Point fort: Agglomérations

Les villes et les agglomérations sont les moteurs du développement économique, social et culturel de la Suisse. Elles jouent de ce fait un rôle de plus en plus important, ainsi que le relevait le Conseil fédéral en 2001 déjà dans son rapport sur la politique des agglomérations Conseil fédéral, Politique des agglomérations de la Confédération (2001) .

Les agglomérations accueillent de grands nœuds de circulation routière, elles offrent de l’espace pour l’artisanat et l’industrie et abritent une grande majorité de la population suisse. Elles fournissent ainsi des prestations qui ne bénéficient pas seulement à elles-mêmes, mais à l’ensemble de la Suisse. Ces zones ont en même temps un grand potentiel, qu’il convient de mettre à profit.

La présente édition des «Statistiques des villes suisses» souhaite tenir compte de l’importance particulière des agglomérations. Il s’agit de dresser un tableau plus précis de ces régions urbaines qui impactent l’avenir de la Suisse, à l’aide de données détaillées sur la population, le travail et sa rémunération, la construction et le logement, le tourisme et la mobilité.

À cet égard, il convient de noter que parmi les 49 agglomérations, douze Bâle, Buchs (SG), Chiasso – Mendrisio, Delémont, Genève, Kreuzlingen, La Chaux-de-Fonds – Le Locle, Locarno, Lugano, Rheintal, Schaffhouse et Stein (AG) sont transfrontalières. Les données utilisées dans la présente publication concernent cependant exclusivement l’arrondissement territorial suisse de ces agglomérations.

Lieu de résidence de près de trois quarts de la population

D’après la délimitation des agglomérations de l’époque, la Suisse comptait 24 agglomérations en 1950, au sein desquelles vivaient 2,1 millions de personnes (45% de la population résidante de la Suisse) Office fédéral du développement territorial (ARE), Monitoring de l’espace urbain suisse: Étude thématique A1: L’évolution des villes et des agglomérations suisses, document de synthèse, version 01.03 . De nos jours, ce sont 49 agglomérations dans lesquelles habitent 73% des plus de 8,5 millions de personnes vivant en Suisse (état 2018). En incluant les villes isolées, la Suisse urbaine représente même 77% de la population totale.

La plus grande agglomération, celle de Zurich, comprend 1,4 million d’habitants. Plus d’un demi-million de personnes habitent respectivement dans les agglomérations de Genève et de Bâle. Quelque 420 000 personnes vivent respectivement dans les agglomérations de Lausanne et de Berne. La plus grande partie des 49 agglomérations de la Suisse se classe cependant dans la plus petite catégorie, celles des agglomérations de moins de 50 000 habitants. La plus petite agglomération est Stein (AG) avec 6 081 personnes, sachant que la majeure partie de cette agglomération se situe en Allemagne.

Une croissance démographique persistante – surtout dans les plus petites agglomérations

La croissance démographique dans les agglomérations a connu une évolution très diverse au cours des 38 dernières années (1980 à 2018). Entre 1980 et 1999, la croissance démographique dans les agglomérations se situait autour de 9,8 %, soit en deçà du niveau de développement national et de croissance du reste de la Suisse. La situation a cependant changé au tournant du millénaire: entre 2000 et 2018 la croissance s’est accrue dans les agglomérations, passant à 17,7% et dépassant ainsi les données de comparaison du reste de la Suisse ainsi que la croissance démographique de l’ensemble de la Suisse.

L’agglomération de Bulle a connu la plus grande croissance démographique au cours des années 2000 à 2018 avec 56,4%. Lenzbourg (37%), Monthey (36,7%), Stein (AG) (34,3%), Lachen (34,1%) et Sion (31,9%) ont connu un accroissement de plus de 30%. Parmi les agglomérations de plus de 100 000 habitants, celle de Zoug a connu la plus forte progression entre 2000 et 2018, avec 27,6%. Alors que l’agglomération de Bienne s’était rétrécie de 2,7% entre 1980 et 1999, la région a connu un accroissement de presque 14% à partir de l’année 2000. Parmi les trois plus grandes agglomérations, celle de Bâle a connu un accroissement de 9,6%, tandis que la population résidentielle de Genève et de Zurich a augmenté respectivement de 23% et 22,1%.

