
Enquête suisse sur la santé 2017
Consommation de tabac en Suisse
En Suisse, plus du quart de la population de 15 ans et plus (27%) fumait en 2017 malgré les différentes mesures prises ces 25 dernières années aux niveaux cantonal et national pour réduire la consommation de tabac. Le tabagisme a légèrement reculé dans l’ensemble ces 25 dernières années, mais il a évolué de manière parfois contrastée entre les femmes et les hommes. Ce sont avant tout les habitudes de consommation qui ont changé, la part des gros fumeurs s’étant réduite de moitié pendant cette période. Dans le même temps, les différences sociales se sont renforcées.
Le tabagisme est un facteur de risque de premier ordre pour nombre de maladies telles que les affections cardiovasculaires, les maladies pulmonaires chroniques (bronchite, emphysème), ainsi que les tumeurs malignes des poumons, des bronches, de la cavité buccale, de l’œsophage, des reins et du pancréas. Plus d’un décès sur dix est imputable à des maladies en lien avec la fumée. Différentes mesures ont été prises ces 25 dernières années dans le cadre de la politique sanitaire pour réduire la consommation de tabac de la population.
Les hommes fument plus souvent
que les femmes
27% de la population fumaient en 2017, 19% quotidiennement et 8% de manière occasionnelle. À cela s’ajoutaient 22% de personnes qui fumaient auparavant et qui ont arrêté (G1). La moitié de la population n’a jamais fumé (51%).
Les hommes sont proportionnellement plus nombreux à fumer (31%) que les femmes (23%). Cet écart est moins marqué parmi les personnes qui fument quotidiennement: 21% des hommes et 17% des femmes fument chaque jour.

C’est en général pendant l’adolescence que l’on se met à fumer. Plus des deux tiers des fumeurs ont commencé à fumer avant leur 20e anniversaire. C’est aussi parmi les plus jeunes que l’on trouve les plus fortes proportions de fumeurs (G2): 32% des 15 à 24 ans déclarent fumer, de même que 36% des 25 à 34 ans. La part des fumeurs diminue ensuite. Elle est nettement moins élevée avant tout chez les personnes de 65 ans et plus. Cela s’explique par la mortalité précoce des fumeurs et par le taux plus élevé de personnes arrêtant de fumer à l’apparition des premières maladies.
Relevé de la consommation de tabac
Les données sur le tabagisme sont collectées en Suisse dans le cadre de l’enquête suisse sur la santé à l’aide de la question «Fumez-vous, même occasionnellement?». Aux personnes qui répondent «oui», on demande ensuite si elles fument quotidiennement, quels produits elles consomment et dans quelles quantités. À celles qui répondent «non», on demande si elles ont fumé régulièrement par le passé pendant plus de 6 mois et quand elles ont arrêté.
Le défi consiste à fournir des résultats représentatifs de la population dans son ensemble et des différents groupes qui la composent, dont certains sont difficiles à interroger. Les résultats se basent sur les indications des personnes interrogées. Or, certaines peuvent sous-estimer leur consommation personnelle ou omettre de signaler que leurs habitudes de consommation ne sont pas les mêmes en semaine que pendant le week-end. Mais dans l’ensemble, ces enquêtes permettent d’observer les habitudes de consommation des différents groupes de population au fil du temps.

Cigarettes et autres produits du tabac
La cigarette est le produit le plus consommé. Parmi les fumeurs, 96% des femmes et 84% des hommes fument uniquement ou principalement des cigarettes. 7% consomment des produits électroniques, où le tabac ou la nicotine sont chauffés, sans distinction entre les hommes et les femmes. 70% des personnes qui utilisent des produits électroniques fument par ailleurs des cigarettes ordinaires.
