4.1 Espérance de vie et santé
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) définit la santé comme un état de complet bien-être physique, mental et social. Elle prend ainsi le contre-pied d’une définition principalement négative de la santé, caractérisée par l’absence de maladie ou de handicap.
Le chapitre 4.1 est consacré à une vue d’ensemble de la santé de la population. Les chapitres 4.2 à 4.13 présentent des données plus détaillées pour plusieurs dimensions de la santé physique et psychique ainsi que pour la santé de groupes de la population.
Espérance de vie et mortalité
En 2017, l’espérance de vie à la naissance s’élevait à 81,4 ans pour les hommes et 85,4 ans pour les femmes. Elle est une des plus élevées au monde. Elle a doublé depuis 1876 et cette croissance s’est poursuivie de manière régulière jusqu’à aujourd’hui. Entre 2000 et 2017, l’espérance de vie à la naissance a encore augmenté de 4,5 ans pour les hommes et de 2,8 ans pour les femmes (G4.1). À la fin du XIXe siècle et durant la première moitié du XXe, la chute de la mortalité infantile a joué un rôle majeur dans cette évolution. Depuis quelques décennies, la mortalité infantile ne recule plus beaucoup, par contre l’espérance de vie continue à croître aux âges avancés.

L’espérance de vie en bonne santé combine les informations concernant la mortalité à celles relatives à la santé auto-évaluée de chaque groupe d’âge. En 2017, l’espérance de vie en bonne santé à la naissance s’élevait à 69,8 ans pour les hommes et 70,8 ans pour les femmes (G4.1). Le faible écart entre hommes et femmes signifie que la longévité plus élevée des femmes correspond, pour une part importante, à des années qui ne sont pas vécues en bonne santé.
L’augmentation de l’espérance de vie a pour corollaire une diminution du taux de mortalité. Celui-ci, standardisé selon l’âge, a baissé de plus de la moitié entre 1970 et 2016 (G4.2). Le recul de plus de sept dixièmes du taux de mortalité standardisé pour les maladies cardiovasculaires a apporté une contribution décisive à cette évolution. Ce taux a également reculé de plus de trois cinquièmes pour les maladies de l’appareil respiratoire et pour les accidents et morts violentes. Pour le cancer la diminution du taux de mortalité est plus limitée, de presque deux cinquièmes.

L’âge auquel les personnes décèdent s’est profondément modifié suite à ces évolutions. En 1950, 44% des hommes et 34% des femmes avaient moins de 65 ans au moment de leur décès. En 2017, ces parts s’étaient réduites à 17% et 9% respectivement (G4.3). À l’inverse, seuls un peu plus de 1% des hommes et 3% des femmes morts en 1950 avaient 90 ans et plus, contre 18% et 35% respectivement en 2017. Plus de trois personnes sur cinq qui décèdent ont au moins 80 ans. Malgré cette évolution et l’important recul de la mortalité infantile (→ chapitre 4.11 ), le taux de décès lors de la première année de vie reste cependant comparativement élevé (G4.4).


La position sociale, appréhendée ici par le niveau de formation, a une grande importance pour l’état de santé. Au début des années 2010, un homme de 30 ans avec un bas niveau de formation, correspondant au mieux à la scolarité obligatoire, pouvait espérer vivre jusqu’à 79,2 ans, contre 83,2 ans pour son contemporain avec une formation universitaire, ce qui représente une différence de 4 ans (G4.5). Cette différence était de 1,3 ans pour les femmes (85,2 ans et 86,5 ans, respectivement). L’écart se réduit avec l’âge, mais il ne disparaît pas.

Santé auto-évaluée
En 2017, cinq personnes sur six âgées d’au moins 15 ans et vivant en ménage privé déclaraient être en bonne ou en très bonne santé. La part de celles considérant leur santé comme mauvaise ou très mauvaise n’était que de 4%. La part des personnes en bonne santé recule avec l’âge, avec toutefois une stabilisation pour la classe d’âge des 65 – 74 ans, qui suit directement l’entrée à la retraite (G4.6). Le niveau de formation joue un rôle important, particulièrement pour les personnes de 45 à 64 ans (G4.7). Près d’un tiers de la population souffre par ailleurs d’une maladie ou d’un problème de santé chronique ou de longue durée (G4.6). La part des personnes concernées – sans différences significatives entre les hommes et les femmes – croît rapidement avec l’âge. Elle est également plus élevée parmi les personnes avec un bas niveau de formation.


Les maux de dos ou aux reins ainsi que le sentiment de faiblesse généralisée sont les troubles physiques les plus fréquents: deux personnes sur cinq en souffrent un peu ou beaucoup, les femmes nettement plus souvent que les hommes (G4.8). Les personnes avec un bas niveau de formation sont plus nombreuses à déclarer des troubles physiques que celles avec une formation universitaire. L’origine de ces troubles est en partie associée aux caractéristiques psychosociales des conditions de vie, comme le stress.

Les symptômes d’une détresse psychologique moyenne ou élevée sont plus nombreux chez les femmes que chez les hommes (18% contre 12%). Un fort gradient social est également perceptible, surtout aux âges correspondant à la vie active. Contrairement aux problèmes de santé de longue durée, la fréquence des symptômes de détresse psychologique n’augmente pas avec l’âge (G4.9).

Symptômes de détresse psychologique
L’indicateur de détresse psychologique, établi sur la base d’un instrument international, le Mental Health Inventory, évalue la qualité de la vie liée à l’état de santé mentale en mesurant la fréquence, sur une période de quatre semaines, de cinq états émotionnels (se sentir très nerveux, avoir le cafard, se sentir abattu et déprimé, se sentir calme et paisible, se sentir heureux).
Les problèmes de santé peuvent être un obstacle à l’exercice des activités habituelles, en particulier de l’activité professionnelle (pour les handicaps → chapitre 4.8 ). En 2017, 12% de la population de 15 ans et plus exerçant une activité professionnelle n’ont pas pu aller à leur travail en raison de maladie ou d’accident, durant au moins une journée sur une période de quatre semaines. La durée de cette incapacité a été d’au moins quatre jours pour 4% des personnes actives professionnellement. Les incapacités d’au moins 4 jours sont plus fréquentes chez les personnes de 55 à 64 ans (6%) ainsi que chez celles avec une formation ne dépassant pas la scolarité obligatoire (7%).
Problèmes de santé diagnostiqués
Il n’existe pas de données systématiques et exhaustives au sujet des problèmes de santé diagnostiqués au sein de la population (la «santé objective»). Les seules données disponibles se rapprochant de cette notion, mises à disposition par des professionnels de la santé, concernent les causes de décès ainsi que les diagnostics associés à une hospitalisation. Au moment de les utiliser, il ne faut cependant pas oublier qu’elles offrent une vue partielle du tableau épidémiologique de la population. En effet, premièrement, la plupart des maladies sont soignées de manière ambulatoire ou sans même recourir aux conseils d’un professionnel de la santé et le séjour hospitalier intervient plutôt en cas de problème de santé sévère. Deuxièmement, les maladies dont on souffre au cours de la vie ne sont souvent pas la cause du décès.
Quatre groupes de maladies (maladies cardiovasculaires, tumeurs malignes, maladies de l’appareil respiratoire et démence) ainsi que les accidents et morts violentes sont les causes de près de 80% des décès (G4.10). Les maladies cardiovasculaires sont les causes de décès les plus fréquentes. Cela n’est toutefois vrai que pour les décès considérés dans leur totalité et pour ceux des femmes. Il en va autrement pour les décès des hommes dans leur ensemble: en 2016, ces derniers ont été pour la première fois plus nombreux à mourir d’un cancer que d’une maladie cardiovasculaire. Les maladies congénitales sont la cause de décès dominante jusqu’à 2 ans. Entre 2 et 15 ans, les très rares cas de décès se répartissent entre un grand nombre de causes. Les accidents et les suicides prédominent chez les adolescents et les jeunes adultes de 16 ans et plus. Le cancer est la principale cause de décès chez les femmes de plus de 30 ans et chez les hommes de plus de 40 ans. Il est supplanté par les maladies cardiovasculaires aux alentours de 80 ans.

L’importance respective de ces groupes de maladie se modifie si l’on se focalise sur les décès considérés comme prématurés (avant 70 ans), en calculant les années potentielles de vie perdues (G4.11). Globalement, le cancer est la principale cause de mortalité prématurée (36% du total). Chez les hommes, la part des accidents et des morts violentes (dont les suicides) est presque aussi importante que celle du cancer. À l’inverse, les maladies cardiovasculaires, et encore plus la démence, sont des causes nettement moins fréquentes de décès prématuré.

Le tableau change lorsqu’on considère les personnes hospitalisées (G4.12). Les lésions traumatiques (accidents) et autres causes externes ainsi que les maladies de l’appareil musculo-squelettique sont les deux principales raisons d’un traitement hospitalier (15% du total). C’est parmi les hommes de moins de 45 ans et les femmes de 85 ans et plus que la part des hospitalisations pour les lésions traumatiques par rapport à l’ensemble des hospitalisations est la plus élevée. Ces deux groupes de la population sont surexposés aux accidents de la circulation routière et de sport (pour les hommes) et aux chutes (pour les femmes). Les maladies cardiovasculaires et les cancers sont le motif de, respectivement, 11% et 8% des hospitalisations. C’est nettement moins que la part respective de ces groupes de maladie dans les causes de décès (32% et 26%). Cela reflète le fait qu’une fraction prépondérante des hospitalisations est occasionnée par d’autres affections que celles qui sont à l’origine d’un décès. 7% des personnes hospitalisées l’ont été pour troubles mentaux ou du comportement. C’est parmi les 25 – 44 ans que la part des hospitalisations pour ces troubles par rapport à l’ensemble des hospitalisations est la plus grande.

