9 Scénarios de la population active

9.1 Évolution du taux d’activité

D’après le scénario de référence A-00-2020, le taux d’activité des personnes de 15 ans ou plus diminuera de 5,6 points de pourcentage d’ici à 2050 pour atteindre 62,7%. Cette diminution est étroitement liée au vieillissement de la population. Pendant la période considérée, il faut en effet s’attendre à une forte augmentation de la population ayant atteint l’âge de la retraite. Par contre, le taux d’activité des 15 à 64 ans ne devrait pas varier considérablement, quel que soit le scénario (2020: 84,4%; 2050: 84,5% selon le scénario de référence A-00-2020, 85,5% selon le scénario «haut B-00-2020» et 83,5% selon le scénario «bas C-00-2020»).

La participation des hommes (de 15 ans ou plus) au marché du travail n’a cessé de baisser depuis le début des années 1990, une tendance qui va se poursuivre également pendant la période de la projection. Entre 2020 et 2050, le taux d’activité des hommes s’abaissera de 73,8% à 67,3%. L’évolution est différente pour les femmes: leur taux d’activité a augmenté entre 1991 et 2019, mais diminuera aussi, comme celui des hommes, d’ici à 2050 en raison du vieillissement de la population (–4,8 points à 58,1%). L’écart entre le taux d’activité des hommes et celui des femmes se comblera ainsi et passera de 10,9 points en 2020 à 9,2 points en 2050.

La participation des hommes de 15 à 64 ans au marché du travail diminuera encore d’ici à 2050 (–0,59 point à 87,9%), alors que celle des femmes de la même classe d’âges devrait augmenter (+0,7 point à 81,0%).

Il faut s’attendre à des différences plus importantes entre le scénario de référence et les scénarios «haut» et «bas» pour le taux d’activité des 15 ans ou plus que pour celui des 15 à 64 ans. Cela tient entre autres à l’hypothèse concernant l’activité professionnelle des personnes ayant atteint l’âge de la retraite, qui a un effet plus marqué sur le taux d’activité. La plus forte variation entre les scénarios s’observe en effet chez les plus de 65 ans.

Le taux d’activité par âge met en évidence l’influence des hypothèses dans le domaine de la population active (formation, effet des enfants, retraite anticipée et activité professionnelle au-delà de l’âge de la retraite) dans certaines classes d’âges.

Chez les hommes, le taux d’activité ne devrait pas varier considérablement si l’on en croit le scénario de référence. La participation des hommes de moins de 30 ans au marché du travail va légèrement baisser. Une évolution qui s’explique par une participation accrue à la formation tertiaire se traduisant par l’allongement de la durée de formation. Quant au taux d’activité des hommes d’âge moyen, il est déjà élevé aujourd’hui et pourra difficilement progresser ces prochaines années.

Les projections annoncent également un recul de la participation des femmes de 15 à 24 ans au marché du travail en raison de l’allongement de la durée de formation. Dans la population d’âge moyen, le taux d’activité va par contre croître avec l’augmentation du niveau de formation et d’autres facteurs auront également un effet positif sur la participation au marché du travail, comme les mesures destinées à faciliter la conciliation travail-famille, l’intérêt pour la carrière professionnelle ou la nécessité de contribuer au revenu du ménage.

Par rapport au scénario de référence, les scénarios «haut» et «bas» se différencient principalement au niveau de l’activité professionnelle des personnes de 55 ans ou plus (effet affaibli ou renforcé des retraites anticipées et de l’activité professionnelle au-delà de l’âge de la retraite).

9.2 Évolution du taux d’activité en équivalents plein temps

Les taux d’activité en équivalents plein temps (EPT) reflètent le taux d’occupation moyen des personnes actives. L’évolution de ces taux d’activité dépend principalement des changements dans le domaine de la conciliation travail-famille et concerne essentiellement la population d’âge moyen.

En 2019, la plupart des hommes d’âge moyen travaillaient à plein temps: le taux d’activité en EPT de ceux de 35 à 50 ans était supérieur à 95%. On s’attend à ce que le temps partiel gagne du terrain chez les hommes ces trente prochaines années. Cette évolution entraînera un recul des taux d’activité en EPT, en particulier chez les 40 à 50 ans.

Environ 60% des femmes travaillaient à temps partiel en 2019, contre 18% des hommes. Les taux d’activité en EPT sont par conséquent beaucoup plus bas chez les femmes que chez les hommes, notamment aux âges auxquels la plupart se consacrent à leur famille. Compte tenu des hypothèses formulées par rapport à la conciliation travail et famille (réduction de l’effet des enfants), le taux d’activité en EPT des femmes devrait s’élever fortement d’ici à 2050 tout en restant nettement inférieur à celui des hommes.

