | 63 | 60 | 47 | |
100 | 100 | 100 | 100 | 100 |
Source: OFS – SSEE 2020
© OFS 2021
1.5 Statut migratoire
Pour analyser le statut migratoire des étudiants, nous utilisons une typologie qui combine le lieu de naissance et la nationalité des étudiants et de leurs parents ainsi que le lieu de scolarisation des étudiants Pour une présentation détaillée de cette typologie, voir annexe A.2. .
En 2020, la proportion d’étudiants issus de la migration s’élève à 33%. Elle est inférieure à la proportion de personnes issues de la migration au sein de la population résidante permanente âgée de 18 à 35 ans (41%, ESPA, 2019). Les étudiants issus de la migration se subdivisent en trois groupes: 12% appartiennent à la 2e génération, 7% à la 1re génération et ont été scolarisés en Suisse et 14% appartiennent à la 1re génération et ont été scolarisés à l’étranger. Ce dernier groupe d’étudiants est majoritairement composé de personnes venues en Suisse pour étudier Voir à ce sujet, OFS (2015): Les étudiant-e-s internationaux. Neuchâtel: OFS. . Depuis 2013, la part des étudiants non issus de la migration a diminué, passant de 72% à 67% en 2020. Cette évolution est principalement liée à une augmentation de la part des étudiants de la 2e génération.
Les trois groupes d’étudiants issus de la migration ont un profil différent du point de vue de l’âge et de l’origine sociale. Alors que les étudiants de la 2e génération sont majoritairement très jeunes (seuls 6% d’entre eux ont plus de 30 ans), ce n’est pas le cas des étudiants de la 1re génération scolarisés en Suisse ou scolarisés à l’étranger (respectivement 20% et 19% d’entre eux ont plus de 30 ans). Les étudiants de la 2e génération ont une origine sociale modeste comparée aux étudiants de la 1re génération scolarisés à l’étranger: 51% des premiers sont issus de familles dans lesquels les parents ont tout au plus une formation professionnelle de degré secondaire II contre 25% des seconds. Ces différences de profils entre étudiants issus de la migration reflètent la diversité de leurs origines nationales et histoires migratoires Pour une analyse des origines nationales des étudiants issus de la migration, voir OFS (2017): Conditions d’études et de vie dans les hautes écoles suisses. Neuchâtel: OFS. Pages 25–26. .
Si l’on observe la distribution du statut migratoire selon le type de hautes écoles, on constate que les étudiants issus de la migration qui ont été scolarisés en Suisse (2e génération et 1re génération, scolarisés en Suisse) se répartissent uniformément. En revanche, la proportion d’étudiants de la 1re génération scolarisés à l’étranger s’écarte de la moyenne dans les trois types de hautes écoles, mais en particulier en HEP. En effet, les étudiants de la 1re génération scolarisés à l’étranger s’inscrivent plus rarement en HEP pour suivre une formation des enseignants (5%), formation qui reste avant tout suivi par des étudiants qui ne sont pas issus de la migration (79%).
S’agissant du niveau d’études, les étudiants de la 1re génération scolarisés à l’étranger sont nettement plus nombreux en master (24%) qu’en bachelor (10%). À l’inverse, les étudiants de la 2e génération sont plus nombreux en bachelor qu’en master, de même que les étudiants qui ne sont pas issus de la migration.
Le statut migratoire varie également fortement selon les (groupes de) domaines d’études. Ici aussi, les plus grandes différences concernent le groupe des étudiants de la 1re génération scolarisés à l’étranger, dans la mesure où les autres étudiants issus de la migration se distribuent, en général, de manière uniforme dans les différents (groupes de) domaines d’études. S’agissant des HEU, les écarts à la moyenne pour les proportions d’étudiants de la 1re génération scolarisés à l’étranger sont significatifs pour l’ensemble des groupes de domaines d’études hormis Interdisciplinaire et autres. Ce groupe d’étudiants est fortement surreprésenté en Sciences techniques (27%) et fortement sous-représentés en Médecine et pharmacie (7%), par rapport à la moyenne des HEU (16%). Ainsi, les étudiants de ces deux groupes de domaines d’études, qui ont des profils similaires sous l’angle de l’âge et de l’origine sociale, se distinguent en revanche nettement du point de vue du statut migratoire: les Sciences techniques rassemblent plus d’étudiants scolarisés à l’étranger, tandis que le domaine Médecine et pharmacie accueille davantage d’étudiants qui ne sont pas issus de la migration ou, du moins, qui ont été scolarisés en Suisse. Cette différence peut se comprendre à partir du degré d’internationalisation des groupes de domaines d’études. D’un côté, certaines formations débouchent sur des opportunités d’emploi dans des entreprises multinationales ou tournées vers l’international et qui, par conséquent, rassemblent de nombreux étudiants scolarisés à l’étranger (Sciences techniques et Sciences économiques). De l’autre, certaines formations sont directement liées à l’exercice d’une profession et ne peuvent pas être facilement transposées dans d’autres contextes nationaux. Ces formations (Droit, Médecine et pharmacie) accueillent dès lors moins d’étudiants de la 1re génération scolarisés à l’étranger.
Dans les domaines d’études HES / HEP, les étudiants de la 1re génération scolarisés à l’étranger sont surreprésentés en Musique, arts de la scène et autres arts (43%), en Design (25%) et, dans une moindre mesure, en Architecture, construction et planification (14%) par rapport à leur poids moyen (10%). On constate que le profil particulier des étudiants en Musique, arts de la scène et autres arts esquissé jusqu’à maintenant se confirme lorsqu’on observe leur statut migratoire: avec une origine sociale comparativement plus élevée, ces étudiants sont aussi plus souvent des personnes issues de la migration qui n’ont pas été scolarisées en Suisse. Par ailleurs, alors que les étudiants de la 2e génération se répartissent de manière uniforme selon les groupes de domaines d’études HEU, on constate une surreprésentation de ce groupe dans le domaine HES/HEP Économie et service (17%) par rapport à la moyenne (11%).