4.2 Maladies cardiovasculaires
Les maladies cardiovasculaires regroupent l’ensemble des maladies concernant le cœur et la circulation sanguine. Cela comprend, d’un côté, des affections comme l’infarctus aigu du myocarde ou l’attaque cérébrale, dont la fréquence n’est pas très élevée mais qui ont un impact sévère voire fatal, particulièrement parmi les personnes d’âge moyen. De l’autre, cela regroupe des maladies comme celles des vaisseaux sanguins, plus courantes en particulier parmi les personnes plus jeunes, mais avec un pronostic moins négatif. Les personnes d’un très grand âge (85 ans et plus) souffrent fréquemment d’un affaiblissement généralisé de leur système cardiovasculaire, qui ne correspond pas nécessairement à une maladie cardiovasculaire spécifique.
Les décès à cause d’une maladie cardiovasculaire sont globalement plus nombreux d’un cinquième chez les femmes que chez les hommes (11 355 contre 9357 en 2016). Cependant, dans toutes les classes d’âge jusqu’à 84 ans, le rapport est inverse et ce sont les hommes qui sont plus nombreux que les femmes à décéder de maladies cardiovasculaires. Par exemple, entre 45 et 64 ans, les hommes sont trois fois plus nombreux que les femmes à décéder de ces maladies (917 contre 307; G4.13). Dans cette tranche d’âge, les décès provoqués par des cardiopathies ischémiques (y compris l’infarctus aigu du myocarde) dominent et ils sont cinq fois plus nombreux chez les hommes que chez les femmes (463 contre 88).

Les hommes sont plus nombreux que les femmes à être hospitalisés en raison d’une maladie cardiovasculaire (71 240 contre 52 643 en 2017). Entre 45 et 64 ans, il y a deux fois plus d’hommes que de femmes dans ce cas et ils sont même quatre fois plus nombreux à être hospitalisés pour des cardiopathies ischémiques, infarctus du myocarde compris (8233 contre 1791). Les maladies vasculaires sont la principale cause d’hospitalisations chez les hommes jusqu’à 44 ans et chez les femmes de moins de 65 ans (G4.14). La part des hospitalisations pour attaque cérébrale, et plus encore pour insuffisance cardiaque, ne cesse de croître avec l’âge, chez les deux sexes.

Depuis 2002, le nombre d’hospitalisations pour maladies cardiovasculaires a crû de 22%, sous l’effet de l’augmentation de la population et de son vieillissement en premier lieu. Durant la même période, le nombre de décès provoqués par ces maladies a par contre reculé de 13% (G4.15).

Infarctus aigu du myocarde
L’infarctus aigu du myocarde fait partie des maladies qui ont un impact le plus souvent immédiat et sévère sur l’état de santé. Dans la très grande majorité des cas, il débouche sur une hospitalisation, ou sur un décès avant même que l’hospitalisation ne puisse intervenir. Le nombre d’infarctus aigus du myocarde en 2016 est estimé à 14 792 (hommes: 9757, femmes: 5035). Ils ont occasionné 2166 décès (1273 hommes et 893 femmes).
L’incidence de l’infarctus aigu du myocarde augmente fortement avec l’âge (G4.16). Elle est nettement plus élevée chez les hommes que chez les femmes ; cette différence se réduit cependant avec l’âge, de manière accélérée dès 65 ans. L’incidence de l’infarctus aigu du myocarde, en hausse durant la première décennie des années 2000, recule légèrement depuis 2010 chez les personnes les plus âgées.

La part des personnes qui décèdent suite à un infarctus aigu du myocarde (la létalité) a diminué de moitié entre 2002 et 2016, de 31% à 15%. La létalité est plus élevée chez les femmes que chez les hommes (18% contre 14% en 2016), mais l’écart s’est légèrement réduit au cours des dernières années.
Attaque cérébrale
L’attaque cérébrale est une maladie grave, comme l’infarctus du myocarde, qui est à l’origine de 2771 décès en 2016 (1086 hommes et 1685 femmes). Le nombre d’attaques cérébrales est estimé à 15 254 en 2016 (7873 hommes et 7381 femmes). Les hommes sont un peu plus souvent victimes que les femmes d’attaque cérébrale (G4.17); la différence est cependant moins grande que dans le cas de l’infarctus aigu du myocarde. Les attaques cérébrales interviennent par ailleurs à un âge plus avancé que l’infarctus aigu du myocarde: en 2016, 56% des victimes d’une attaque cérébrale avaient 75 ans et plus contre 43% des victimes d’un infarctus aigu du myocarde. L’incidence de l’attaque cérébrale est en net recul depuis 2002 chez les personnes âgées de 75 ans et plus.

Comme pour l’infarctus, la létalité suite à une attaque cérébrale a diminué, de 32% en 2002 à 19% en 2016. La létalité est également plus élevée chez les femmes que chez les hommes (23% contre 14% en 2016) mais, contrairement à l’évolution pour l’infarctus aigu du myocarde, l’écart s’est plutôt accru tout au long de la période.
Facteurs de risque
Les principaux facteurs de risque des maladies cardiovasculaires sont le tabagisme (→ chapitre 3.8 ), l’hypertension artérielle, l’hypercholestérolémie, le manque d’activité physique (→ chapitre 3.5 ) ainsi que le diabète (→ chapitre 4.3 ) et l’excès de poids (→ chapitre 3.7 ).
En 2017, 19% des hommes et 16% des femmes souffraient d’hypertension ou prenaient des médicaments pour la soigner. Les proportions augmentent progressivement avec l’âge: à partir de 65 ans, 47% de la population, femmes et hommes dans la même mesure, sont atteints d’hypertension (G4.18). Des différences selon le niveau de formation s’observent par ailleurs au sein de cette classe d’âge: en 2017, les personnes sans formation postobligatoire souffraient plus fréquemment (53%) d’hypertension que les personnes au bénéfice d’une formation du degré tertiaire (42%). Entre 1992 et 2017, l’hypertension artérielle n’a cessé de se propager: sa prévalence est passée de 14% à 18% dans l’ensemble de la population et de 36% à 47% parmi les personnes de 65 ans et plus.

L’hypercholestérolémie est un trouble métabolique. Elle est moins souvent contrôlée que l’hypertension: en 2017, 45% des hommes et 47% des femmes ont fait contrôler leur cholestérol au cours d’une année, alors que les proportions atteignaient 71% des hommes et 82% des femmes pour la mesure de la tension artérielle. En 2017, 13% de la population souffraient d’un taux de cholestérol trop élevé ou prenaient des médicaments pour l’abaisser (G4.19). Parmi les 65 ans et plus, ce problème touche 32% de la population, les hommes de cette classe d’âge étant plus souvent atteints (36%) que les femmes (28%). En 2002, la proportion était nettement plus faible (18%) chez les personnes de 65 ans et plus et aucun écart significatif ne séparait les sexes (hommes: 19%; femmes: 17%).

4.3 Diabète
Le diabète est une maladie qui constitue un facteur de risque majeur de maladies cardiovasculaires, car il favorise l’artériosclérose des vaisseaux sanguins. Il existe deux principaux types de diabète. Le diabète de type I, relativement rare, est dû à une production insuffisante d’insuline par le pancréas. Il peut survenir dès l’enfance et prendre une forme aiguë. Le diabète de type II provient d’une résistance à l’insuline. Il est beaucoup plus fréquent que le diabète de type I (90 à 95% de tous les cas de diabète) et il apparaît typiquement à un âge avancé. Il tend cependant à devenir plus fréquent chez des personnes plus jeunes, en particulier chez celles souffrant d’un fort excès de poids (→ chapitre 3.7 ).
En 2017, 4% de la population souffraient du diabète ou prenaient des médicaments pour diminuer le taux de sucre dans le sang ou alors s’injectait de l’insuline. La maladie atteint 11% des personnes de 65 ans et plus, les hommes de cette classe d’âge étant plus fréquemment touchés que les femmes (14% contre 9%, G4.20). Ces proportions n’ont guère augmenté depuis 2007 (hommes: 11%; femmes: 8%). Parmi les personnes sans formation au-delà de la scolarité obligatoire, 8% disent souffrir de diabète, alors que la proportion atteint 5% chez celles ayant achevé le degré secondaire II et 4% parmi les diplômés du degré tertiaire.

Le diabète de type II peut se développer longtemps sans symptôme. La prévention joue par conséquent un rôle important. En 2017, la part des personnes ayant fait contrôler leur taux de glucose dans le sang au cours des douze derniers mois se situait entre 40% chez les 35 – 44 ans et 79% chez les personnes de 75 ans et plus (G4.21). Les différences entre hommes et femmes sont peu importantes.