Les autres produits du tabac sont nettement moins répandus et sont consommés souvent seulement par certains groupes de population ou par des personnes de l’un ou l’autre sexe: le cigare et la pipe sont davantage prisés par les hommes (16% des fumeurs) que par les femmes (2% des fumeuses). La consommation de pipes à eau (chicha) est principalement le fait de jeunes de 15 à 24 ans. La part des hommes de ce groupe d’âge qui consomment ce genre de produits est de 35%, celle des femmes de 23%.
Quantité de cigarettes consommées
Les fumeurs consomment en moyenne 10 cigarettes par jour. Ils sont un peu plus d’un cinquième (21%) à fumer au moins 20 cigarettes par jour et à faire ainsi partie des gros fumeurs. Les hommes sont plus nombreux dans cette catégorie (26%) que les femmes (16%). Les gros fumeurs représentent 6% de la population totale de 15 ans et plus et comptent une proportion deux fois plus élevée d’hommes que de femmes (8% contre 4%).

C’est parmi les plus jeunes que les taux de fumeurs sont les plus élevés, les gros fumeurs font partie avant tout des plus âgés (G3). Ces derniers sont les plus nombreux dans le groupe des 45 à 65 ans (28% des fumeurs). Le nombre de cigarettes fumées augmente avec l’âge, les besoins en nicotine devenant de plus en plus marqués à mesure que la durée de consommation s’accroît Lampert T., von der Lippe E., Müters S. (2013), Verbreitung des Rauchens in der Erwachsenenbevölkerung in Deutschland, in Bundesgesundheitsblatt 2013 56:802-808 . Chez les jeunes adultes, on trouve en revanche beaucoup de fumeurs occasionnels. Bon nombre d’entre eux auront cessé de fumer une fois arrivés dans le groupe d’âge moyen. Le nombre moyen de cigarettes consommées diminue à nouveau chez les personnes de 65 ans et plus, parce qu’elles tombent malades ou qu’elles espèrent que le fait de fumer moins aura des effets positifs sur leur santé (Lampert et al. 2013). La part des gros fumeurs est par conséquent la plus faible dans le groupe des 15 à 24 ans et dans celui des 75 ans et plus (13% dans les deux cas).
Inégalités sociales et tabagisme
L’analyse fait ressortir des différences sociales importantes dans la consommation de tabac abordées ici sous l’angle de la formation achevée la plus élevée et de la profession exercée Grands groupes de professions selon la «Classification internationale type de professions (CITP 08)» . Le résultat est semblable pour les deux indicateurs: la part des fumeurs et parmi eux celle des gros fumeurs est plus élevée chez les personnes qui ont un faible niveau de formation ou qui exercent une profession socialement peu valorisée.

Face au tabagisme, les différences liées à la formation varient fortement selon l’âge. Elles sont très marquées chez les 25 à 44 ans (G4). La part des fumeurs est de 43% chez les personnes sans formation postobligatoire, contre 27% chez celles ayant une formation tertiaire. Ces différences sont moins marquées dans le groupe des 45 à 64 ans (32% contre 23%) et disparaissent chez les plus âgés (10% contre 13%). Les différences liées au niveau de formation sont nettement plus marquées chez les hommes que chez les femmes parmi les jeunes et les groupes d’âge moyen. Elles disparaissent ensuite avec l’âge chez les femmes comme chez les hommes. Indépendamment de l’âge et du sexe, les personnes sans formation postobligatoire ont 1,6 fois plus de risques de faire partie des fumeurs que celles ayant une formation tertiaire.
Chez les personnes sans formation postobligatoire, la tendance à fumer est non seulement plus marquée, mais la quantité de cigarettes fumées par jour est aussi plus importante. La part des fumeurs quotidiens est aussi plus élevée dans ce groupe que parmi les personnes ayant une formation tertiaire (88% contre 58%). Il en va de même de la proportion de gros fumeurs, c’est-à-dire des personnes fumant au moins 20 cigarettes par jour (36% contre 22%). Les différences sont plus marquées chez les femmes que chez les hommes.