9.3 Évolution de la population active

L’évolution de la population active ne dépend pas que du taux d’activité; elle est aussi fortement influencée par l’évolution démographique. Selon le scénario de référence, la population active de 15 ans ou plus suivra une hausse constante pour atteindre 5,604 millions de personnes à fin 2050 (+11,2% par rapport à 2020). La tendance attendue est semblable pour les hommes et les femmes (respectivement +11,2% à 2,987 millions et +11,2% à 2,616 millions). La part des femmes dans la population active reste donc inchangée (46,7%).

Si l’on considère la population active en équivalents plein temps, la situation est différente: pendant la période considérée, la population active féminine s’accroîtra davantage que la population active masculine (+17,1% à 2,038 millions contre +7,0% à 2,723 millions). Cette évolution s’explique par une tendance à la hausse des taux d’occupation chez les femmes et par la progression du travail à temps partiel chez les hommes.

Si l’on considère la nationalité, un certain déséquilibre apparaît: alors que l’on prévoit une augmentation de 34,9% de la main-d’œuvre étrangère (à 1,909 million), la population active de nationalité suisse ne s’accroît pour sa part que de 2,0 points (+72 000 à 3,695 millions). La part des étrangers dans la population active passera ainsi de 28,1% à 34,1%. Cette évolution s’explique principalement par un solde migratoire positif chez les personnes de nationalité étrangère. L’âge moyen des personnes actives s’élève de 41,9 à 42,6 ans durant la période sous revue.

Le scénario «haut» B-00-2020 part également d’une hausse continue de la population active, laquelle doit augmenter de 23,3% d’ici à 2050, à 6,247 millions. Les tendances sont les mêmes que dans le scénario de référence si l’on considère la population active selon le sexe et la nationalité. Selon le scénario «bas» C-00-2020, le nombre des personnes actives diminuera jusqu’en 2050 à 4,981 millions (–0,6% par rapport à 2020).

  

9.4 Évolution du rapport entre les personnes âgées (de 65 ans ou plus) et la population active

En 2020, la Suisse compte 36 personnes de 65 ans ou plus pour 100 personnes actives de 20 à 64 ans. De 36 on passera à 53 personnes d’ici à 2050, soit un chiffre 1,5 fois plus élevé. Cette forte hausse reflète le vieillissement de la population: l’augmentation de la population active ne suffit pas pour compenser l’évolution des personnes ayant atteint l’âge de la retraite. Les valeurs correspondantes sont de respectivement 52 et 55 personnes pour 100 personnes actives âgées de 20 à 64 ans selon les scénarios «haut» et «bas». Elles ne varient donc pas considérablement d’un scénario à l’autre. Par contre, l’évolution d’ici à 2050 s’annonce très différente si l’on fait la distinction entre Suisses et étrangers. Comme bon nombre de personnes de nationalité étrangère rentrent dans leur pays d’origine lorsqu’elles atteignent l’âge de la retraite, le rapport est trois fois plus faible pour celles-ci que pour les Suisses (13 contre 45 en 2020). Selon le scénario de référence, cette valeur va cependant fortement augmenter chez les personnes de nationalité étrangère et atteindre 29 personnes d’ici à 2050. Chez les personnes de nationalité suisse, ce rapport va croître de quelque 2% par année d’ici à 2020 pour se stabiliser ensuite à 67 personnes d’ici à 2050.

9.5 Évolution de la main-d’œuvre frontalière de nationalité étrangère

En sus des scénarios de la population active, de nouveaux scénarios ont été établis pour l’évolution du nombre de frontaliers de nationalité étrangère. Ceux-ci ne sont pas pris en compte dans les scénarios de la population active, car ils ne font pas partie de la population résidante permanente.

Selon le scénario de référence de ces nouveaux scénarios de frontaliers, l’évolution du nombre de frontaliers poursuivra sa courbe croissante les premières prochaines années pour ensuite s’aplatir. Cette hausse continue fera passer le nombre de frontaliers de 337 000 en 2020 (6,3% de la population active) à 526 000 en 2050 (8,6% de la population active). La main-d’œuvre frontalière atteindra même 670 000 personnes (10,7% de la population active) selon le scénario «haut», mais seulement 400 000 (6,7% de la population active) selon le scénario «bas».