Les hospitalisations provoquées par un diabète de type I (diagnostic principal) sont peu nombreuses (1317 personnes en 2017). Mais, la même année, ce type de diabète a également été diagnostiqué auprès de 2362 personnes hospitalisées pour d’autres motifs. Le taux d’hospitalisation pour diabète de type I est relativement stable depuis le milieu des années 2000. Il est le plus élevé parmi les jeunes adultes de moins de 25 ans. Cela correspond au fait que ce type de diabète peut assez fréquemment prendre une forme aiguë au moment de son apparition. Les personnes hospitalisées avec un diagnostic de type II sont beaucoup plus nombreuses (77 442 personnes en 2017, dont 58% d’hommes). Dans la très grande majorité des cas (73 031), le diabète de type II ne constitue cependant pas le motif premier de l’hospitalisation, mais un diagnostic secondaire. Les personnes hospitalisées avec un diabète de type II sont rares jusqu’à 34 ans, mais leur fréquence augmente ensuite rapidement (G4.22). En cinq ans, le nombre de personnes hospitalisées avec un diabète de type II a crû de près de 20%. Par ailleurs, 3742 personnes ont été hospitalisées avec un diagnostic de diabète sans précision, plus de neuf fois sur dix (95%) comme diagnostic secondaire.

4.4 Cancer
Entre 2011 et 2015, environ 21 800 hommes et 18 680 femmes ont développé un cancer chaque année. Les cancers de la prostate (6070 cas), du sein (6040), le cancer colorectal (4300) et le cancer du poumon (4250) totalisent un peu plus de la moitié des cas (G4.23).

Le cancer peut survenir à n’importe quel âge, mais le risque augmente avec les années. Le risque d’être atteint d’un cancer avant l’âge de 70 ans est de 24% chez les hommes et de 21% environ chez les femmes. Aujourd’hui, 48% des hommes et 42% des femmes doivent s’attendre à développer un cancer au cours de leur vie.
La relation entre l’incidence et l’âge n’est pas la même selon le sexe (G4.24). Avant 55 ans, les femmes sont plus touchées par le cancer que les hommes. Après cet âge, le rapport s’inverse: chez les plus de 70 ans, le taux d’incidence du cancer chez l’homme est presque deux fois plus élevé que chez la femme.

Environ 16 700 personnes (près de 9260 hommes et 7460 femmes) sont décédées chaque année d’un cancer au cours de la période 2011 – 2015. Un homme sur quatre et une femme sur six décède d’un cancer (risque vie entière jusqu’à 85 ans). Chez les hommes, le cancer responsable du plus grand nombre de décès est le cancer du poumon (G 4.23), avec 2000 décès par an (22% des décès par cancer). Suivent le cancer de la prostate (1340 décès) et le cancer colorectal (935 décès), responsables pour le premier de 15% et pour le second de 10% des décès par cancer. Chez les femmes, le cancer du sein, avec 1370 décès par an (18%), est la principale cause de décès par cancer. Suivent le cancer du poumon (1170 décès, 16%) et le cancer colorectal (760 décès, 10%).
Évolution temporelle
Au cours des trente dernières années, les taux de mortalité standardisés par âge ont diminué de 27% chez les femmes et de 37% chez les hommes. Dans le même temps, les taux d’incidence ont à l’inverse légèrement progressé. Au cours de la dernière période (2011 – 2015), un faible recul des taux d’incidence est toutefois observable en comparaison des années précédentes, au moins chez les hommes, alors que chez les femmes, les taux d’incidence semblent stagner (G4.25).

L’évolution de l’incidence et de la mortalité entre 1986 et 2015 varie selon les localisations cancéreuses.
Après avoir augmenté entre 1986 et 2005, le taux d’incidence du cancer du sein reste stable depuis lors (quelque 110 nouveaux cas pour 100 000 habitantes chaque année). Le taux d’incidence du cancer de la prostate chez les hommes a beaucoup progressé (+60%) entre 1986 et 2005, pour ensuite reculer. Les deux taux de mortalité ont diminué de manière continue.
L’évolution du cancer des poumons est différente selon le sexe: chez les hommes, les taux d’incidence et de mortalité diminuent depuis 1986 (respectivement –36% et –45%), alors qu’ils augmentent chez les femmes (respectivement +94% et +88%).
En ce qui concerne le cancer colorectal, les taux d’incidence ont été stables jusqu’en 2005 et sont en léger recul ces dix dernières années. Depuis 1986, les taux de mortalité ont diminué de 42% chez les hommes comme chez les femmes.
Le taux d’incidence du mélanome de la peau a fortement progressé, de 97% chez les hommes et de 60% chez les femmes. Les taux de mortalité sont par contre restés stables.
Taux de survie
Durant la période 2011 – 2015, 54% des hommes et 59% des femmes étaient encore en vie cinq ans après un diagnostic de cancer (taux de survie observé). Compte tenu du risque de décéder d’autres causes, le taux de survie à cinq ans atteint, toutes localisations cancéreuses confondues, 61% chez les hommes et 65% chez les femmes (taux de survie relatif; G4.26). Cela représente une hausse de respectivement 3 et 2 points de pourcentage par rapport à la période 2001 – 2005 (hommes: 59%; femmes: 63%).

Les taux de survie ne sont cependant pas les mêmes selon les cancers. Les cancers du foie, du poumon, du pancréas, de même que les leucémies aiguës sont des cancers avec un mauvais pronostic. En revanche, le mélanome de la peau, le cancer de la thyroïde, le lymphome de Hodgkin, le cancer du sein et le cancer de la prostate ont un bon pronostic (G4.27).

Cancer chez les enfants
Le cancer est rare chez l’enfant. Seul 0,5% des tumeurs apparaît pendant l’enfance (0 – 14 ans), ce qui correspond à environ 210 nouveaux cas par an (entre 2011 et 2015). Ce nombre varie légèrement d’une année à l’autre en raison du faible nombre de cas; en revanche, la mortalité est en recul au fil des ans. Le cancer représente cependant, comme chez l’adulte, la deuxième cause de mortalité, avec 26 décès enregistrés en moyenne chaque année.
Le cancer se développe plus souvent chez les nourrissons et chez les enfants de 1 à 4 ans que chez ceux en début de scolarité (G4.28). Le taux de nouveaux cas augmente à nouveau lentement à partir de l’adolescence. Pratiquement toutes les tumeurs sont plus fréquentes chez les garçons que chez les filles.

Chez les enfants, les tumeurs ne sont pas classées selon la localisation, mais selon leur histologie (type de tissu), en suivant la classification internationale des cancers de l’enfant, ICCC (G4.29). Les tumeurs les plus fréquentes sont les leucémies (32%), suivies des tumeurs du système nerveux central (23%, surtout des tumeurs cérébrales) et des lymphomes (12%). La part des différents types de tumeurs évolue nettement au cours de l’enfance.

Les chances de guérison se sont nettement améliorées: inférieures à 20% en 1950, elles dépassent aujourd’hui les 80%. Avec l’Autriche, la Norvège et le Danemark, la Suisse compte parmi les pays où les traitements donnent les meilleurs résultats. Ces derniers varient toutefois selon la tumeur. Si le taux de guérison est de plus de 95% pour les lymphomes, il est moins favorable pour les tumeurs du système nerveux central, les tumeurs du système nerveux périphérique à un stade avancé et les tumeurs osseuses.
4.5 Maladies de l’appareil musculo-squelettique
Les maladies de l’appareil musculo-squelettique peuvent toucher autant le squelette que les muscles, les tendons, les cartilages et les ligaments. Elles peuvent avoir pour origine des maladies (comme l’ostéosclérose ou des maladies inflammatoires des articulations) ou des malformations (comme des malpositions articulaires), mais, dans le cas des dorsopathies et des arthropathies, elles peuvent également apparaître à la suite d’accidents ou de sollicitation excessive des articulations, par exemple au travail ou lors d’activités sportives. Les maladies de l’appareil musculo-squelettique peuvent provoquer des troubles légers, diffus et passagers, jusqu’à des lésions irréversibles, synonymes d’incapacité chronique. Elles sont par contre très rarement une cause de décès. Les maladies de l’appareil musculo-squelettique peuvent réduire considérablement la qualité de vie des personnes qui en souffrent. Elles sont à l’origine de coûts socio-économiques importants et constituent le deuxième motif le plus fréquent d’hospitalisation.
Douleurs au dos, aux membres et aux articulations
Les douleurs au dos, aux membres ou aux articulations peuvent être des symptômes de maladies musculo-squelettiques. En 2017, 35% de la population de 15 ans et plus vivant en ménage privé déclaraient souffrir un peu de maux de dos et aux reins (sans fièvre), et 8% beaucoup. La fréquence de ces douleurs augmente avec l’âge. La part des personnes avec un niveau de formation correspondant à la scolarité obligatoire souffrant beaucoup de telles douleurs est presque trois fois plus importante que celle parmi les personnes avec une formation universitaire (14% contre 5%). Ces douleurs peuvent aussi être associées à des facteurs socioéconomiques et des problèmes psychosociaux (stress, etc.).
Les douleurs à la nuque, aux épaules ou aux bras sont un peu moins fréquentes: 31% de la population en souffrent un peu et 7% beaucoup. Deux fois sur cinq, les personnes concernées attribuent ces douleurs à leur travail. La proportion est semblable pour les maux de dos.
Ostéoporose
L’ostéoporose est une maladie générale du squelette, caractérisée par une diminution de la masse osseuse et une baisse des qualités de l’os augmentant le risque de fracture. Les femmes en post-ménopause sont les plus exposées. En 2017, 7% des femmes de 45 ans et plus et 2% des hommes de 55 ans et plus avaient pris des médicaments contre l’ostéoporose. Le recours à ce traitement croît fortement avec l’âge. La mesure de la densité osseuse permet de dépister l’ostéoporose. En 2017, 37% des femmes de 45 ans et plus et 12% des hommes de 55 ans et plus avaient fait cet examen au moins une fois au cours de leur vie. La fréquence de ce contrôle augmente fortement avec l’âge chez les femmes et elle est la plus élevée à partir de 65 ans (55%).
Hospitalisations
En 2017, 154 637 personnes (dont 45% d’hommes) ont été hospitalisées pour des atteintes à l’appareil musculo-squelettique. 55% d’entre elles ont été hospitalisées pour des arthropathies et 22% pour des dorsopathies. Le nombre d’hospitalisations pour les maladies musculo-squelettiques a augmenté depuis 2002 (+41% pour les hommes, +45% pour les femmes). Jusqu’à 44 ans, les hommes sont un peu plus souvent hospitalisés que les femmes (G4.30). La tendance s’inverse à partir de cet âge et l’écart croît jusqu’à 84 ans. À partir de 85 ans, les hospitalisations ayant pour motif principal le traitement de ces affections sont moins fréquentes.

