2014–2019: principales évolutions sur le marché suisse du travail
En cinq ans, du quatrième trimestre 2014 au quatrième trimestre 2019, le nombre de personnes actives occupées en Suisse a sensiblement augmenté. Le taux de chômage au sens du BIT (Bureau international du travail) et le taux de chômeurs inscrits (dans un office régional de placement ORP) ont en revanche tous deux diminué. Le nombre de places vacantes a progressé et les entreprises ont eu plus de peine à recruter du personnel qualifié. Le marché suisse du travail est performant en comparaison internationale.
Croissance économique modérée
vers la fin de la période observée
En 2014, la croissance économique en Suisse était modérée, le produit intérieur brut (PIB) a augmenté en moyenne de 0,7% par trimestre. Dans un environnement monétaire difficile, un fléchissement de la croissance a été observé au début de 2015. Entre le premier trimestre 2015 et le quatrième trimestre 2016, le taux de croissance de l’économie suisse n’était plus que de 0,3% en moyenne par trimestre. L’économie suisse s’est rétablie à partir du premier trimestre 2017 et a connu une croissance moyenne de 0,6% par trimestre jusqu’au quatrième trimestre 2017. Début 2018, l’environnement de marché favorable a entraîné une forte croissance de 1,0% au premier trimestre et de 0,8% au deuxième trimestre. Au second semestre, l’économie suisse a affiché un fort ralentissement inattendu et le PIB a diminué de 0,2% en moyenne durant les deux derniers trimestres 2018. Courant 2019, l’économie s’est lentement rétablie avec une croissance moyenne de 0,4% par trimestre.
Léger recul du taux de chômage au sens du BIT
Selon la statistique de la population active occupée (SPAO), qui repose sur une enquête auprès des personnes (ESPA), le nombre d’actifs occupés a augmenté de 8,3% à 5,1 millions entre le quatrième trimestre 2014 et le quatrième trimestre 2019. La statistique de l’emploi (STATEM), qui est basée sur une enquête auprès des entreprises des secteurs secondaire et tertiaire, faisait parallèlement état d’une hausse du nombre d’emplois de 6,0% à 5,1 millions. Pendant la même période, le nombre de chômeurs au sens du BIT a diminué de 12 000 personnes (–5,8%), alors que le nombre de chômeurs inscrits auprès des offices régionaux de placement (ORP) a diminué de 30 000 personnes (–22,0%)
Début 2018, le système de comptabilisation pour la répartition des demandeurs utilisé dans les offices régionaux de placement (ORP) a été remplacé par un nouveau système, comportant une répartition en partie automatisée. Une analyse a montré, depuis le passage au nouveau système de comptabilisation, que le recul du nombre de chômeurs rapporté pour mars, avril et mai se révèle supérieur à ce qu’il est en réalité (voir le communiqué de presse du SECO du 9 avril 2018).
. Comme le nombre de personnes employées a augmenté, contrairement à celui des chômeurs, le taux de chômage correspondant a reculé en l’espace de cinq ans de 0,4 point à 3,9%. Le taux de chômeurs inscrits a parallèlement baissé de 0,7 point à 2,3%.Baisse du taux de chômage des hommes et des femmes
D’un point de vue structurel, la période de 2014 à 2019 a vu le taux de chômage des hommes au sens du BIT quelque peu s’approcher de celui des femmes. Au quatrième trimestre 2019, 3,7% des hommes et 4,1% des femmes étaient au chômage au sens du BIT, alors que l’écart entre les deux sexes était plus important cinq ans plus tôt (4,0% chez les hommes contre 4,6% chez les femmes). En 2019, le travail à temps partiel demeurait nettement plus répandu chez les femmes (59,3%) que chez les hommes (17,7%). Le nombre d’hommes travaillant à temps partiel a cependant connu une croissance prononcée ces cinq dernières années (+11,6% contre +5,6% pour les femmes).