Il est à noter que les plus grandes croissances démographiques peuvent être constatées dans les agglomérations de moins de 50 000 habitants (cf. illustration 0.1). Entre 1980 et 1999, l'accroissement de la population y avoisinait 16,9% et 21,3% entre 2000 et 2018. La plus faible croissance démographique au cours de ces années a été observée dans les agglomérations de 250 000 à 499 999 habitants, de 5,7% entre 1980 et 1999 et de 14,8% entre 2000 et 2018.

En raison de l’accroissement démographique, les agglomérations n’ont pas seulement gagné en nombre d’habitants, mais elles ont également grandi en surface (cf. illustration 0.5).

Alors que la surface totale des agglomérations était de 6 452 km2 en 1998, elle est passée à 8 738 km2 en 2010 et occupe aujourd'hui, avec 11 364 km2 (état 2019), presque deux fois plus d'espace qu'il y a vingt ans.

Structure démographique variée

En 2018, la part de la population étrangère par rapport à l’ensemble de la population de la Suisse était de 25,1%. Dans les agglomérations, ce pourcentage est légèrement supérieur avec 27,7%. Dans le reste de la Suisse, cette proportion est de 18,3%. Parmi les agglomérations comportant plus de 100 000 habitants, Genève (39,1 %) et Lausanne (34,2 %) ont la plus forte part de population étrangère. Parmi les plus petites agglomérations, c’est dans l'agglomération de Kreuzlingen que vit la part d'étrangers la plus importante, avec 53%.

Si l’on compare les habitants les plus jeunes (de 0 à 19 ans) et les plus âgés (+65 ans) de la Suisse, les groupes sont approximativement de même taille dans toute la Suisse avec environ 20%. Dans les agglomérations également, les deux cohortes d’âge sont comparables. Si l’on considère les 14 agglomérations comptant plus de 100 000 habitants, dans 9 d’entre elles les habitants les plus jeunes y sont plus représentés que les plus de 65 ans. Inversement, à Bâle, Berne, Lucerne, Lugano et Bienne, les plus de 65 ans sont plus représentés que la tranche d’âge de 0 à 19 ans. Bulle est l’agglomération la plus jeune de la Suisse: près d’un quart des habitants a moins de 19 ans. Avec 26% de personnes âgées de plus de 65 ans, Locarno est l’agglomération la plus âgée.

Dans toute la Suisse, on compte à peu près le même nombre de personnes mariées que de célibataires. Lorsque l’on considère les agglomérations, les personnes célibataires sont majoritaires avec 45,1% contre 41,5% de personnes mariées. Ce modèle peut aussi être observé dans les grandes agglomérations. Parmi les agglomérations comptant plus de 50 000 habitants, les personnes mariées ne sont majoritaires qu’à Zoug, Olten – Zofingen et Lugano. Plus l’agglomération est petite, plus les habitants mariés sont majoritaires. À l’inverse, dans les agglomérations de Lausanne, Bulle, Genève et Fribourg, plus de 47% des habitants sont célibataires.

Moteurs économiques de la Suisse

Sur les 5,2 millions d'emplois au sein du marché du travail suisse, 4,1 millions d’entre eux se trouvent dans les agglomérations, soit au total 79%.

Dans les agglomérations, 80,2% des actifs sont recensés dans le secteur tertiaire. 18,3% travaillent dans le secteur secondaire et 1,5% dans le secteur primaire. Dans les agglomérations d’Altdorf (7,6%), Brig – Visp (5,2%) et Sion (4,6%), les taux des personnes actives dans le secteur primaire sont les plus élevés, ce qui peut s’expliquer par la proximité des zones montagneuses. À Stein, en Argovie, 60% des actifs travaillent dans le secteur secondaire. Ce taux dépasse de 20% ou plus celui des autres agglomérations, à l’exception de Granges et La Chaux-de-Fonds – Le Locle. Le secteur tertiaire enregistre un nombre particulièrement important d’emplois notamment à Vevey – Montreux (87,1%), Zurich (85,9%) et Genève (85,7%).