85 192 personnes ont été hospitalisées pour une arthropathie en 2017. Les arthropathies sont des maladies des articulations des membres. Les plus fréquentes sont les arthroses (maladies dégénératives des articulations) et les arthrites (inflammation des articulations). Le taux d’hospitalisation augmente fortement avec l’âge, dès 45 ans. Entre 2002 et 2017, le taux d’hospitalisation pour arthropathies a augmenté de plus d’un quart, ce qui est imputable en grande partie à l’hospitalisation croissante de personnes de 55 ans et plus.
34 512 personnes ont été admises à l’hôpital en 2017 en raison d’une maladie du dos. Les dorsopathies sont des maladies qui touchent le dos et la colonne vertébrale, comme les hernies discales, les malformations de la colonne et les inflammations des disques. C’est à partir de 65 ans que les femmes sont plus fréquemment hospitalisées pour dorsopathies que les hommes. Le taux d’hospitalisation pour dorsopathies est resté globalement stable entre 2002 et 2017 chez les hommes; chez les femmes il a augmenté de 10%.
Prothèses
Les troubles de l’appareil musculo-squelettique nécessitent parfois de remplacer certaines articulations par des prothèses. Les poses de prothèse de la hanche, qui peuvent notamment faire suite à une fracture du col du fémur, sont les plus nombreuses (24 937 en 2017, +63% par rapport à 2002). Elles concernent davantage les femmes (55%) (G4.31). Le taux d’hospitalisation pour prothèse de la hanche continue à croître jusqu’à la classe d’âge la plus élevée, contrairement à ce qui se passe pour la prothèse du genou. Les poses de cette dernière sont moins nombreuses (20 409 en 2017), mais elles ont été multipliées par deux et demi depuis 2002 (7646). Les femmes représentent 59% des personnes ayant bénéficié de ce traitement, cette part est cependant en diminution régulière depuis 2002 (67%). C’est entre 65 et 84 ans que la pose de prothèses de genou est la plus fréquente (G4.32).


4.6 Maladies infectieuses et de l’appareil
respiratoire
Les maladies infectieuses sont provoquées par la transmission d’un microorganisme tel que virus, bactérie, parasite ou champignon. Elles se distinguent selon le type de réservoir de l’agent infectieux (homme, animal, autre élément) et la voie de transmission (aérienne, alimentaire, sanguine, rapports sexuels). Des infections peuvent être une cause importante de maladies aiguës de l’appareil respiratoire, comme la grippe ou la pneumonie. Par contre, les maladies chroniques de l’appareil respiratoire, comme la bronchite chronique obstructive ou l’asthme, sont associées à d’autres facteurs: tabagisme, pollution atmosphérique, polluants industriels ou agents allergènes, par exemple.
Maladies infectieuses
Au début du XXe siècle, environ un décès sur cinq en Suisse était dû aux maladies infectieuses (dont la tuberculose, pour près des trois quarts). L’amélioration générale de l’hygiène publique et personnelle, les meilleures conditions de vie, de logement et d’alimentation, les vaccins, de nouveaux médicaments comme les antibiotiques ont permis de réduire massivement l’impact de ces maladies sur la santé de la population et sur la mortalité (1% des décès dans les années 2000). Le taux de décès standardisé pour maladies infectieuses a ainsi baissé jusqu’en 1984 (G4.33). Puis, sous l’impact de l’épidémie de sida, il est reparti à la hausse et a atteint un maximum entre 1992 et 1994. Sans les décès provoqués par le sida, il serait resté stable depuis le début des années 80. L’éclatement de l’épidémie de sida a montré que les maladies infectieuses sont loin de pouvoir être considérées comme vaincues. Elles continuent ainsi à faire l’objet d’une surveillance particulière (déclaration obligatoire des médecins ou des laboratoires).

La tuberculose reste une maladie à déclaration obligatoire importante. Le nombre de nouveaux cas a été divisé par deux entre la fin des années 80 du siècle dernier et le milieu des années 2000. Depuis, il ne diminue plus, fluctuant autour de 500 à 600 cas par année. Environ sept nouveaux cas sur dix se présentent chez des personnes de nationalité étrangère.
En 2017, pour la première fois depuis trois décennies, le nombre de nouveaux diagnostics de virus de l’immunodéficience humaine (VIH) a été inférieur à 500 (G4.34). Ce nombre avait déjà fortement reculé au cours des années 1990. Il est ensuite remonté pour se stabiliser entre 700 et 800 nouveaux cas par an jusqu’en 2008, avant de diminuer à nouveau. 22% des diagnostics déclarés en 2017 concernent des femmes et 42% des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes. Les traitements antirétroviraux ont permis à partir de 1995 de fortement endiguer la progression du sida parmi les personnes infectées au VIH et le nombre de nouveaux cas de sida est inférieur à 200 depuis 2005 et à 100 depuis 2014 (contre environ 700 au début des années nonante du siècle dernier, au sommet de l’épidémie). Les traitements antirétroviraux ont également contribué au recul des décès provoqués par le sida. Entre 2012 et 2016, cette maladie a provoqué la mort de 34 personnes en moyenne, dont presque trois quarts d’hommes.

Maladies de l’appareil respiratoire
La pneumonie et la bronchite chronique obstructive sont les deux maladies de l’appareil respiratoire à l’origine du plus grand nombre de décès (1190 et 1914 respectivement en 2016). La gravité de la pneumonie est plus prononcée lorsque la maladie touche des enfants très jeunes ou des personnes âgées. Le taux de décès pour la pneumonie, plus élevé chez les hommes, a reculé depuis 1995 (G4.35). Environ deux tiers des personnes décédées de cette maladie ont 85 ans et plus. La bronchite chronique obstructive se caractérise par une obstruction lente de voies respiratoires et des poumons, le tabac étant le facteur de risque essentiel de cette maladie. Le taux standardisé de décès chez les hommes est trois quarts plus élevé que celui chez les femmes. Il a cependant reculé depuis la fin des années 90, alors que celui des femmes est en hausse. Ces évolutions différentes sont à associer avec le fait que les hommes fument davantage que les femmes, mais que la part des fumeurs a continué à croître plus longtemps chez les femmes que chez les hommes (→ chapitre 3.8 ).

En 2017, un nombre un peu plus élevé de personnes ont été hospitalisées alors qu’elles souffraient de pneumonie que d’une bronchite chronique obstructive (38 897 contre 35 650, respectivement). La pneumonie est dans la moitié des cas le motif d’hospitalisation (diagnostic principal), alors que la bronchite chronique obstructive figure trois fois sur quatre parmi les diagnostics secondaires accompagnant une hospitalisation pour d’autres motifs. Le taux d’hospitalisation pour la pneumonie et celui pour la bronchite chronique obstructive augmentent fortement avec l’âge dès 55 ans (G4.36). Près de six personnes sur dix hospitalisées avec ces maladies sont des hommes; cette part est stable depuis 2002 pour la pneumonie (56% en 2017) et en lent recul pour la bronchite chronique obstructive (de 64% à 58%).

4.7 Santé psychique
La santé psychique d’une personne se manifeste au travers de son bien-être émotionnel, de son estime de soi, de sa satisfaction, de ses performances, ainsi que de sa capacité à prendre part à la vie sociale et à cultiver des liens sociaux satisfaisants. Elle résulte de la capacité à mobiliser des ressources internes et externes pour faire face aux multiples exigences et difficultés rencontrées quotidiennement et au cours de la vie. À l’inverse, des problèmes psychiques peuvent apparaître en cas de troubles cognitifs, affectifs ou comportementaux ou de difficultés à établir des relations saines avec ses semblables. Ces problèmes peuvent à leur tour engendrer souffrance personnelle et maladies physiques, altérer la capacité de travailler voire pousser une personne à se réfugier dans la consommation de substances psychoactives ou à se couper du monde.
Bien-être psychique
La grande majorité de la population déclarait en 2017 ressentir bien plus souvent des émotions positives que négatives. La plupart des personnes interrogées indiquaient s’être senties tout le temps ou la plupart du temps «calmes et paisibles» ou «heureuses» au cours des quatre semaines précédant l’entretien (G4.37). Les résultats sont les mêmes pour les hommes et pour les femmes. Les personnes diplômées du degré tertiaire sont plus souvent paisibles (85%) que celles sans formation postobligatoire (72%). La part des personnes se déclarant paisibles augmente également avec l’âge, passant de 79% chez les 15 à 24 ans à 85% chez les 75 ans et plus. Dans toutes les classes d’âge, seule une proportion relativement faible de personnes (moins de 15%) fait part d’émotions négatives comme le fait d’être abattu, déprimé ou d’avoir le cafard. Le sentiment négatif le plus répandu en 2017 était la nervosité: 29% des femmes et 20% des hommes déclaraient s’être sentis parfois ou la plupart du temps «très nerveux».