Hausse du nombre de places vacantes
Au quatrième trimestre 2019, le nombre de places vacantes (78 000) était, selon la STATEM, supérieur de quelque 40% à celui observé cinq ans plus tôt (55 000). En 2019 également, les entreprises ont eu plus de peine à recruter le personnel recherché. L’indicateur «difficultés à recruter du personnel qualifié» s’est accru de 1,3 point entre le quatrième trimestre 2014 et le quatrième trimestre 2019.
Forte immigration de main-d’œuvre étrangère
Le nombre de personnes actives de nationalité étrangère (actifs occupés plus chômeurs au sens du BIT) a progressé de 9,4% entre le quatrième trimestre 2014 et le quatrième trimestre 2019, pour atteindre 1,7 million de personnes. Le nombre de personnes actives de nationalité suisse s’est parallèlement accru de 1,8% à 3,6 millions. De la sorte, la part des étrangers dans la population active a augmenté de 1,5 point (à 32,4%). Les étrangers sont nettement plus touchés par le chômage que les Suisses (resp. 6,3% et 3,0% au quatrième trimestre 2019). En cinq ans, le taux de chômage a cependant baissé chez les étrangers (–1,6 point), tandis qu’il est resté stable chez les Suisses (+0,0 point).
Croissance des salaires nominaux et réels
En 2019, les salaires nominaux ont affiché une hausse moyenne de 0,9% par rapport à l’année précédente (+0,5% en 2018 et +0,4% en 2017). Cette augmentation nominale est venue confirmer une tendance à la modération salariale observée depuis 2010 avec des taux annuels ne dépassant pas +1,0%. Les décisions en matière de revalorisation salariale pour l’année 2019 ont été prises en général en automne 2018. L’inflation qui était estimée, à cette période, à 0,5% pour 2019 s’est finalement élevée à 0,4%. Le pouvoir d’achat des salaires a ainsi augmenté pour la première fois après deux ans de 0,5% (2018: –0.4%; 2017: –0,1%). Sur les quatre dernières années, de 2016 à 2019, le rythme annuel moyen de progression des salaires réels, pour l’ensemble des personnes salariées, a été de +0,3% (+0,2% pour les hommes et +0,3% pour les femmes).

2014–2019: la situation des hommes et des femmes sur le marché du travail
De 2014 à 2019, la proportion des femmes participant au marché du travail a augmenté. Hommes et femmes sont toujours plus nombreux à travailler à temps partiel. Les femmes restent cependant proportionnellement nettement plus nombreuses que les hommes à exercer une activité professionnelle à temps partiel (59,3% contre 17,7%). Le taux de chômage au sens du BIT des hommes et des femmes a diminué (3,7% contre 4,1%). Si l’on compare les équivalents plein temps, les femmes gagnent en moyenne 12% de moins que les hommes. Seule une partie de cette différence peut être expliquée par des critères objectifs.
La part des femmes actives a augmenté plus fortement
Entre le quatrième trimestre 2014 et le quatrième trimestre 2019, le nombre de personnes actives (les actifs occupés et les chômeurs selon le BIT correspondent ensemble à l’offre de travail) a progressé de 3,2% (à 2,6 millions) chez les hommes et de 3,9% (à 2,3 millions) chez les femmes. La part de ces dernières dans la population active a ainsi légèrement augmenté de 0,2 point à 46,9% en cinq ans. Le nombre des femmes actives occupées s’est toutefois plus fortement accru (+4,5%) que celui des hommes (+3,5%), tandis que le nombre des femmes au chômage selon le BIT diminuait bien plus nettement (–7,2%) que chez les hommes (–4,4%). Cette évolution a entraîné une baisse de la part des femmes parmi les chômeurs, laquelle est passée de 50,4% en 2014 à 49,7% en 2019 (quatrième trimestre dans les deux cas).