Le rôle prépondérant joué par les agglomérations dans le marché du travail suisse se reflète aussi par le fait que 72,6% des établissements se trouvent dans les agglomérations; 40,3% d’entre eux se trouvent à eux seuls dans les trois plus grandes agglomérations de Zurich, Genève et Bâle. L’agglomération de Zurich abrite 111 304 établissements – seulement 76 155 établissements de moins que dans le reste de la Suisse. L’agglomération de Zurich totalise ainsi un sixième des établissements de la Suisse.

Une forte disparité des taux de chômage

Le même tableau se dessine pour la répartition des taux de chômage que pour les actifs: environ 80% des chômeurs inscrits résident dans l’une des 49 agglomérations, 43% d’entre eux dans l’une des trois plus grandes agglomérations. Le taux de chômage, c’est-à-dire la proportion des chômeurs par rapport au nombre d'actifs d’une agglomération, varie cependant beaucoup d’une agglomération à l’autre: ce taux est le plus élevé à Neuchâtel (4,9%), La Chaux-de-Fonds – Le Locle (4,7%) et Genève (4,4%) et le plus bas à Interlaken (1,2%), Brig – Visp (1,1%) et Altdorf (0,8%). Au total, 30 des 49 agglomérations ont un taux de chômage supérieur à la moyenne suisse de 2,5%.

Le parc de logements grandit en conséquence

Pour héberger ces quelque 6,2 millions de personnes, 3 201 315 de logements en tout sont disponibles dans les 49 agglomérations. Cela représente 70,7% de tous les logements de la Suisse. L’agglomération comptant la plus grande population – Zurich – comprend la plus grande part des logements (21,3%) et Stein (AG) – la plus petite agglomération – en comprend la plus faible part (0,1%). La médiane se situe à 30 966 logements.

À l’instar de la croissance du pourcentage de population vivant dans les agglomérations depuis 1980, le nombre de nouveaux logements s’est multiplié durant cette période. De 2000 à 2009, 373 370 nouveaux logements ont été construits, dont 69,1% d’entre eux dans les agglomérations. Le nombre des constructions nouvelles s’est encore accru à l’échelle nationale entre 2010 et 2017 – au total 402 061 logements. La proportion des nouveaux logements dans les agglomérations a cependant légèrement diminué durant cette période, pour passer à 67,7%.

La plus forte augmentation du nombre de logements liée à la construction a été enregistrée dans les agglomérations comptant de plus de 500 000 habitants au cours des années 2000 à 2009. C’est dans les agglomérations comprenant moins de 50 000 habitants que le plus faible nombre de nouveaux logements a été construit durant cette période. Dans l’agglomération de Zurich, le parc de logements s’est accru de 64 048 logements. Suivent les agglomérations de Genève et Bâle qui occupent les 2e et 3e places, mais loin derrière, avec respectivement 20 603 et 16 907 nouveaux logements. Au cours de cette période, c’est à La Chaux-de-Fonds – Le Locle (624), Granges (532) et Stein (AG) (349) qu’il a été construit le moins de nouveaux logements.

Entre 2010 et 2017, les grandes agglomérations se classaient également en tête en ce qui concerne l’augmentation des logements neufs liés à la construction, les agglomérations de 250 000 à 499 999 habitants occupant la dernière place au cours de cette période (cf. illustration 0.3).

Il est à noter qu’entre 2000 et 2017, dans les cinq plus grandes agglomérations à elles seules ont été construit autant de logements que dans le reste de la Suisse.

Une surface moyenne d’habitation de 45 m2 par personne

De nos jours, les villes et agglomérations ne sont pas seulement des lieux de travail, mais sont aussi des lieux de résidence très prisés. Le taux de logements vacants de 1,5% dans les agglomérations est par conséquent nettement inférieur aux 2,1% du reste de la Suisse. Comparé à l’effectif total des logements, c’est dans les agglomérations de Zoug (0,5%), de Genève (0,6%) et de Lausanne (0,7%) qu’il y a le moins de logements vacants. Amriswil – Romanshorn (4,1%), Olten – Zofingen (4%) et La Chaux-de-Fonds – Le Locle (3,8%) offrent au contraire le plus grand choix.