Des relations sociales suffisantes et de qualité sont une condition importante du bien-être psychique et de l’absence de maladies psychiques. Un soutien solide apporté par des proches ou des connaissances aide en effet à faire face aux difficultés de la vie. En 2017, 10% de la population déclaraient ne recevoir qu’un faible soutien social. Avec l’âge, la part des personnes se trouvant dans cette situation augmente, le plus nettement à partir de 75 ans (G4.38). Indépendamment de l’âge, la part des personnes sans formation postobligatoire qui ne peuvent compter que sur un soutien social faible est plus grande que chez les titulaires d’un diplôme du degré tertiaire (19% contre 8%).

Le sentiment de maîtrise désigne la sensation qu’une personne a d’avoir le contrôle sur sa vie et d’en déterminer soi-même le cours. Il représente une autre ressource importante qui aide à surmonter les problèmes quotidiens et les crises. Les personnes qui ont l’impression de n’avoir aucune prise sur les événements sont davantage sujettes aux humeurs dépressives. Moins de 1% des personnes ayant un fort sentiment de maîtrise déclaraient en 2017 une détresse psychologique élevée, contre 12% de celles avec un sentiment de maîtrise faible. De même, les premières étaient à peine 1% à suivre un traitement pour des problèmes psychiques prescrit par un médecin, contre 16% chez les secondes.
Les personnes sans formation postobligatoire sont nettement plus souvent exposées que les diplômés universitaires au risque de n’avoir qu’un faible sentiment de maîtrise (31% contre 20%) (G4.39). Cela peut s’expliquer par le fait qu’une formation plus élevée permet d’acquérir de meilleures compétences pour orienter sa vie, ainsi que par des marges de manœuvre et les pouvoirs de décision accrus dont bénéficient les personnes exerçant des professions avec des exigences élevées. Alors que les hommes à la retraite se disent moins exposés que les plus jeunes aux influences et aux contraintes extérieures, la part des femmes ayant un faible sentiment de maîtrise diminue à l’entrée à la retraite pour ensuite remonter à partir de 75 ans.

Dépression
La dépression est la maladie psychique la plus fréquente. La charge de morbidité qu’elle occasionne, avec les troubles somatiques qui l’accompagnent, en fait un des principaux problèmes de santé des sociétés développées. Son tableau clinique comprend notamment les symptômes suivants: sentiment d’indifférence (incapacité d’éprouver de la joie ou de l’empathie, absence de réaction aux encouragements d’autrui), perte de motivation, agitation, inhibition de la pensée et troubles du sommeil. En 2017, la situation décrite par près de 8% des hommes et 9% des femmes correspondait à un état de dépression majeure. Le risque de dépression majeure tend à diminuer avec l’âge (G4.40).

Traitement de problèmes psychiques
Sur une période d’une année, 6% de la population ont reçu un traitement pour des troubles psychiques, les femmes un peu plus souvent que les hommes (8% contre 4%). 29% des personnes traitées présentaient les symptômes d’une dépression majeure. Les classes d’âge intermédiaires sont celles qui sollicitaient le plus l’aide de professionnels, alors que les personnes de moins de 25 ans et celles de 65 ans et plus y recourent le moins (G4.41). Les professionnels le plus souvent consultés sont les psychiatres (53%), suivis des psychologues et psychothérapeutes (40%) et des médecins généralistes (16%). Les hommes s’adressent moins souvent que les femmes à des psychologues/psychothérapeutes (35% contre 42%).

Hospitalisations
69 898 personnes ont été hospitalisées en 2017 pour des troubles mentaux ou du comportement, ce qui correspond à 7% de toutes les personnes hospitalisées. Au cours d’une année, il est relativement fréquent qu’une même personne soit hospitalisée plus d’une fois pour différents troubles mentaux ou du comportement.
Les troubles de l’humeur sont la cause la plus fréquente (31%) des hospitalisations pour troubles psychiques et du comportement et, dans 87% des cas, il s’agit d’une grave dépression. C’est la classe d’âge des 45 à 64 ans qui est la plus touchée: 44% des femmes et 35% des hommes hospitalisés pour des troubles psychiques et du comportement souffrent de tels troubles (G.4.42). Pour les deux sexes, c’est la tranche d’âges des 45 – 54 ans qui est la plus touchée.
Chez les hommes, la part des troubles liés à la consommation d’alcool parmi les hospitalisations pour troubles mentaux et du comportement est la plus élevée entre 45 et 64 ans et atteint 26% (G4.42). Pour les troubles liés à la consommation d’autres substances psychoactives (drogues), c’est entre 25 et 44 ans que cette part est la plus grande (15%). Chez les femmes, ces proportions sont nettement plus faibles (respectivement 13% et 6%). La part des hospitalisations dues à la schizophrénie, à des troubles schizotypiques ou à des troubles délirants s’élève à 12%. Jusqu’à 44 ans, les hommes sont plus souvent hospitalisés que les femmes pour ce genre de troubles. Au-delà de cet âge, les femmes sont majoritaires. La démence concerne avant tout des personnes de 65 ans et plus. Parmi les personnes de 85 ans et plus hospitalisées pour troubles mentaux et du comportement, 28% souffrent de démence.
Troubles mentaux et du comportement
– Troubles de l’humeur (ou troubles affectifs): changement de l’affect ou de l’humeur, dans le sens d’une dépression (avec ou sans anxiété) ou d’un état d’exaltation, généralement accompagné d’une modification du niveau global d’activité.
– Troubles névrotiques, troubles liés à des facteurs de stress et troubles somatoformes: troubles se traduisant par des sentiments d’anxiété déclenchés par des situations ne présentant pas de danger. Ces situations sont évitées ou endurées avec angoisse. Les troubles peuvent se traduire p. ex. par des palpitations cardiaques ou des sensations de faiblesse, et aboutissent souvent à une peur de mourir, de perdre le contrôle de soi ou de devenir fou.
– Troubles mentaux et du comportement liés à l’utilisation d’alcool: troubles de divers ordres causés par la consommation d’alcool. Exemples de symptômes: intoxication aigüe, syndrome de dépendance ou troubles psychotiques.
– Troubles mentaux et du comportement liés à l’utilisation d’autres substances psychoactives: comme ci-dessus, mais avec pour origine des substances psychoactives autres que l’alcool.
– Schizophrénie, troubles schizotypiques et troubles délirants: troubles graves de la pensée et de la perception, doublés de troubles de l’humeur ou d’un émoussement affectif. Exemples de symptômes: impression d’entendre ses pensées, voix imaginaires commentant à la troisième personne les faits et gestes du patient, hallucinations, sentiment d’être manipulé ou contrôlé, surinterprétation des événements, etc.
– Démence: syndrome dû à une maladie cérébrale, caractérisé par une altération de nombreuses fonctions, comme la mémoire, l’idéation, l’orientation, la compréhension, le jugement, etc. sans que la conscience s’en trouve brouillée.

Suicide
1016 personnes (759 hommes et 257 femmes) se sont suicidées en 2016 (les cas d’assistance au suicide exclus). Entre 1995 et 2016, le taux standardisé de suicide a baissé de deux cinquièmes. Le taux de suicide augmente fortement avec l’âge chez les hommes (G4.43). Chez les femmes, les différences selon l’âge sont moins importantes. Lorsqu’une maladie concomitante est indiquée lors de l’annonce du suicide, il s’agit six fois sur dix d’une dépression.

4.8 Handicap
Selon la définition de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), on parle de handicap lorsqu’un problème de santé affecte les fonctions et structures anatomiques de la personne (déficience), sa capacité à réaliser certaines activités (limitation d’activité) ou ses performances dans son environnement social (restriction de participation). Le handicap n’est donc pas seulement un problème biologique, mais également un problème social, qui survient lorsqu’une personne ne peut pas réaliser les activités élémentaires de la vie humaine ou participer pleinement à la société pour une raison de santé. Le risque de rencontrer un problème de santé handicapant augmente avec l’âge. Le processus naturel de vieilissement réduit le bon fonctionnement de l’organisme de telle sorte que le handicap accompagne très souvent les dernières années de vie (→ chapitre 4.12 ).
Limitations fonctionnelles et dans les activités
de la vie quotidienne
En 2017, 13% de la population âgée de 15 ans et plus et vivant à domicile souffraient d’au moins une limitation fonctionnelle en matière de vue, d’ouïe, de locomotion ou de parole (→ glossaire ; les personnes vivant en institution pour personnes handicapées et celles vivant dans des établissements médico-sociaux pour personnes âgées ne sont pas prises en considération). Cette valeur moyenne masque le fait que ce sont surtout les personnes de 65 ans et plus qui souffrent de ces limitations (G4.44). Celles-ci sont par ailleurs légères dans la majorité des cas. Femmes et hommes sont confrontés de manière similaire aux limitations fonctionnelles. En 10 ans, les limitations fonctionnelles légères ont augmenté, passant de 7% en 2007 à 10% en 2017, alors que la part des personnes affectées par des limitations importantes restait stable (3%).