Le temps partiel continue de progresser
Le temps partiel est nettement plus répandu chez les femmes que chez les hommes: au quatrième trimestre 2019, 59,3% des femmes actives occupées travaillaient à temps partiel (autrement dit à un taux d’occupation inférieur à 90%), contre 17,7% des hommes. Entre le quatrième trimestre 2014 et le quatrième trimestre 2019, le nombre d’actifs occupés à temps partiel a augmenté aussi bien chez les femmes (+5,6%) que chez les hommes (+11,6%). La distribution inégale du temps partiel est une des raisons qui expliquent que la part des femmes au volume total des heures effectives de travail n’ait été que de 38,7% en 2019. Parmi les 445 000 hommes travaillant à temps partiel au quatrième trimestre 2019, 96 000 étaient en sous-emploi (21,6%), c’est-à-dire qu’ils souhaitaient travailler davantage et étaient disponibles à court terme pour le faire. Parmi les 1 316 000 femmes travaillant à temps partiel, 250 000 étaient en sous-emploi, soit une part de 19,0%. Sur cinq ans, la part des personnes en sous-emploi dans l’ensemble des personnes travaillant à temps partiel a légèrement progressé aussi bien chez les femmes (+0,4 point) que chez les hommes (+0,3 point).
Les femmes travaillent plus souvent dans le secteur
des services que les hommes
Pour les deux sexes, l’évolution des actifs occupés a été comparable dans les trois secteurs économiques entre le quatrième trimestre 2014 et le quatrième trimestre 2019: si le nombre d’hommes et de femmes occupés dans le secteur secondaire a augmenté à un rythme inférieur à la moyenne (+1,4% et +0,8% resp.), celui des hommes et des femmes occupés dans le secteur tertiaire l’a été à un rythme supérieur (+7,5% et +7,1% resp.). Proportionnellement, les femmes travaillent bien plus fréquemment que les hommes dans le secteur des services (quatrième trimestre 2019: 87,7% contre 67,5%). Seuls 10,7% des femmes travaillent dans l’industrie et 1,6% dans l’agriculture. Parmi les hommes actifs occupés, 29,5% travaillent dans l’industrie et 2,9% dans l’agriculture.
Baisse du taux de chômage des hommes et des femmes
Le taux de chômage a tendu à diminuer en 2014, celui des femmes dépassant celui des hommes (4,6% et 4,0% resp.). Si le taux de chômage des femmes a oscillé autour des 5% en 2015 et 2016, celui des hommes, après trois trimestres d’amélioration, s’est remis à progresser, se rapprochant ainsi de nouveau du taux observé chez les femmes. En 2017, le taux de chômage est resté stable chez les femmes, tandis qu’il s’est amélioré chez les hommes, ce qui a entraîné à nouveau une plus grande différence entre les taux de chômage des deux sexes. Cette tendance s’est poursuivie en 2018. En 2019, les deux taux de chômage ont baissé, celui des femmes un peu plus, les deux taux s’approchant à nouveau l’un de l’autre. Au cours des cinq années qui s’étendent du quatrième trimestre 2014 au quatrième trimestre 2019, l’écart des taux de chômage au sens du BIT a légèrement diminué. Par rapport à 2014 (hommes: 4,0%, femmes: 4,6%), le taux de chômage au sens du BIT a moins reculé chez les hommes (–0,3 point) que chez les femmes (–0,5 point). De la sorte, l’écart a diminué de 0,2 point en 2019 (hommes: 3,7%, femmes: 4,1%).

2014–2019: main-d’œuvre suisse et main-d’œuvre étrangère
Depuis 2001, la Suisse connaît une forte immigration de main-d’œuvre étrangère. De 2014 à 2019, le nombre de personnes actives de nationalité étrangère a augmenté plus de cinq fois plus fortement que celui des travailleurs suisses. Sans les naturalisations, la différence serait encore plus marquée. Sur l’ensemble de la période sous revue, le taux de chômage au sens du BIT des étrangers était deux à trois fois plus élevé que celui des Suisses. Les salaires de ces derniers sont globalement plus élevés que ceux des travailleurs étrangers, sauf dans les postes à niveau de responsabilité élevé.