Les habitants de Stein (AG) disposent de la plus grande surface moyenne – 51 m2 par personne. Les agglomérations de Lachen et Lenzbourg figurent en 2e et 3e place avec chacune 50 m2 par personne. La moyenne suisse est de l’ordre de 46 m2 par personne, celle des agglomérations est de l’ordre de 45 m2. Il est intéressant de constater qu’au regard de la surface habitable, toutes les agglomérations de la Suisse romande se situent en deçà de la moyenne suisse et qu’ainsi, les trois agglomérations avec les plus petites surfaces habitables par personne se trouvent également en Romandie: Lausanne, Yverdon-les-Bains et Genève avec des surfaces habitables de respectivement 41 m2, 40 m2, et 38 m2 par personne.

Une voiture pour deux habitants

De plus en plus de personnes travaillent en dehors de leur commune de résidence. Les flux de pendulaires ont eux aussi fortement augmenté au cours des dernières décennies. La voiture reste un moyen de transport apprécié. En 2018, 4,6 millions de voitures de tourisme étaient immatriculées en Suisse. Cela représente 543 voitures de tourisme pour 1 000 habitants. Dans les agglomérations, ce sont 517 voitures pour 1 000 habitants, contre 612 dans le reste de la Suisse.

Le plus grand nombre de voitures de tourisme pour 1 000 habitants est recensé dans l’agglomération de Lachen (683), suivie de Monthey (678) et Sion (676). C’est à Winterthour (440), Bâle (460) et Biel/Bienne (466) que le moins de voitures sont immatriculées pour 1 000 habitants.

Au total, 12 agglomérations recensent plus de voitures pour 1 000 habitants que le reste de la Suisse (612).

Dans l’ensemble on peut constater que plus la classe de taille d’agglomération est grande, plus le nombre des voitures pour 1 000 habitants se réduit (cf. illustration 0.4).

Destinations touristiques classiques en tête

Une grande partie du chiffre d’affaires généré par le tourisme suisse provient de nuitées passées par les clients Fédération suisse du tourisme: https://www.stv-fst.ch/fr/tourisme-politique-et-defense-des-interets/creation-de-valeur (01.2020) . En 2018, on enregistrait en Suisse au total environ 39 millions de nuitées, c'est-à-dire environ 4,6 nuitées par habitant. Au niveau des agglomérations, Interlaken caracole en tête avec 26 nuitées par habitant. L’agglomération occupant la 2e place se situe dans la région la plus ensoleillée de la Suisse: Locarno. Là, ce sont 7 nuitées par habitant. À Lucerne, ce sont 4,2 nuitées. Amriswil – Romanshorn et Monthey enregistrent le moins de nuitées par habitant, avec respectivement 0,3 et 0,2 nuitée.

Si l’on considère la répartition par classe de taille d’agglomération, on observe que les trois plus grandes agglomérations enregistrent le plus de nuitées par habitant (2,3). Suivent en 2e place les agglomérations de moins de 50 000 habitants (2,1 nuitées par habitant). Ceci est dû au fait que l’agglomération d’Interlaken figure dans cette classe de taille et qu’elle tire la moyenne vers le haut avec ses valeurs très élevées. La troisième place est occupée par les agglomérations de 100 000 à 249 999 habitants, qui enregistrent 1,9 nuitée par habitant. Les agglomérations de 250 000 à 499 999 et celles 50 000 à 99 999 habitants se trouvent un peu en arrière, avec 1,5 nuitée par habitant chacune.


Vous trouverez les données détaillées ci-après ainsi que dans le chapitre «Agglomérations». Ces données sont également à votre disposition en ligne.

Définitions des agglomérations

Dans le point fort, les textes, les graphiques et les tableaux contiennent des données agrégées à l'état des communes au 01.01.2019, pour constituer les agglomérations d'aujourd'hui selon la définition 2012. Vous trouvez cette dernière au début du chapitre «Agglomérations».

Pour plus d'informations concernant les agglomérations et autres niveaux géographiques en vigueur pour les communes à travers le temps, vous pouvez vous rendre sur l'«Application des communes suisses»:

https://www.agvchapp.bfs.admin.ch/fr/home