9 Analyse comparative des indicateurs UDEMO

Plusieurs indicateurs de la démographie des entreprises ont jusqu’ici permis d’examiner la «performance» selon différentes dimensions structurelles de l’économie (branches, classes de taille et régions). Il n’est toutefois pas évident d’apprécier le dynamisme global des entreprises; pour une même branche ou région, certains indicateurs sont positifs alors que d’autres sont moins bons. Ce chapitre cherche à franchir un pas supplémentaire dans l’analyse de la démographie des entreprises avec pour but de dégager des tendances homogènes en utilisant différents indicateurs et d’interpréter la performance générale des branches, grandes régions et cantons.

L’analyse prend en compte trois indicateurs: le taux de création d’entreprises, le taux de survie à 3 ans (moyen terme) et le taux d’entreprises à forte croissance. Les deux derniers indicateurs couvrent la période de 2014 à 2017. Par soucis de cohérence, le taux de création se réfère à l’année 2014 afin d’avoir la même année de départ pour les trois indicateurs et de garantir ainsi une meilleure comparabilité des données. On peut ainsi suivre l’importance des nouvelles entreprises créées en 2014 dont l’évolution sur 3 ans (taux de survie en 2017) peut être mise en perspective par rapport aux entreprises à forte croissance déjà existantes en 2014.

Les données sur les taux de fermetures ont été exclues de cette analyse, car elles ne couvrent pas la même période de référence. La dimension «classes de taille» n’a pas non plus été retenue, car la comparaison des trois indicateurs serait difficilement interprétable. En effet, la statistique sur les entreprises à forte croissance ne considère que les unités avec plus de 10 emplois, alors que très peu d’unités de cette taille sont recensées dans la statistique des nouvelles entreprises.

Le principe de la comparaison est relativement simple et consiste, pour les trois indicateurs choisis, à analyser l’écart en points de pourcentage par rapport à la valeur suisse. L’utilisation de cette mesure de tendance, notamment lorsque tous les indicateurs sont cohérents et vont dans le même sens, permet de renforcer ou de nuancer l’ampleur du dynamisme dans une branche, grande région ou canton sur la période de 2014 à 2017. À noter que les ordres de grandeur ne sont pas les mêmes pour les trois indicateurs. Si la valeur du taux de survie à 3 ans s’élève à 59,3% pour l’ensemble de l’économie, il est tout à fait évident que les écarts seront plus importants pour cet indicateur que pour les taux de création ou les taux d’entreprises à forte croissance, dont les valeurs pour la Suisse sont de 7,9% respectivement 6,9%. L’intérêt n’est donc pas tant la quantification des écarts, mais plutôt les tendances des indicateurs, par exemple en constatant si toutes les observations sont supérieures à la valeur suisse.

9.1 La branche «activités immobilières et de services» particulièrement dynamique sur la période 2014–2017

Sur la période de 2014 à 2017, les secteurs économiques ont des profils opposés. Si le taux de survie à moyen terme est identique dans les deux secteurs et est égal à la valeur nationale, le secteur secondaire présente des valeurs inférieures à celles pour la Suisse pour les deux autres indicateurs (taux de création: –2,4 points de pourcentage; taux d’entreprises à forte croissance: –2,0 points de pourcentage), alors que les valeurs pour le tertiaire sont toujours légèrement supérieures (taux de création: +0,5 points de pourcentage; taux d’entreprises à forte croissance: +0,9 points de pourcentage).

Au niveau des branches, l’«enseignement», les «activités spécialisées et scientifiques», les «activités financières et assurances» et les «activités immobilières et de services» affichent trois valeurs au-dessus du niveau suisse. La branche des «activités immobilières et de services» a été particulièrement dynamique, avec notamment un écart positif de 4,1 points de pourcentage pour le taux d’entreprises à forte croissance et de 2,6 points de pourcentage pour le taux de survie à moyen terme.

Inversement, au regard des trois indicateurs retenus, l’«hébergement et restauration», le «commerce et réparations» et l’«industrie et énergies» sont les branches les moins performantes, avec un triple résultat négatif. C’est surtout dans l’«hébergement et restauration» que les valeurs s’écartent le plus du niveau suisse, avec par exemple un écart de –11,5 points de pourcentage pour le taux de survie à moyen terme et de –4,4 points de pourcentage pour le taux de création.

Toutes les autres branches se caractérisent par des tendances hétérogènes. Il est intéressant de constater que dans ces branches, on observe une corrélation entre le taux de création et le taux de survie à moyen terme: celles qui ont un taux de création supérieur à la valeur suisse ont un taux de survie à moyen terme inférieur à la valeur suisse, et vice-versa. C’est par exemple le cas des «arts et activités récréatives» (taux de création: +2,8 points de pourcentage; taux de survie à moyen terme: –3,8 points de pourcentage). Ces branches se distinguent donc par un bon dynamisme en termes de créations de nouvelles entreprises qui toutefois ont une plus grande vulnérabilité à moyen terme. D’autres branches, par contre, ont un taux de création de nouvelles entreprises plus faible, mais cependant une fois créées les entreprises ont tendance à survivre plus longtemps.

9.2 Les entreprises tessinoises et zurichoises sont les plus vigoureuses

Quatre grandes régions affichent des tendances claires avec toutefois des profils opposés. D’un côté, on retrouve le Tessin et Zurich, qui présentent un écart positif par rapport à la valeur suisse pour tous les indicateurs. Leur profil est similaire, même si pour le Tessin les écarts sont toujours plus grands que pour Zurich. De l’autre côté, il y a également un binôme composé par la Suisse orientale et l’Espace Mittelland. Dans ces régions, tous les écarts sont négatifs. Ceux pour les taux de survie sont plus importants que ceux pour les deux autres indicateurs, qui restent relativement équilibrés, c’est-à-dire proches du niveau suisse.

9.3 Huit cantons dans une situation moins favorable

Au niveau cantonal, la situation est très hétérogène. Très peu de cantons ont des valeurs supérieures au résultat suisse simultanément pour les trois mesures références. Cette configuration s’observe uniquement à Zurich, à Appenzell Rhodes-Intérieures et au Tessin. Dans huit cantons, c’est le phénomène inverse qui se produit. Les écarts sont cohérents et vont dans le même sens avec partout des taux inférieurs à celui du niveau suisse. Dans les autres cantons, aucune tendance ne se dessine et il y a un mix de taux supérieurs et inférieurs par rapport aux valeurs nationales.