Les limitations dans les activités de la vie quotidienne (→ glossaire ), comme prendre un bain ou une douche, se lever ou se coucher, s’habiller, manger et aller aux toilettes, touchent une part nettement plus faible de la population (3%). Dans ce cas également, les personnes âgées de 65 ans et plus sont beaucoup plus concernées (G4.45). Les femmes déclarent un peu plus souvent une ou plusieurs de ces limitations.

Restrictions de participation
Une personne sur quatre (25%) connaît, en raison d’un problème de santé, des limitations depuis au moins six mois dans les activités de la vie habituelle, comme par exemple préparer à manger, se rendre à son travail ou des activités plus générales comme se former, élever des enfants ou participer à des associations. Ces limitations d’activité restent le plus souvent légères: seuls 5% de la population indiquent être fortement limités. Elles augmentent avec l’âge, en fréquence et en gravité (G4.46).

Les femmes déclarent plus souvent connaître des limitations d’activité depuis au moins six mois que les hommes (28% contre 22%). La différence concerne essentiellement les limitations légères. Les différences observées peuvent être reliées à des éléments de subjectivité (attention portée aux problèmes de santé et à leurs conséquences) mais aussi à des éléments objectifs: les femmes assument une plus grande variété d’activités que les hommes – professionnelles, familiales, bénévoles, etc. – et ont donc plus de probabilité d’être gênées par un problème de santé dans au moins une activité.
Personnes avec handicap
18% de la population de 15 ans et plus vivant à domicile peuvent être considérés en 2017 comme ayant un handicap au sens de la loi sur l’égalité pour les personnes handicapées (LHAND) (→ → glossaire ), soit environ 1 264 000 personnes (G4.47). Cette définition repose sur les autoévaluations à propos des limitations d’activité depuis au moins six mois présentées dans la section précédente. L’influence de l’âge et du sexe y est donc similaire: la part de personnes avec handicap augmente avec l’âge (de 8% parmi les 15 – 24 ans à 36% parmi les 85 ans et plus, avec un effet de palier juste après l’entrée en retraite) et les femmes sont davantage concernées que les hommes. Ces résultats sont comparables à ceux de 2012.
Parallèlement, 4,2% des enfants de 0 à 14 ans souffrent d’un handicap en 2017, selon les réponses des personnes interrogées dans le cadre de l’Enquête suisse sur la santé à propos des enfants vivant avec elles (G4.47). Ce chiffre a fluctué sans réelle évolution depuis 1992. En 2017, il correspond à 41 000 filles et 68 000 garçons. Pour une large majorité des cas (85%), le handicap n’a qu’une influence nulle à modérée sur l’aptitude de l’enfant à fréquenter l’école ou à entreprendre d’autres activités habituelles pour des enfants du même âge.

Type de handicap
Les personnes avec handicap vivant à domicile indiquent dans trois quarts des cas que le problème de santé qui les limite dans leurs activités a une cause physique (G4.48). Les problèmes ayant une cause psychique, mixte ou autre (catégorie pouvant correspondre aux handicaps sensoriels par exemple) ne concernent donc qu’une minorité. En cas de limitations fortes, les causes psychiques sont un peu plus fréquentes. Parmi les enfants aussi, les causes physiques dominent, mais moins nettement que parmi les adultes (deux enfants avec handicap sur cinq). Les autres causes pouvant être indiquées (sensorielles, mentales ou liées à des troubles du comportement) regroupent chacune environ un enfant avec handicap sur cinq. En cas de handicap ayant une influence forte sur la vie de l’enfant, ce sont les causes mentales qui dominent: elles touchent un enfant sur deux dans cette situation.

4.9 Accidents
Les accidents sont une des principales causes de mortalité prématurée ainsi qu’un motif important d’hospitalisation (→ chapitre 4.1 ). Dans la mesure où ils sont potentiellement évitables, ils constituent un enjeu majeur de santé publique et de prévention. Il est habituel de distinguer quatre grandes catégories d’accident, selon les circonstances de leur déroulement: accidents du travail, de la circulation routière, de sport et, enfin, dans l’habitat ou durant les loisirs.
Accidents du travail
Près de 269 000 personnes actives professionnellement ont été victimes en 2017 d’un accident professionnel (les accidents non déclarés à l’assurance-accidents ne sont pas répertoriés). C’est près de 12 000 de plus (+4%) qu’en 2003 (G4.49). Durant la même période, le nombre de personnes actives occupées a crû de plus d’un cinquième. Cette croissance moins rapide des accidents professionnels que de l’emploi peut s’expliquer à la fois par les modifications structurelles du marché de l’emploi (baisse de l’emploi dans le secteur secondaire, où le risque d’accident est plus élevé, et hausse de l’emploi dans les services) et par les effets des politiques de prévention.

Les hommes ont été en 2017 presque trois fois plus nombreux à être victimes d’accidents professionnels que les femmes (198 971 contre 69 866). Le taux d’activité plus élevé des hommes et leur présence dominante dans les branches où le risque d’accident professionnel est le plus élevé, comme la construction, expliquent une partie de cette différence. Le nombre d’accidents professionnels dont sont victimes les hommes est en léger recul depuis 2011 (–5%), alors que chez les femmes le nombre d’accidents professionnels est en hausse sur toute la période (+30% entre 2003 et 2017).
Accidents de la circulation routière
17 799 accidents de la route ayant occasionné des dommages corporels ont été enregistrés par la police en 2017. Ils ont causé le décès de 230 personnes; 3654 autres personnes ont été grièvement blessées et 17 759 légèrement. Les estimations du Bureau de prévention des accidents (BPA), tenant compte de l’ensemble des accidents de la route (enregistrés ou non par la police), évaluent le nombre de blessés à quelque 82 000 en 2015, dont plus de 80% de blessés légers.
Depuis le début des années 1970, le nombre de tués et de blessés graves de la route n’a cessé de reculer (G4.50). Cette amélioration continue de la sécurité routière s’explique par la mise en œuvre d’un ensemble de mesures d’ordre juridique, technique et pédagogique, comme les limitations de vitesse, la baisse des valeurs limites pour le taux d’alcoolémie, le port obligatoire des ceintures de sécurité, les améliorations dans les techniques des véhicules, les améliorations du réseau routier ou encore le renforcement des mesures éducatives. Le risque de décéder d’un accident de la circulation est le plus élevé chez les jeunes adultes et, davantage encore, chez les personnes très âgées. Les hommes sont près de trois fois plus nombreux à décéder d’un accident de la circulation que les femmes.

Accidents de sport
Entre 2011 et 2015, quelque 412 210 personnes se sont blessées en moyenne chaque année lors d’accidents de sport. 30% des victimes de ces accidents avaient moins de 17 ans, alors que seuls 5% avaient 65 ans et plus. Les jeux de balle et le football en particulier (136 120 et 82 350 accidents, respectivement) ainsi que les sports d’hiver (90 880) sont les activités sportives lors desquelles se produisent le plus grand nombre de blessures (G4.51). Les sports de montagne sont ceux qui occasionnent le plus grand nombre de tués: 50 en moyenne annuelle entre 2008 et 2017, sur un total de 119 décès de personnes résidant en Suisse provoqués par des accidents de sport survenus sur le territoire national.

Accidents dans le cadre de l’habitat ou des loisirs
C’est dans le cadre de l’habitat ou des loisirs que le plus grand nombre de personnes se blessent accidentellement: 570 150 personnes par an en moyenne entre 2011 et 2015. 25% des victimes de ces accidents avaient moins de 17 ans, 22% 65 ans et plus. Les blessures provoquées par des chutes représentent 50% du total. Cette part augmente avec l’âge et atteint 70% chez les personnes âgées de 65 ans et plus (→ chapitre 4.12 pour les chutes chez les personnes âgées). Les chutes sont également la cause de 82% des décès provoqués par un accident dans l’habitat ou durant les loisirs (1953 décès au total en moyenne entre 2011 et 2015); 95% des victimes de ces chutes mortelles sont âgées de 65 ans et plus.
Hospitalisations
141 084 personnes ont été hospitalisées suite à un accident en 2017. À partir de 65 ans, le taux d’hospitalisation est plus élevé chez les femmes et il augmente fortement dès 75 ans (G4.52). Les chutes y contribuent certainement de manière importante. Jusqu’à 64 ans, c’est le taux d’hospitalisation des hommes qui est le plus haut. Les jeunes hommes de 15 à 24 ans, particulièrement exposés aux accidents de sport et de la circulation routière, se distinguent par un taux d’hospitalisation plus élevé.