L’immigration de main-d’œuvre étrangère reste importante
Entre le quatrième trimestre 2014 et le quatrième trimestre 2019, le nombre d’actifs étrangers (étrangers actifs occupés et étrangers chômeurs au sens du BIT confondus) a progressé plus de cinq fois plus rapidement que celui des personnes actives de nationalité suisse (+9,4% à 1,7 million contre +1,8% à 3,6 millions). Par rapport au trimestre correspondant de l’année précédente, la population active étrangère a nettement augmenté durant le premier semestre 2014. La progression du nombre de travailleurs étrangers est le résultat d’une forte immigration: sur l’ensemble de la période 2014–2018, les immigrations de main-d’œuvre étrangère ont dépassé de 218 000 personnes les émigrations. Le solde migratoire annuel des actifs étrangers a toutefois diminué de 60 000 à 35 000 personnes entre 2014 et 2018. Les migrations d’actifs de nationalité suisse présentaient par contre un solde négatif de 17 000 personnes durant la même période. Les naturalisations jouent un rôle sur la structure de la population active: de 2014 à 2018, quelque 126 000 personnes actives étrangères ont acquis la nationalité suisse. Sans ces naturalisations, l’effectif de la population active étrangère aurait augmenté de 17,4% entre 2014 et 2019, alors que celui de la population active suisse aurait enregistré un recul (–1,8%). Au quatrième trimestre 2019, la part des étrangers dans la population active représentait 32,4% contre 30,9% cinq ans plus tôt.
Le chômage touche davantage les personnes étrangères
Au quatrième trimestre 2019, la population active de nationalité suisse se composait de 3,5 millions d’actifs occupés et de 109 000 chômeurs au sens du BIT. Le taux de chômage au sens du BIT de la population suisse s’élevait ainsi à 3,0%. Si ce taux a varié entre 3,0% (2019) et 4,0% (2014) au cours de la période sous revue pour la population de nationalité suisse, la situation des étrangers a été moins favorable: au quatrième trimestre 2019, 1,6 million d’entre eux étaient actifs occupés et 84 000 étaient chômeurs. Le taux de chômage de la population étrangère se montait de la sorte à 6,3% (quatrième trimestre 2014: 7,8%).
Moins de temps partiel chez les étrangers
Entre le quatrième trimestre 2014 et le quatrième trimestre 2019, la part des personnes travaillant à temps partiel a légèrement augmenté tant chez les Suisses (+1,5 point à 41,2%) que chez les étrangers (+0,6 point à 26,1%). Ce mode de travail est très répandu chez les femmes, mais il l’est bien plus chez les Suissesses que chez les étrangères: au quatrième trimestre 2019, les premières étaient 63,5% à travailler à temps partiel, les secondes 46,0%. Chez les hommes, les proportions correspondantes étaient de 20,2% et 11,4%. La plupart des actifs occupés étrangers sont salariés (95,3% contre 89,3% des Suisses). Seulement 4,7% ont le statut d’indépendants ou travaillant dans l’entreprise familiale, soit nettement moins que chez les actifs occupés suisses (10,7%). Cette différence par rapport aux Suisses est liée à différents facteurs: à la problématique de l’intégration s’ajoute l’impossibilité pour les personnes étrangères de la première génération de reprendre une entreprise en mains familiales. Comparée à la population suisse, une part relativement importante de la population de nationalité étrangère est par ailleurs âgée de moins de 40 ans (alors que la proportion d’indépendants est bien plus élevée chez les 40 à 64 ans que chez les moins de 40 ans).
La part des travailleurs étrangers frontaliers augmente
La structure de la population active occupée de nationalité étrangère selon l’autorisation de résidence n’a que légèrement changé au cours des cinq dernières années. Si la part des frontaliers titulaires du livret G s’est légèrement accrue de 0,2 point à 19,9%, on a par contre observé un recul de 0,1 point à 27,8% pour les titulaires d’une autorisation de séjour (livret B) et de 0,6 point à 2,8% pour les titulaires d’une autorisation de séjour de courte durée (livret L). La part des titulaires d’une autorisation d’établissement (livret C) se situe à 47,3% tant au quatrième trimestre 2014 qu’au quatrième trimestre 2019.