Ces différences s’observent également si l’on considère la situation dans la profession. Les taux de fumeurs sont les plus élevés chez le personnel non qualifié (37%) et le personnel qualifié (38%). C’est dans les professions intellectuelles et scientifiques que l’on enregistre le taux le plus bas (25%).
Ces inégalités face au tabagisme persistent indépendamment de l’âge et du sexe. Les travailleurs non qualifiés ont 1,5 fois plus de risques de faire partie des fumeurs que les personnes ayant une fonction dirigeante ou celles exerçant une profession intellectuelle ou scientifique. La part des fumeurs est plus élevée par ailleurs chez les personnes au chômage (43%) que dans la population active occupée (31%).
Léger recul du nombre de fumeurs
L’enquête suisse sur la santé permet de suivre l’évolution du nombre de fumeurs sur une période de 25 ans (G5). Après avoir augmenté de 30% à 33% entre 1992 et 1997, la part des fumeurs a de nouveau baissé pendant dix ans jusqu’en 2007 (28%). Elle est depuis restée plus ou moins au même niveau (27%). Le recul de la prévalence du tabagisme est plus marqué chez les hommes que chez les femmes. L’écart entre les sexes s’est réduit ces 25 dernières années.

Les différences sociales se sont par contre légèrement renforcées. La part des fumeurs a baissé de 6 points de pourcentage depuis 1992 parmi les personnes ayant un niveau de formation élevé, alors qu’elle est restée inchangée chez les personnes sans formation postobligatoire.
Tabagisme: changement dans les habitudes de consommation
En ce qui concerne la quantité de cigarettes consommées, les habitudes de consommation de tabac ont véritablement changé. Cette quantité a nettement diminué ces 25 dernières années et la part de gros fumeurs s’est réduite de plus de moitié chez les hommes comme chez les femmes (G5). La part des personnes qui fument au moins 20 cigarettes par jour a fortement baissé avant tout chez les adolescents et les jeunes adultes, passant de 33% en 1992 à 13% en 2017 (alors que la part des gros fumeurs dans la population totale diminuait de 10% à 4%). Dans les autres groupes d’âges, ces changements d’habitudes s’observent avec un certain décalage temporel. Cette évolution varie selon les niveaux de formation; elle met en évidence un fort gradient social. Chez les titulaires d’un diplôme du degré tertiaire, la part des gros fumeurs a très fortement diminué avant tout chez les 25 à 44 ans (1992: 13%; 2017: 3%); chez les personnes sans formation postobligatoire, elle n’a pratiquement pas baissé (1992: 19%; 2017: 15%).
Les données de l’enquête suisse sur la santé ne permettent pas de définir si les changements d’habitudes observés découlent des mesures de prévention contre le tabagisme qui ont été prises. D’une part, le prix des cigarettes a fortement augmenté à partir de 1995, du fait de la hausse de l’impôt sur le tabac, pour doubler en 2010. Une augmentation qui peut avoir contribué à la nette diminution de la part des gros fumeurs parmi les jeunes adultes. D’autre part, les résultats contredisent la thèse selon laquelle les milieux socialement défavorisés réagissent de manière plus sensible aux hausses de l’impôt sur le tabac, qui ont d’autant plus d’impact que leur pouvoir d’achat est faible Townsend, Joy & Roderick, Paul & Cooper, Jacqueline. (1994). Cigarette Smoking by Socioeconomic Group, Sex, and Age: Effects of Price, Income, and Health Publicity. BMJ (Clinical research ed.). 309. 923-7. 10.1136/bmj.309.6959.923. .
Consommation de tabac selon la génération
Les habitudes de consommation de tabac ne sont pas non plus les mêmes dans toutes les cohortes de naissances. Pour comparer les tendances de consommation entre les générations, on considère l’ensemble des personnes ayant déjà fumé, soit les ex-fumeurs et les fumeurs actuels.