4.10 Santé reproductive
La santé reproductive constitue un aspect important de la santé des femmes en âge de procréer. Le bon déroulement de la grossesse et de l’accouchement a également un impact considérable sur la santé des nouveau-nés (→ chapitre 4.11 ) et sur celle des individus tout au long de leur vie et donc, par conséquent, sur les coûts du système de santé.
Actuellement, les femmes ont en moyenne 1,5 enfant au cours de leur vie. Environ une femme sur cinq n’aura pas d’enfant durant sa vie. Cette proportion augmente avec le niveau de formation. Les femmes retardent également de plus en plus leur maternité. Si, en 1970, un tiers des femmes ayant accouché dans l’année avaient moins de 25 ans, elles sont une sur quinze en 2017. Dans le même temps, la proportion des femmes ayant donné naissance à l’âge de 35 ans et plus a quasiment triplé et elles constituent actuellement 32% des femmes qui accouchent (G4.53). En comparaison internationale, la Suisse est un des pays d’Europe où l’âge moyen des mères à la naissance de leur premier enfant est le plus élevé (30,7 ans en 2017). Le fait que les femmes choisissent d’avoir des enfants plus tard a bien entendu certains effets comme une baisse de la fertilité et l’augmentation de certains risques comme les grossesses gémellaires spontanées ou les anomalies chromosomiques. En 2017, 2,8% des femmes entre 15 et 49 ans ayant participé à l’enquête suisse sur la santé ont dit être enceintes.

L’immense majorité des accouchements (97%) ont lieu à l’hôpital. Les autres se déroulent dans une maison de naissance, à domicile ou à l’étranger. Deux tiers des accouchements ayant lieu à l’hôpital sont des accouchements vaginaux, dont un sur six avec l’aide d’une ventouse ou de forceps. Un tiers des accouchements ont lieu par césarienne. La proportion de naissances par césarienne dans les hôpitaux de Suisse s’est stabilisée après avoir augmenté de manière régulière ces dernières années, passant de 22,7% en 1998 à 32,3% en 2017. Le recours à une césarienne varie considérablement d’une région à l’autre. Pour la période 2013 – 2017, 21,5% des naissances sont concernées dans le Jura, contre près du double dans d’autres régions de Suisse (G4.54).

Après avoir régulièrement augmenté entre 2004 et 2010, le nombre de femmes recourant aux méthodes de fécondation extra-utérine de la procréation médicalement assistée (PMA) a faiblement diminué, alors que le nombre d’enfants nés suite à une telle procédure a légèrement augmenté (G4.55). En 2017, plus de 2% des enfants sont nés grâce à une PMA.

La contraception est largement utilisée en Suisse. En 2017, 78% des personnes de 15 à 49 ans ayant eu au moins un ou une partenaire dans les 12 derniers mois ont dit qu’eux-mêmes ou leur partenaire utilisaient un moyen de contraception. Le préservatif est mentionné comme moyen de contraception par un tiers des personnes de 15 à 49 ans sexuellement actives et la pilule par 27%, dont 9% en combinaison avec le préservatif (G4.56). 9% ont dit qu’elles ou leur partenaire avaient choisi la stérilisation (ligature ou vasectomie). La stérilisation concerne avant tout des personnes de 35 ans et plus.

Le recours à l’interruption de grossesse est faible en comparaison internationale. Depuis 2004, le taux d’interruption de grossesse a régulièrement diminué pour atteindre en 2017 6,2 interruptions de grossesse pour 1000 femmes entre 15 et 44 ans. Chez les adolescentes de 15 à 19 ans résidant dans notre pays, ce taux était de 3,3 ‰ en 2017.
Les contrôles gynécologiques permettent notamment de procéder au frottis (dépistage de stades précurseurs du cancer du col de l’utérus) et de vérifier la santé des organes génitaux. Six femmes sur dix ont consulté un ou une gynécologue au cours des douze derniers mois (G4.57). Les femmes de moins de 40 ans sont celles qui consultent le plus, alors que seuls 39% des femmes de 60 ans et plus ont consulté dans les douze derniers mois. On constate aussi que plus une femme a un niveau de formation élevé, plus elle consulte fréquemment. Ces effets de l’âge et de la formation s’observent également pour le recours au frottis.
4.11 Nouveau-nés
L’état de santé des enfants à la naissance a une influence déterminante sur leurs chances de survie durant les premiers mois de vie ainsi que sur leur santé future. Après avoir fortement diminué durant des décennies, la mortalité infantile a poursuivi ces dernières années son recul de manière plus lente, pour se situer en 2017 à 3,5 décès d’enfants de moins de 1 an pour 1000 naissances vivantes (G4.58). Ces décès se concentrent de plus en plus durant les heures et les jours suivant la naissance. Parmi les 310 décès d’enfants de moins de 1 an qui ont été enregistrés en 2017, plus de la moitié ont eu lieu durant les 24 heures suivant la naissance. Les décès infantiles concernent avant tout des enfants avec un très faible poids de naissance ou nés avec une prématurité importante (les deux étant souvent liés). Les naissances avant 28 semaines représentent ainsi 0,4% des naissances vivantes, mais un peu plus de 50% des cas de mortalité infantile.

En 2017, 7,0% des enfants sont nés prématurément, c’est-à-dire avant 37 semaines révolues de gestation. Une naissance prématurée peut se produire spontanément, en lien avec de nombreux facteurs de risque (hypertension, infection chez la mère, rupture prématurée de la poche des eaux, mère très jeune ou âgée, tabagisme, ...). Elle peut également être provoquée pour raison médicale, lorsque la poursuite de la grossesse est plus risquée que la naissance avant terme. La prématurité est particulièrement fréquente lors de naissances gémellaires: 60% d’entre elles se produisent en effet avant terme. En comparant la répartition des naissances selon l’âge gestationnel, on remarque que les naissances multiples interviennent en moyenne 3 semaines plus tôt que les naissances simples (G4.59).

Aujourd’hui, on compte plus de 36 naissances multiples pour 1000 naissances vivantes (soit 18 grossesses sur 1000), ce qui correspond à un doublement depuis 1970. Cette évolution s’explique par l’élévation de l’âge des mères et par le recours plus fréquent à la médecine de la reproduction (→ chapitre 4.10 ).
La proportion de naissances de faible poids est également en augmentation et les naissances de moins de 1000g enregistrées comme vivantes ont presque triplé en trente ans (G4.60). Les enfants issus de naissances multiples sont plus légers que ceux de naissances simples (2327g contre 3331g en 2017) tout comme les enfants prématurés (2261g contre 3371g en 2017). Le poids des nouveau-nés augmente en moyenne d’environ 130g par semaine entre la 22e et la 32e semaine de gestation, puis d’environ 230 à 250g par semaine supplémentaire.

Le recours au dépistage prénatal permet de détecter certaines malformations congénitales et anomalies chromosomiques et aboutit, dans certains cas, à une interruption de grossesse. Cela entraîne une réduction du nombre de malformations congénitales et d’anomalies chromosomiques enregistrées à la naissance (T4.1). Les malformations congénitales et anomalies chromosomiques sont à l’origine de plus d’un tiers des décès d’enfants de moins de 1 an en 2016.
Quelques malformations chez les nouveau-nés vivants, période 2013 – 2017T 4.1
Détectées à la naissance (naissances à l’hôpital ou dans certaines
Malformations et anomalies chromosomiques | Nombre de cas | Proportion d’enfants concernés |
---|---|---|
Malformations congénitales cardiaques | 2 367 | 1/178 |
Chez le garçon, méat urinaire sur la face inférieure du pénis (Hypospadias) | 1 017 | garçons: 1/213 |
Fissure de la lèvre supérieure ou absence de soudure de la voûte du palais (Fente labiale et/ou palatine) | 526 | 1/802 |
Trisomie 21 (Syndrome de Down) | 341 | 1/1 237 |
Trisomie 18 ou 13 (Syndrome d’Edwards ou de Patau) | 44 | 1/9 586 |
Absence de fermeture postérieure de la colonne vertébrale (Spina bifida) | 64 | 1/6 590 |
Source: OFS – Statistique médicale des hôpitaux (MS)
© OFS 2019
4.12 Personnes âgées
L’espérance de vie augmente depuis des décennies et, en 2017, 18,3% de la population (1,6 million) étaient âgés de 65 ans et plus. Néanmoins, l’état de santé des personnes âgées reste très hétérogène, non seulement du point de vue de l’âge et du sexe, mais également selon le lieu de vie. En 2017, 8% des personnes de 65 ans et plus (116 508) ont fait un séjour de longue durée dans un établissement médico-social (EMS), c’est-à-dire une maison pour personnes âgées ou un home médicalisé. Avec l’âge, la proportion de résidents en EMS augmente sensiblement (G4.61). Elle est la même selon le sexe jusqu’à environ 80 ans, puis les femmes sont proportionnellement plus nombreuses que les hommes. Sept personnes sur dix vivant en EMS sont des femmes (71%).