2014–2019: les conditions de travail en Suisse
Les conditions de travail en Suisse ont changé entre 2014 et 2019: le temps de travail effectif a diminué et le nombre de semaines de vacances par année a augmenté. Dans le même temps, on a observé une progression des horaires de travail flexibles, des rapports de travail de durée limitée et de la multiactivité. Le travail le samedi est par contre en légère diminution.
Heures de travail en baisse et semaines de vacances
en hausse
Entre 2014 et 2019, les heures de travail hebdomadaires effectives des salariés à plein temps (propriétaires de leur entreprise non inclus) ont diminué de 15 minutes en moyenne à 41 heures et 2 minutes. En revanche, les semaines de vacances annuelles ont augmenté de 0,3 jour pour atteindre 5,2 semaines. La durée hebdomadaire effective de travail la plus élevée a été enregistré chez les salariés à plein temps du secteur primaire (47 heures et 28 minutes en 2019), qui sont aussi ceux qui prennent le moins de vacances (4,7 semaines).
Les indépendants se distinguent des salariés en termes de semaines de vacances et de temps de travail. En 2019, les indépendants avec un taux d’occupation de 100% travaillaient en moyenne 10 heures de plus par semaine et avaient 7 jours de vacances de moins par an que les salariés.
Les horaires de travail flexibles augmentent
En 2019, 45,9% des salariés disposaient d’un horaire de travail flexible (2014: 43,1%). Les hommes bénéficiaient d’un tel horaire plus souvent que les femmes (51,1% contre 40,2%), mais la part des femmes étant dans ce cas a progressé plus fortement depuis 2014 (+3,3 points) que celle des hommes (+2,2 points).
Les salariés jeunes et ceux de plus de 64 ans travaillent
plus souvent sur appel.
En 2019, 16,5% des personnes actives occupées travaillaient régulièrement le soir, soit entre 19h et minuit (2014: 17,1%), et 4,6% d’entre elles de nuit, soit de minuit à 6h (2014: 5,0%). Le travail du soir concernait plus souvent les femmes (17,8%) que les hommes (15,4%), alors que le travail de nuit était plus répandu chez les hommes (5,2%) que chez les femmes (3,9%). En 2019, 18,9% des actifs occupés travaillaient régulièrement le samedi, une part en recul de 1,9 point par rapport à 2014. Les femmes travaillaient plus souvent le samedi que les hommes (20,7% contre 17,4%), mais on observe de grandes différences selon l’âge: les femmes de 15 à 24 ans (27,6%) et les hommes actifs occupés de 65 ans et plus (30,6%) étaient les plus touchés par le travail le samedi.
Le travail le dimanche concernait 10,5% de la population active occupée en 2019 (contre 9,8% en 2014).
5,1% des salariés travaillaient sur appel en 2019. Cette part a légèrement augmenté par rapport à 2014 (4,9%). Le travail sur appel était plus répandu chez les femmes (6,3%) que chez les hommes (4,0%). Si l’on considère les différents groupes d’âge, les salariés de 65 ans et plus sont le plus souvent concernés par ce modèle de travail (21,6%), devant les 15 à 24 ans (9,5%).
Les jeunes salariés ont plus souvent
un contrat de durée limitée
En 2019, 7,7% des salariés avaient un contrat de travail de durée limitée, contre 7,4% en 2014. Cette part est légèrement plus élevée chez les femmes (8,3%) que chez les hommes (7,2%). Ce type de contrat est le plus répandu chez les salariés de 15 à 24 ans (sans les apprentis), qui sont environ un quart (23,5%) à être dans ce cas.
La multiactivité augmente
En 2019, 8,4% des actifs occupés avaient plus d’un emploi. Au cours des cinq dernières années, la part des multiactifs a progressé de 0,7 point.
Les femmes occupaient plusieurs emplois plus souvent que les hommes. Ainsi en 2019, elles étaient près de deux fois plus nombreuses que les hommes à être dans ce cas (11,2% contre 5,9%).
Les jeunes actifs occupés changent plus souvent
de place de travail
La mobilité professionnelle s’est légèrement accrue entre 2014 et 2019. En 2019, 12,7% des actifs occupés ont changé d’emploi (2014: 11,0%), dont 2,9% au sein de la même entreprise et 9,8% dans une autre entreprise.