Entre 15 et 20 ans, le tabagisme augmente très rapidement dans les mêmes proportions chez les deux sexes. Comme on s’intéresse ici à toutes les personnes ayant déjà fumé, la part des fumeurs reste ensuite au même niveau. Le fait que la proportion d’ex-fumeurs et de fumeurs actuels diminue avec l’âge est un indice de mortalité précoce des personnes ayant déjà fumé (G6).

Analyse selon la cohorte de naissance
Les données des six éditions de l’enquête sur la santé de 1992 à 2017 ont été regroupées et exploitées selon l’année de naissance des personnes interrogées et non selon leur âge au moment de l’enquête. Pour chaque personne interrogée, on sait par conséquent si elle a déjà fumé à un moment de sa vie, si elle fume encore ou si elle a arrêté. Considérant que l’on ne commence à fumer qu’une fois dans sa vie, on peut ainsi calculer la probabilité d'avoir commencé à fumer pour chaque cohorte de naissance et pour chaque âge. Grâce à la répétition de l’enquête, on peut observer les cohortes de naissances et comparer leur évolution sur une période de 25 ans (p. ex. la cohorte de naissance de 1965 avait 27 ans lors de l’enquête de 1992 et 52 ans au moment de l'enquête de 2017). Pour compenser les variations statistiques dues à l’échantillonnage aléatoire, on calcule la moyenne des données de cinq cohortes de naissances, afin de réduire les disparités entre les années d’enquête.
L’évolution tend à être différente entre les générations selon le sexe: chez les hommes, on constate un léger recul continu de la part des ex-fumeurs et des fumeurs actuels pour les cohortes de naissances de 1935 à 1955. La part des hommes ayant déjà fumé est particulièrement faible pour la cohorte de naissance de 1965. Elle est inférieure de 10 points à celle des précédentes cohortes. Dans les cohortes de naissances suivantes, on ne constate plus de variation marquée: la part des hommes ayant déjà fumé ne varie presque pas entre les cohortes de 1965 à 1995.
Les résultats montrent une évolution opposée chez les femmes par rapport aux hommes dans les cohortes plus anciennes. La part des femmes ayant déjà fumé a fortement augmenté entre les cohortes de naissances de 1935 à 1955. Elle a baissé pour les cohortes de 1965 et de 1975 pour rester ensuite au niveau de ces dernières. Les femmes qui fument le plus atteignant actuellement l’âge auquel se déclarent les cancers, on peut partir du principe que la mortalité précoce due au tabagisme va continuer d’augmenter ces prochaines années chez les femmes. Parmi les personnes ayant déjà fumé (groupe des ex-fumeurs et des fumeurs actuels), la part des femmes est inférieure de 10 points environ à celle des hommes.
L’évolution des normes et des valeurs à partir du milieu du siècle dernier a certainement contribué dans une large mesure aux résultats contrastés entre les femmes et les hommes des plus anciennes cohortes. L’égalité émergente et la participation accrue des femmes à la vie publique ont aussi eu pour effet de faire augmenter la part des fumeuses. La publicité de l’industrie du tabac, qui visait à déstigmatiser les fumeuses, a aussi contribué à cette augmentation Amos A, Haglund M. From social taboo to «torch of freedom»: The marketing of cigarettes to women. Tob Control 2000;9:3-8. . Ce n’est qu’à partir des années 1980 que l’on a commencé à considérer la consommation de tabac comme une habitude néfaste pour la santé et à la combattre.