Quatre personnes âgées sur dix vivant en ménage privé (les personnes en EMS ne sont pas prises en compte dans ce qui suit) sont restreintes ou fortement limitées depuis au moins six mois dans leurs activités habituelles en raison d’un problème de santé. Ces limitations augmentent avec l’âge: la part des personnes concernées passe de 37% parmi les 65 – 79 ans à 50% chez les 80 ans et plus.
Les limitations fonctionnelles (affectant la vue, l’ouïe et la locomotion) augmentent également avec l’âge. Les problèmes de vue et/ou d’ouïe doublent avec l’âge, passant de 2% chez les 65 – 79 ans à 4% chez les 80 ans et plus. 14% des personnes de 65 ans et plus portent un appareil auditif mais 6% d’entre elles ne peuvent néanmoins pas suivre une conversation à laquelle participent au moins deux personnes. Les problèmes de locomotion passent de moins de 2% chez les 65 – 79 ans à 8% chez les 80 ans et plus.
Une personne âgée rencontre des problèmes d’autonomie lorsqu’elle n’est plus capable d’accomplir sans aide une série d’activités, comme préparer les repas, téléphoner, faire des achats, la lessive, des travaux ménagers, les comptes ou utiliser les transports publics. 16% des personnes de 65 ans et plus vivant en ménage privé ont beaucoup de difficulté ou sont incapables d’accomplir au moins une de ces activités. Les personnes de 80 ans et plus sont presque trois fois plus nombreuses à être dans ce cas que celles entre 65 et 79 ans (32% contre 11%; G4.62). Cette perte d’autonomie s’aggrave encore lorsqu’une personne rencontre des difficultés à accomplir, sans aide extérieure, des gestes élémentaires de la vie quotidienne comme manger, s’habiller, aller aux toilettes, se laver ainsi que se lever, s’asseoir et se coucher. 3% des personnes de 65 ans et plus vivant en ménage privé sont limitées dans au moins l’une de ces activités de la vie quotidienne. Il n’y a pas de différence importante selon le sexe. La part des personnes concernées passe de 2% entre 65 et 79 ans à 6% dans le groupe de 80 ans et plus.
Les chutes constituent une part importante des accidents, particulièrement chez les personnes âgées (→ chapitre 4.9 ). 26% des personnes âgées de 65 ans et plus vivant en ménage privé sont tombées au moins une fois sur une période d’une année. Parmi les personnes ayant chuté, 13% l’ont fait en raison de vertiges et 34% ont chuté plusieurs fois (G4.63), sans distinction de sexe. Les personnes de 80 ans et plus chutent davantage que les 65 – 79 ans (33% contre 24%).


77% des personnes âgées consomment au moins un médicament par semaine, les hommes dans la même proportion que les femmes. Cette part est de 74% chez les personnes de 65 – 79 ans et passe à 86% chez les 80 ans et plus. 45% des aînés prennent des médicaments contre l’hypertension et un quart des antidouleurs (26%) ou des médicaments contre le cholestérol (26%). La consommation de médicaments diffère selon le sexe. Les hommes sont plus nombreux que les femmes à prendre des médicaments contre le cholestérol (31% contre 22%), pour le cœur (26% contre 18%) et contre le diabète (12% contre 7%), tandis que les femmes prennent davantage d’antidouleurs (31% contre 19%), de somnifères (14% contre 6%), de médicaments contre l’ostéoporose (12% contre 2%), de calmants (8% contre 4%) et d’antidépresseurs (7% contre 4%). Parmi une liste de neuf médicaments, les personnes âgées consomment en moyenne 1,6 médicament par semaine. Cette moyenne augmente avec l’âge.
4.13 Personnes migrantes
En 2017, la population issue de la migration, c’est-à-dire les personnes ayant immigré et celles dont les parents ont immigré (membres de la 2e génération), représentait 37,2% de la population résidante permanente de 15 ans et plus, dont un peu plus d’un tiers ayant acquis la nationalité suisse. Il est important de savoir si cette population est confrontée à des problèmes particuliers en termes de santé ou de recours aux soins. La population issue de la migration est très hétérogène, notamment en termes de structure par âge, de conditions de vie dans le pays d’origine, de culture, de durée de séjour en Suisse et de statut, de niveau de formation et de profession exercée, de revenus ou d’expérience éventuelle de discriminations en Suisse. Ces différences portent sur des caractéristiques qui sont de puissants déterminants de la santé. Les données présentées ici se réfèrent aux personnes de nationalité étrangère qui ont une autorisation d’établissement en Suisse. Pour une meilleure lisibilité, les pays d’origine ont été regroupés en 4 régions (→ glossaire ). Les personnes ne maîtrisant pas suffisamment bien une des langues nationales ou ayant un autre statut de séjour n’ont pas pu être interrogées. Les résultats ne peuvent donc pas être généralisés à l’ensemble de la population migrante, en particulier aux personnes avec les statuts les plus précaires (requérants d’asile, personnes sans papiers).
État de santé
Parmi les personnes de nationalité étrangère, celles originaires de l’Europe du Sud-Ouest ainsi que de l’Europe du Sud-Est et de l’Est, déclarent moins souvent que les Suissesses et les Suisses que leur santé est bonne ou très bonne (G4.64). Dans la catégorie d’âge la plus jeune (les moins de 40 ans), les différences sont encore peu marquées. Elles augmentent avec l’âge. L’évaluation de l’état de santé est toutefois influencée par les systèmes de valeurs culturels, ce qui rend plus difficile l’interprétation des différences entre nationalités. On constate cependant que la population étrangère, des deux sexes, est moins touchée par les problèmes de santé de longue durée (G4.65). Les immigrés récents, en particulier, présentent moins souvent des problèmes de santé de longue durée que les personnes de nationalité suisse.


Les problèmes psychiques sont par contre plus fréquents chez les personnes de nationalité étrangère, à l’exception de celles originaires de l’Europe du Nord et de l’Ouest, que chez celles de nationalité suisse (G4.66). Une personne sur quatre originaire d’Europe du Sud-Ouest, ainsi que d’Europe du Sud-Est et de l’Est ou encore de pays extra-européens souffre de détresse psychologique moyenne ou élevée. Chez les femmes originaires d’Europe du Sud-Ouest, la proportion s’élève même à une sur trois. Des symptômes de détresse psychologique sont d’autant plus fréquents que les personnes de nationalité étrangère ont une formation dont le niveau ne dépasse pas celui de l’école obligatoire. Le recours aux soins en raison de problèmes psychiques n’en est pas pour autant plus élevé. Les personnes de nationalité étrangère peuvent aussi moins compter sur un soutien social que la population de nationalité suisse et elles ont plus souvent le sentiment de manquer de maîtrise de leur vie. Il en va ainsi de tous les ressortissants étrangers, quelle que soit leur durée de séjour en Suisse, à l’exception des personnes originaires d’Europe du Nord et d’Europe de l’Ouest. De manière générale, la détresse psychologique augmente lorsque diminue le soutien social ou le sentiment de maîtrise de la vie, que les personnes soient de nationalité suisse ou de nationalité étrangère.

Le risque d’être en surpoids et, surtout, obèse est particulièrement élevé chez les personnes originaires d’Europe du Sud-Ouest, ainsi que d’Europe du Sud-Est et de l’Est (G4.67). L’écart avec les Suisses se creuse avec l’âge. Les personnes venant d’Europe du Nord et d’Europe de l’Ouest sont en revanche un peu moins touchées par le surpoids et l’obésité que les Suissesses et les Suisses.

Ces quelques indicateurs de l’état de santé mettent donc en évidence des situations différentes selon le groupe de population migrante:
– Les personnes d’Europe du Nord et d’Europe de l’Ouest ont une position socioéconomique supérieure à celle des ressortissants suisses. De plus, environ un cinquième d’entre elles vit depuis moins de cinq ans en Suisse et leur état de santé est souvent meilleur que celui des personnes de nationalité suisse.
– Les personnes originaires d’Europe du Sud-Ouest et d’Europe du Sud-Est et de l’Est ont respectivement 5 ans et 9 ans de moins que les ressortissants suisses. Cela pourrait expliquer que ces populations, les hommes en premier lieu, souffrent relativement peu de problèmes de santé de longue durée, bien que leur niveau de formation soit globalement bas. C’est une illustration du phénomène bien connu que les personnes qui immigrent sont souvent jeunes et en bonne santé (healthy migrant effect).
– Avec l’âge, l’écart entre la population de nationalité étrangère et celle de nationalité suisse se creuse. L’état de santé des personnes de nationalité étrangère âgées et vivant en Suisse depuis longtemps est nettement moins bon, exception faite de celui des personnes originaires d’Europe du Nord et d’Europe de l’Ouest. On peut identifier ici l’effet d’un gradient social en santé. Une grande partie de la population de nationalité étrangère appartient souvent aux couches sociales inférieures, que ces dernières soient mesurées par le niveau de formation ou par le revenu. À cela s’ajoute un lien entre la migration, d’une part, et le manque de soutien social et une détresse psychologique plus élevée, d’autre part.
Recours aux soins
Il n’y a, en règle générale, pas de différence significative selon la nationalité dans la part des personnes ayant consulté au moins une fois un médecin sur une période d’une année. Il n’y a pas non plus de différence significative entre le nombre de visites médicales par patient selon la région d’origine (G4.68). On observe par contre des différences pour ce qui est du type de médecin choisi: comparées à la population de nationalité suisse, les personnes de nationalité étrangère, à l’exception de celles originaires d’Europe du Nord et de l’Ouest, consultent davantage les généralistes que les spécialistes.

Les femmes originaires d’Europe du Sud-Ouest (24%) et de l’Europe du Sud-Est et de l’Est (22%) se rendent nettement plus souvent que les Suissesses (16%) aux urgences d’un hôpital, dans un service ambulatoire d’un hôpital ou dans une policlinique. On ne relève toutefois pas de différence significative entre ces deux populations dans le nombre de consultations par patient en raison d’une urgence imprévue.