Cette part n’était que légèrement plus élevée chez les femmes (12,9%) que chez les hommes (12,5%). La mobilité professionnelle diminue cependant nettement avec l’âge: si environ un cinquième des 15 à 24 ans (22,9%) et des 25 à 39 ans (18,0%) ont changé d’emploi en 2019, la part correspondante n’atteignait plus que 4,7% chez les 55 à 64 ans. Les changements d’emploi ont toutefois augmenté dans tous les groupes d’âge par rapport à 2014.

Situation du marché du travail au 1er trimestre 2020 et perspectives à court terme
Le nombre des actifs occupés a augmenté au premier trimestre 2020 par rapport au même trimestre de l’année précédente. Le taux de chômage au sens du BIT a reculé, alors que le taux de chômage selon le SECO a légèrement augmenté. Ces indicateurs reflétant les moyennes trimestrielles, ils n’ont été influencés que de manière marginale par la crise du COVID-19. Le nombre des personnes au chômage partiel a cependant fortement augmenté. Les prévisions d’évolution de l’emploi sont par ailleurs pessimistes: l’économie totale offrait 10 000 places vacantes de moins qu’au 1er trimestre 2019 (–12,9%) et l’indicateur des prévisions d’évolution de l’emploi était en baisse (–3,7%).
Hausse du nombre de personnes actives occupées
et de celui des emplois
Au premier trimestre 2020, le nombre des actifs occupés a progressé de 56 000 ou de 1,1% par rapport au trimestre correspondant de l’année précédente. La hausse a été plus marquée chez les hommes (+1,2%) que chez les femmes (+1,0%) et plus faible pour les personnes actives occupées suisses (+0,2%) que pour celles de nationalité étrangère (+3,2%). Chez ces dernières, le nombre d’actifs occupés s’est accru chez les frontaliers (+4,5%), de même que chez les titulaires d’une autorisation de séjour C (+3,6%) et les titulaires d’une autorisation d’établissement B (+1,8%), alors qu’il a reculé chez les titulaires d’une autorisation de séjour de courte durée L (–3,4%).
Par rapport au trimestre correspondant de l’année précédente, le nombre des actifs occupés a progressé plus nettement (+1,1%) que celui des emplois (+0,6%). Les évolutions différentes du nombre des actifs occupés (statistique de la population active occupée SPAO) et du nombre des emplois (statistique de l’emploi STATEM) peuvent, entre autres, résulter des différences quant à l’univers de base (ménages pour l’une et entreprises pour l’autre), à l’unité statistique (personnes pour l’une et emplois pour l’autre) et quant à la période de référence (moyenne trimestrielle pour l’une et fin du trimestre pour l’autre). Lorsque la conjoncture se détériore, la SPAO tend à donner souvent une image plus positive que la STATEM, ou plus négative lorsque la conjoncture s’améliore.
Légère baisse du taux de chômage
Au premier trimestre 2020, 222 000 personnes étaient au chômage en Suisse selon la définition du Bureau international du Travail (BIT). Ces chômeurs au sens du BIT représentaient 4,5% de la population active, contre 4,9% au premier trimestre 2019. Le taux de chômage selon le SECO se situait à 2,7% au premier trimestre 2020, soit un niveau supérieur de 0,1 point à celui du premier trimestre 2019. Ce taux représente en chiffres absolus quelque 125 000 personnes enregistrées au premier trimestre 2019 comme chômeurs dans un office régional de placement et une hausse de 6000 personnes par rapport à 12 mois auparavant.
Forte progression du chômage partiel
Le nombre des personnes au chômage partiel a augmenté de manière considérable en mars 2020, en raison de la crise du COVID-19 et, notamment, des mesures prises par les autorités pour protéger la population. Des demandes de chômage partiel ont été déposées pour environ 1,6 million de personnes en mars 2020 et 1,9 million de personnes en avril 2020, soit respectivement 31% et 37% de la population active occupée. En février 2020, leur nombre n’était que de 11 000 environ. Il faudra attendre quelques mois pour savoir dans quelle mesure les entreprises auront effectivement recouru au chômage partiel. Le recours au chômage partiel avait été marqué pour la dernière fois après la dernière crise financière et économique mondiale. Le nombre des demandes de chômage partiel par mois avait atteint son niveau le plus haut en 2009, avec 155 000 personnes. En mai 2009, les entreprises avaient recouru effectivement à ces prestations pour 92 200 personnes, ce qui représente la valeur mensuelle la plus élevée de 2009.