Recul du tabagisme chez les jeunes
Les données de l’enquête menées auprès des écoliers «Health Behaviour in School-aged Children» HBSC font état d’un net recul de la prévalence du tabagisme chez les jeunes âgés de 11 à 15 ans. En 2018, 6% des jeunes de ce groupe d’âge fumaient ne serait-ce qu’occasionnellement, contre 18% en 1994. Les jeunes de 15 ans sont proportionnellement plus nombreux à fumer et fument davantage que les 11–14 ans. Le tabagisme tend en particulier à reculer chez les jeunes de 15 ans: ils étaient 23% à fumer au moins une fois par semaine en 2002. Une part qui a considérablement baissé jusqu’en 2014 (environ 10%) et était toujours d’environ 9% en 2018. Cette évolution ne s’observe pas dans les mêmes mesures dans le reste de la population. La prévalence du tabagisme n’a dans l’ensemble que peu diminué pendant cette période; la baisse la plus marquée concerne les jeunes adultes de 15 à 24 ans.
Arrêt du tabac
Deux facteurs influencent la prévalence du tabagisme: les personnes qui n’ont jamais commencé à fumer et celles qui ont arrêté de fumer. 61% des hommes et des femmes qui fument déclarent souhaiter arrêter. 28% des fumeurs indiquent avoir entrepris, durant l’année précédant l’enquête, une tentative sérieuse mais infructueuse d’abandonner le tabac, en passant au moins deux semaines sans fumer. En une année, les personnes qui ont essayé d’arrêter de fumer étaient environ cinq fois plus nombreuses que celles qui ont réussi à le faire. La nicotine et le tabac peuvent créer une dépendance physique comme psychique. Il faut par conséquent beaucoup de motivation et de soutien de la part de l’entourage pour réussir à changer ce genre d’habitudes.
Près de la moitié des personnes qui ont déjà consommé du tabac parviennent à arrêter de fumer (44%). Le taux d’abandon du tabac correspond à la part des anciens fumeurs sur l’ensemble des personnes ayant déjà fumé. Ce taux augmente fortement avec l’âge: de moins de 10% chez les 15 à 24 ans, il atteint près de 80% chez les 75 ans et plus. La moitié des personnes ayant déjà fumé ont cessé de le faire au plus tard à 55 ans. Mais la mortalité précoce des fumeurs contribue aussi à ce résultat. D’après la recherche, 30% à 50% des fumeurs, selon leur consommation et la durée de celle-ci, n’atteindront pas l’âge de 70 ans Alexander Schulze, Thomas Lampert (2006 ): Bundes-Gesundheitssurvey: Soziale Unterschiede im Rauchverhalten und in der Passivrauchbelastung in Deutschland. Robert Koch-Institut, Berlin .
Le taux d’abandon du tabac varie peu entre les sexes: il augmente rapidement chez les jeunes femmes, reste plus ou moins le même pendant quelques années avant d’augmenter à nouveau. Chez les hommes, sa croissance est par contre linéaire (G7).

Le taux varie cependant chez les hommes comme chez les femmes selon le niveau de formation. Dans le groupe des moins de 65 ans, un tiers des personnes sans formation postobligatoire ont réussi à arrêter de fumer, contre 45% de celles titulaires d’un diplôme du degré tertiaire. Les différences liées au niveau de formation disparaissent avec l’âge, très probablement en raison de la mortalité précoce.
Le taux de personnes ayant arrêté de fumer ne varie que faiblement entre les cohortes de naissance. Les courbes des différentes cohortes se recoupent largement. Le taux est resté presque inchangé au cours des 25 dernières années. Le léger recul de la prévalence du tabagisme observée ces 25 dernières années est donc plutôt dû à la baisse du nombre de personnes ayant commencé à fumer qu’à l’augmentation de celles qui arrêtent de fumer.
Tabagisme passif
Le tabagisme passif nuit presque autant à la santé que le tabagisme. Il a nettement diminué depuis l’entrée en vigueur en 2010 de la loi fédérale sur la protection contre le tabagisme passif. La part des non-fumeurs exposés au moins une heure par jour au tabagisme passif a baissé de 16% à 6% entre 2007 et 2012; elle était toujours à 6% en 2017 (G8). Elle a diminué le plus chez les personnes de 15 à 24 ans, lesquelles restent malgré tout les plus exposées.