Diminution des places vacantes
Au premier trimestre 2020, on dénombrait 67 300 places vacantes dans l’économie totale, soit 10 000 de moins (–12,9%) qu’au premier trimestre 2019. Le nombre de places vacantes a diminué aussi bien dans le secteur secondaire (–24,0%) que dans le tertiaire (–9,0%). La part des entreprises ayant eu des difficultés à recruter du personnel qualifié a reculé (– 4,0 points à 28,1%) par rapport au trimestre correspondant de l’année précédente.
Des prévisions d’évolution de l’emploi pessimistes
L’indicateur des prévisions d’évolution de l’emploi, qui représente les attentes des entreprises quant à l’évolution de l’emploi dans les trois mois suivants, a fortement fléchi par rapport à l’année précédente: son niveau n’avait plus été aussi bas depuis le 3e trimestre 2009 (1,01; –3,7%). La baisse a été observée avant tout dans la secteur secondaire (1,00; –6,1%), mais l’indicateur a aussi reculé dans le secteur tertiaire (1,01; –2,9%). Les perspectives sont particulièrement pessimistes dans l’industrie (0,98; –7,5%) et dans l’hébergement et la restauration (0,91; –12,0%), où l’indicateur est tombé en dessous de 1,00, ce qui laisse entrevoir un recul de l’emploi pour le trimestre prochain.

Le marché suisse du travail en comparaison internationale
Le marché suisse du travail est performant en 2019 en comparaison internationale. Le taux d’activité et la participation des femmes à la vie active sont tous deux parmi les plus élevés d’Europe. Le taux d’activité élevé des femmes en Suisse est largement lié au fait que le travail à temps partiel y est très répandu. La part d’actifs occupés à temps partiel est nettement plus importante en Suisse que dans la plupart des autres pays européens. Les salaires en Suisse, convertis en euros, sont plus élevés que dans les pays de l’UE. Si l’on convertit les salaires en standards de pouvoir d’achat pour tenir compte du niveau différent des prix, les différences sont cependant plus faibles.
Taux d’activité élevé en Suisse
Au quatrième trimestre 2019, le taux d’activité de la population de 15 ans et plus était de 68,1% en Suisse, soit l’un des taux les plus élevés en Europe. Seule l’Islande (79,9%) affichait un taux d’activité supérieur. Les pays voisins de la Suisse enregistraient des taux sensiblement inférieurs (Allemagne: 62,6%, Autriche: 61,4%; France: 55,5%, Italie: 49,9%). Après l’Italie, la Croatie (51,3%) et la Grèce (51,6%) présentaient les taux les plus faibles d’Europe. La moyenne de l’UE-28 se situe à 58,3%.
Forte participation des femmes à la vie active
dans les pays nordiques
La participation des femmes à la vie active varie fortement d’un pays à l’autre. En Italie (41,4%), deux cinquièmes des femmes sont actives, tandis que les pays nordiques présentent les taux les plus élevés (Islande: 76,3%; Suède: 62,5%; Norvège: 61,7%; Pays-Bas: 60,0%). En moyenne européenne, une femme sur deux est active (52,3%). La Suisse arrive en deuxième position avec un taux de 63,0%; dans les pays voisins, la participation des femmes à la vie active est nettement plus basse (Allemagne: 57,2%; Autriche: 55,9%; France: 51,6%). La participation des femmes à la vie active est certainement favorisée en Suisse par une offre importante d’emplois à temps partiel. Dans notre pays, 39,8% des actifs occupés travaillent à temps partiel (femmes: 62,4%). Seuls les Pays-Bas affichent une proportion plus élevée (51,1%; femmes: 75,4%). La part des personnes actives occupées à temps partiel est particulièrement faible en Bulgarie (1,9%; femmes: 2,1%), en Hongrie (5,1%; femmes: 7,5%), en Croatie (5,1%; femmes: 6,9%) et en Slovaquie (5,2%; femmes: 7,4%).
La participation des hommes à la vie active est plus élevée que celle des femmes dans tous les pays considérés. Elle est la plus importante en Islande (83,2%), suivie de la Suisse (73,4%). Elle est nettement plus basse dans les pays voisins de la Suisse (Allemagne: 68,2%; Autriche: 67,1%; France: 59,8%; Italie: 59,1%) et se monte à 64,6% en moyenne européenne.
Taux de chômage relativement faible en Suisse
Entre le quatrième trimestre 2018 et le quatrième trimestre 2019, le taux de chômage au sens du BIT a reculé de 0,7 point à 3,9%. Il a également baissé dans l’UE-28 (de 0,4 point à 6,2%). Par rapport aux pays membres de l’UE, la Suisse fait état d’un des taux les plus bas. Ce taux est plus bas en Allemagne (3,1%) mais bien plus élevé en France (8,4%) et en Italie (9,9%). Seuls deux pays affichent des taux inférieurs à 3%: la République tchèque (2,0%; inchangé par rapport au trimestre correspondant de l’année précédente) et la Pologne (2,9%; –0,9 point). La Grèce et l’Espagne sont les pays d’Europe qui présentent les taux de chômage au sens du BIT les plus élevés, mais comparés à leur niveau du trimestre correspondant de l’année précédente, ces taux ont tous deux reculé (Grèce: –1,9 point à 16,8%; Espagne: –0,7 point à 13,8%).
Les salaires en comparaison internationale
La comparaison des salaires annuels bruts moyens pour un poste à plein temps dans l’industrie et les services marchands met en évidence l’écart salarial existant parmi les pays de l’UE. Des différences marquées sont à observer non seulement entre les pays de l’UE-15 et les nouveaux pays membres entrés dans l’UE depuis 2004, mais également à l’intérieur des deux groupes de pays.
Dans l’UE-15, on observe toujours un décalage entre les pays du nord et ceux du sud: en 2014 les salaires bruts annuels les plus élevés sont enregistrés au Danemark (57 723 euros), les plus bas au Portugal (16 425 euros). L’écart salarial augmente encore si l’on considère les nouveaux pays membres: en 2014 seuls Chypre, la Slovénie et Malte affichent des salaires supérieurs à 20 000 euros tandis que la Bulgarie, pays devenu membre de l’UE en 2007, vient clore le classement avec un salaire annuel brut de 5795 euros.
Avec un salaire brut annuel de 71 694 euros, niveau influencé en partie par la force du franc, la Suisse figure en première position devant le Danemark.
Afin de comparer des salaires qui traduisent de manière réelle leur pouvoir d’achat, les salaires exprimés en monnaie nationale doivent être convertis dans une devise commune artificielle appelée «standard de pouvoir d'achat» (SPA). La prise en compte des différences de niveaux de prix entre les pays nous amène à reconsidérer l’ampleur de l’écart salarial observé entre les pays. En effet, exprimés en euros, les salaires payés en Suisse (les plus hauts) sont 12,4 fois supérieurs à ceux payés en Bulgarie (les plus bas) alors qu’exprimés en SPA ils ne sont plus que 3,7 fois supérieurs. Si l’on considère les pays voisins, exprimés en euros, les salaires annuels payés en Suisse sont 1,7 fois supérieurs à ceux versés en Allemagne et en Autriche, 1,9 fois supérieurs à ceux payés en France et 2,1 fois supérieurs aux salaires de l’Italie. L’écart se réduit si la comparaison des salaires bruts moyens est faite sur la base de leur niveau en SPA. Les salaires payés en Suisse ne sont plus que 1,2 fois supérieurs aux salaires payés en Allemagne et en Autriche et 1,4 fois supérieurs à ceux payés en France et en Italie.