Les données de l’enquête suisse sur la santé ne permettent pas de définir avec exactitude dans quelle mesure les enfants et les adolescents sont exposés au tabagisme passif. On peut toutefois estimer qu’au minimum 27% des enfants jusqu’à 17 ans vivent avec un parent fumeur.
De plus, un peu plus d’une femme enceinte sur huit fume pendant la grossesse, mettant ainsi gravement en danger la santé de l’enfant à naître. Plus de deux tiers des femmes ayant déjà fumé ne fument plus pendant la grossesse.
Fumer, une composante du comportement en matière de santé
Le tabagisme est un comportement qui peut nuire à la santé. Les données de l’enquête sur la santé montrent qu’il existe un lien entre le tabagisme et d’autres composantes du comportement en matière de santé: les fumeurs ont dans l’ensemble un mode de vie moins sain. Autrement dit, les personnes qui ont tendance à vivre moins sainement font souvent partie des fumeurs (G9). Les personnes qui fument font moins attention à leur santé et à leur alimentation, mangent moins de fruits et légumes et sont moins actives physiquement que les autres. Les différences sont encore plus marquées pour les autres comportements à risque tels que l’ivresse ponctuelle et la consommation de cannabis.

À noter toutefois que les problèmes de santé sont liés également à d’autres facteurs, comme l’âge et le niveau de formation. Le rapport significatif entre le tabagisme et d’autres types de comportements néfastes pour la santé s’observe même si l’on utilise un modèle multivarié pour contrôler ces autres facteurs d’influence. Cependant, on ne peut définir si le tabagisme est à l’origine de ces comportements néfastes ou si c’est l’inverse.
Conclusions
Une part toujours importante de la population continue à fumer, bien que le tabagisme soit de moins en moins présent dans la vie quotidienne et qu’il fasse l’objet de restrictions dans bon nombre de lieux. La part des fumeurs a baissé sous l’effet de ces restrictions avant tout chez les hommes. La baisse a été moins marquée chez les femmes, de sorte que l’écart entre les sexes s’est réduit. On observe toutefois une stagnation du recul du tabagisme depuis une dizaine d’années.
Ce sont avant tout les habitudes de consommation qui ont changé: la part des gros fumeurs, qui consomment plus de 20 cigarettes par jour, a diminué de moitié. Cette diminution observée dans un premier temps chez les jeunes s’est étendue ensuite aux groupes plus âgés. Les jeunes étant de moins en moins nombreux à fumer, on peut en déduire que leur comportement en matière de tabagisme change, notamment par rapport au fait de commencer à fumer. En outre, la part des personnes qui n’ont jamais commencé à fumer a augmenté à partir de la cohorte de naissance de 1965, pour rester ensuite au même niveau. Le recul du tabagisme peut s’expliquer par le fait qu’une vaste part de la population tend à adopter un mode de vie sain.
Source des données
Cette publication s’appuie sur les données de l’enquête suisse sur la santé (ESS). Depuis 1992, l'ESS est réalisée tous les cinq ans par l'Office fédéral de la statistique (OFS). La sixième enquête, qui fait partie du programme de relevés du recensement de la population, a eu lieu en 2017. Elle fournit des informations importantes sur l'état de santé de la population, sur le comportement en matière de santé et sur le recours aux services de santé. Au total, 22 134 personnes de 15 ans et plus vivant dans des ménages privés ont été interrogées dans le cadre de cette enquête. L’enquête consiste en une interview téléphonique suivie d’un questionnaire écrit papier ou en ligne.
Les différences sociales se sont encore renforcées. La fumée était tout d’abord réservée aux classes sociales supérieures, alors que la part des fumeurs baisse désormais chez les personnes ayant un diplôme du degré tertiaire et que celle des gros fumeurs parmi elles tend à disparaître. Ces changements ne s’observent jusqu’ici pas dans la même mesure voire pas du tout chez les personnes sans formation postobligatoire ou exerçant des professions socialement peu valorisées.